Voyage en Arabie Saoudite ! « J’y vais, je n’y vais pas ? »

"toutes ces choses qui font qu’en 2023 certaines décisions, comme celles de voyager, ne sont plus anodines et interrogent notre conscience"

« J’y vais, je n’y vais pas ? », tel fût mon dilemme lorsque mon ami Quentin DESURMONT m’invita, en tant que membre du Luxury Lab de Serandipians & Takumians by Traveller Made , à participer à un voyage en Arabie Saoudite . Après Londres au Savoy et Marrakech au Royal Mansour Marrakech , cette nouvelle invitation soulève beaucoup plus d’interrogations ! Les miennes bien sûr mais, comme si elles n'étaient pas suffisantes, également celles de mon entourage. Certainement celles qui vous viennent à l’esprit en me lisant. Et lorsque je parle d’interrogations, je parle en fait d’un mélange subtil (ou pas) d’injonctions sociétales, de conscience personnelle, d’a priori tenaces, de faits avérés, d’infos et d’intox, de propagandes, de bien "pensance"… bref de toutes ces choses qui font qu’en 2023 certaines décisions, comme celles de voyager, ne sont plus anodines et interrogent notre conscience et notre vision du monde pour le meilleur et pour le pire.

Dans ces moments une décision s’impose, la mienne fût d’accepter, arguant auprès de mon entourage et de ma conscience, comme l’auteur Carlo Goldoni, que « Celui qui n’a pas quitté son pays est plein de préjugés », pratique et tellement vrai.

Je m’autorise une ellipse temporelle dans mon récit, pour vous livrer directement mon ressenti dans l’avion de retour. Aussi, ne m’en voulez pas, mais je ne décrirai pas toutes les rencontres, les découvertes, les chocs, les discussions, les images, les odeurs, les saveurs, les doutes, les expériences, les surprises, qui font que loin d’être des vacances, ces 6 jours furent un véritable voyage au sens littéral du terme.

"si ce pays n’avait pas été l’Arabie Saoudite, je n’aurais pas eu ces doutes lors de ma prise de décision, mais surtout je n'aurais pas été autant en éveil"

En très peu de temps, je me suis confronté à tellement de choses, avec délectation je l’avoue, sorte de plaisir aussi bien intellectuel, qu’émotionnel à tout prendre, et tout recevoir, que je reviens foncièrement changé, transformé dans ma vision du monde, moins ignorant, moins obtus, moins naïf, plus instruit, plus riche, plus nuancé, plus optimiste, même si je ne suis pas moins inquiet sur de nombreux sujets qui dépassent largement l'Arabie Saoudite (mais c'est un autre sujet). Je pense que si ce pays n’avait pas été l’Arabie Saoudite, je n’aurais pas eu ces doutes lors de ma prise de décision, mais surtout je n'aurais pas été autant en éveil. Des voyages, j’en ai fait quelques-uns, mais là, j’y suis allé avec une ouverture d’esprit décuplée, un sens critique plus aiguisé, un œil plus observateur, une oreille plus a l’écoute. Je ne savais pas ce que j’allais vivre, volontairement je ne m’étais ni plongé dans le programme, ni dans aucune description politique, économique, historique ou touristique de l’Arabie Saoudite, j’étais ce que j’appellerais en mode "réceptif critique".

"mais c’est surtout un pays qui bouge, qui s’ouvre à un rythme vertigineux malgré le rythme paisible de la vie quotidienne"

L’Arabie Saoudite que j’ai découverte n’est ni la vraie Arabie Saoudite au quotidien de ses 36 millions d'habitants (dont 65% a moins de 30 ans), ni celle que son ministère du tourisme ouvre et présente au monde, ni celle qui est décrite par les ONG, les médias, les influenceurs, ni celle qui s’était forgée dans mon esprit après ingurgitation inconsciente de toutes ces images, infos, stéréotypes depuis de longues années. C’est un mélange d’un peu tout ça. Mais c’est surtout un pays qui bouge, qui s’ouvre à un rythme vertigineux malgré le rythme paisible de la vie quotidienne. La route est encore longue, très longue, mais si la transformation des mentalités, qui commence a s'opérer visiblement, est aussi rapide et mobilise autant de moyens et d'énergie (dans tous les sens du terme) que celle de l'économie, des infrastructures, du tourisme, de l'agriculture...  je vous invite a être optimiste et réviser régulièrement votre jugement sur ce pays dans les prochaines années et pourquoi pas à aller, comme moi, vous confronter (ne tardez pas) à cette autre réalité qui nous en apprend autant sur EUX, leur histoire, leur culture, leur quotidien, leurs richesses (autres que le pétrole), leurs croyances... que sur nous.

"pour moi, un voyage n’est pas une Vacance mais une Présence"

Le voyage idéal n’existe pas, il peut être lointain (avec modération) ou devant notre porte, mais ma certitude c’est que le voyage le plus essentiel, outre le voyage intérieur, n'est pas celui qui nous pousse comme les algorithmes des réseaux sociaux vers ce qui nous rassure, ce qui nous conforte, ce qui renforce nos convictions, ce qui nous donne superficiellement bonne conscience et améliore notre image (surtout sur les réseaux), mais bien celui qui nous confronte, qui nous ouvre, qui fait vaciller nos certitudes et aiguise notre sens critique et notre curiosité. Pour moi, un voyage n’est pas une vacance mais une présence. Je continuerai à apprécier les "vacances" mais nul doute qu'après ce voyage j’apprécierai encore plus les "présences".

Merci Quentin Desurmont et tes équipes d'avoir pensé à moi pour le Luxury Lab lors dès sa création et de continuer à m'y accueillir ici et ailleurs dans l'esprit si inspirant de la #Serendipity animant Serendipians. Merci à tous mes amis du Luxury Lab, Simon Nyeck , Caroline Sarrot-Lecarpentier , Stéphane Galienni , Katja Graisse , Anne-Flore MAMAN LARRAUFIE, Ph.D. , Diana Nuber , Stanislas de Quercize , de m’avoir permis de vivre et d’expérimenter un tel voyage avec vous, enrichi à chaque instant par la confrontation de nos ressentis et de nos points de vue sur tant de sujets passionnants. Merci aussi à tous les Saoudiens et Saoudiennes croisés dans les rues, les hôtels, les déserts, les aéroports dont l’hospitalité sincère et désintéressée m’a encore plus touché que surpris. Merci à nos accompagnateurs et organisateurs toujours attentionnés et réactifs. Merci enfin à Bakor Al-Tayar qui sans jamais oublier sa mission et ses responsabilités a participé avec nous à ce voyage plus en tant que voyageur qu’organisateur, faisant continuellement le pont, quels que soient les sujets que nous abordions, entre son pays qu’il représente parfaitement et le notre qu'il connait si bien pour y être né y avoir grandi.

"J'y vais ou je n’y vais pas !" j'ai pris la bonne décision. Comme souvent la curiosité associée à une petite pointe d'audace est récompensée.