Vulnérabilité et leadership
Depuis maintenant plus d'un an, j'ai eu la chance d'occuper un poste de gestion incluant la supervision d'une petite équipe. Si j'ai tendance à cumuler des connaissances simplement pour le plaisir d'apprendre, j'ai tenté de profiter de cette nouvelle position pour expérimenter avec quelques notions et les éprouver dans un contexte pratique.
Je suis récemment tombé sur ces 2 épisodes, me fournissant l'idée pour ce billet, qui m'ont rappelé le concept général de vulnérabilité et à quel point, si livré d'une façon authentique, ce dernier peut produire un puissant effet et positionner favorablement le leader pour mieux guider son équipe.
- Start with vulnerabilty Table group par Patrick Lencioni
- John Maxwell—The Secret of My Success, Enter Leadership
Évidemment, se montrer vulnérable sans se montrer incompétent demande une certaine maîtrise de plusieurs habiletés communicationnelles. Je crois que ça explique en partie ma fascination et pourquoi j'ai eu envie de m'amuser autour de cette idée.
Moments pour exprimer librement son opinion
Il s'agit probablement du principe fondateur, particulièrement lorsqu'on travaille pour une compagnie dont la hiérarchie est établie de façon verticale. Qu'on le veuille ou non, nos employés ont généralement tendance à vouloir nous plaire et à ne pas nous partager tout commentaire pouvant mettre doute nos compétences, particulièrement devant les autres. Mais, comme on peut s'y attendre, ils n'hésiterons pas à s'en parler entre eux !
Peu importe la façon de s'y prendre, créer un contexte permettant à ses employés d'exprimer librement leur opinion à notre sujet a au moins 3 implications positives immédiates auxquelles je peux penser.
D'abord, nous avons un meilleur contrôle pour créer un environnement positif et constructif de discussion. S'il est impossible d'éteindre un feu, on devrait minimalement le contrôler ! Ensuite, reconnaissant notre biais d'auto-complaisance, nos employés, avec qui nous travaillons quotidiennement, sont dans une excellente position pour mettre en évidence nos points faibles. Et il ne faut jamais sous-estimer notre capacité à se mentir !
It’s one thing to lie to ourselves. It’s another thing to believe it.
Steven Pressfield, The War of Art
Comme notre position nous demande de donner régulièrement de la rétroaction, ce retour du balancier établit les fondations d'une confiance mutuelle et facilite sa croissance. Au final, ce message devant être martelé se fait progressivement mieux entendre : nous partageons un but commun de grandir en tant qu'équipe et nous avons besoin les uns des autres pour y arriver.
Reconnaître ses faiblesses
Tout en évitant de tomber dans la complaisance, ce qui ne produirait pas l'effet escompté, il y a effectivement un nette avantage à ne pas projeter une image omnipotente de nous. Évidemment, nous possédons certaines qualités et compétences nous ayant permis d'occuper notre poste actuel, mais prétendre ne pas avoir de faiblesses nuira, au final, à notre crédibilité et à la qualité de nos relations.
J'ai personnellement trouvé 2 avantages évidents à reconnaître ouvertement mes faiblesses, mises en évidence en recueillant l'opinion de mes employés. Par exemple, j'ai tendance à m'exprimer en termes généraux et à énoncer les principes entourant une tâche plutôt que de passer à travers les menus détails. Lorsque je partage une nouvelle directive, en mettant l'accent sur cette « faiblesse » communicationnelle, je peux d'une part encourager mon employé à me demander ultérieurement des précisions en cas de doute et, d'autre part, à mettre en valeur ses qualités spécifiques pour accomplir cette tâche. Ceci met en évidence notre synergie d'équipe et la raison d'être de notre collaboration. Accessoirement, il s'agit d'une d'excellente opportunité d'empowerment, car la tâche est sienne et je suis là pour offrir du soutien et une direction.
Demander de l'aide
Ces trois points s'imbriquent les uns dans les autres et celui-ci est directement une extension du précédent. Si vos employés ont su soulever certains de vos points faibles, ils possèdent possiblement quelques compétences minimales leur permettant de poser ce jugement. Évidemment, si un bon niveau de confiance a été préalablement établi, par le concept de vulnérabilité ou autres concepts relationnels, ils seront ravis de pouvoir vous aider et d'utiliser leurs forces à cet effet.
Il y a évidemment d'infinis variations pouvant illustrer cette technique. Personnellement, j'aime demander de l'aide pour ce qui est particulièrement important et j'ai toujours trouvé que le message envoyé était davantage significatif. J'ai clairement confié à mes employés, message martelé sur une base régulière, une tâche encore plus importante que ce qu'on retrouve dans la description de leur poste : ne pas me laisser faire d'erreurs.
Par exemple, juste avant un meeting de direction où j'aurai à présenter un projet pouvant avoir des répercussions sur notre département et leur travail, je vais en profiter pour leur demander de l'aide. Je vais parfois cibler un employé pour ses compétences spécifiques ou demander à tous d'identifier les faiblesses de ma présentation. Je n'hésite pas à me présenter comme faillible et à transformer ce potentiel succès individuel en une réussite collective.
Mot de la fin
Est-ce quelque chose que vous faites naturellement ? Exploitez-vous différentes facettes de cette même idée de vulnérabilité ? Pensez-vous que j'ai tort et qu'un leader devrait toujours paraître infaillible et omnipotent ? Peut-être n'aviez-vous jamais considéré cette perspective avant la lecture de ce billet ? Quoiqu'il en soit, n'hésitez pas à partager votre opinion ou une anecdote en lien avec la vulnérabilité et si vous croyez, tout comme moi, qu'elle a tout à fait sa place en entreprise et dans un contexte d'affaires.