Tu es française, algérienne, tu as grandi sur la West Coast et tu vis maintenant sur la East Coast… Comment ce côté multiculturel a-t-il influencé ta musique ? « J’ai grandi à San Francisco et là-bas, je me suis vraiment fait une grosse culture de rap West Coast et de R&B juste en écoutant la radio. Toute cette partie-là de la musique américaine, je l’ai un peu apprise toute seule. Après, comme ma maman est française, elle écoutait souvent de la variété à la maison. On avait aussi une chaîne de télé française et elle regardait beaucoup d’émissions musicales. Ça m’est bien resté. Mon père, lui, il écoutait souvent de la musique du Maghreb, algérienne… Je pourrais pas dire quels artistes exactement, mais je me souviens hyper bien des morceaux, des mélodies. Donc tout ça, ça m’est bien rentré dans le cerveau, vraiment très tôt. Dans ma musique, j’ai voulu mettre toutes ces cultures, rappeler mes origines. C’est pour ça qu’il y a des sonorités un peu arabes et quelques paroles en français. Je voulais vraiment l’exprimer, même si c’est pas très facile pour moi : j’ai pas une super maîtrise du français, je connais pas les mots d’argot. Je suis à 80 % seulement quand je parle en français (rires). Alors j’essaie d’être un peu romantique, en restant très simple, en disant des choses vraies, sans en faire trop. Poétique, quoi. » On te classe souvent comme une artiste R&B, mais on pourrait tout aussi bien te coller une étiquette carrément pop, voire alternative. Concrètement, comment tu te classerais musicalement ? « Je trouve que j’ai des tracks qui sont assez R&B, et d’autres plutôt alternative, ou pop ou acoustiques, ou bien expérimentales… Haha, c’est dur ! Je pense que j’ai énormément d’influences R&B dans ma voix, mais si j’ai choisi de classer l’album en pop, c’est parce que c’est vraiment un mélange. Comme c’est un genre de son un peu nouveau, les gens ont peut-être du mal à me trouver une catégorie ; mais comme moi, j’aime pas me mettre dans un genre, je vais dire que c’est "ce qu’on veut". (rires) C’est pas à moi de choisir, finalement. » Ça fait un peu plus d’un an qu’on te connaît et on sent que tu montes en puissance et en notoriété assez vite. Qu’est-ce que tu considères comme le moment où ta vie a changé, que ta carrière s’est lancée ? « Clairement, c’était en mai 2018. Ça faisait quatre ans que je bossais comme serveuse dans des restos, et là j’avais gagné un peu d’argent avec mes streamings, j’avais une tournée de cinq dates… J’ai dû démissionner de mon job et c’est pendant la tournée, entre Paris, Londres, New York et L.A. que j’ai pensé "Oh shit, ça y est, it’s real". Et là, j’ai su. » Tu as quand même sorti beaucoup de singles pendant toute cette période. Ça ne te fait pas peur de sortir un album d’un coup ? « D’abord, j’ai toujours eu super envie de sortir un album. Au début, forcément, j’ai fait que des singles parce que c’est tout ce que j’avais. Faire des morceaux, ça me prenait super longtemps quand j’ai commencé, alors dès qu’un titre était fini, je le mettais direct en ligne. Pour "High Highs", ça a pris des mois, ensuite "Blue", des semaines… Mais au bout d’un moment, on a commencé à aller beaucoup plus vite et j’ai commencé à garder pas mal de chansons de côté pour l’album. Parce qu’elles étaient spéciales, parce qu’elles s’intégraient bien dans ce que je voulais raconter sur le disque. Je voulais pas les sortir comme ça, j’attendais l’album. Alors oui, les chansons du disque peuvent être assez différentes, mais il faut le prendre comme un tout. L’album symbolise ma dernière année, depuis la sortie du premier single, et raconte mes histoires, tout ce qui s’est passé jusqu’à maintenant. Et puis c’est mon premier album, alors je voulais y mettre un peu de tout ce que je sais faire. Quand je ferai d’autres morceaux dans le futur, que ce soit de la chanson à la française avec une guitare, ou bien des trucs plus électro, on pourra se dire "Ah oui, mais dans son premier album, elle avait déjà montré qu’elle savait faire des trucs comme ça". L’idée était de bien montrer au monde que je suis pas coincée dans un genre, quoi, mais que tout va ensemble, que ça reste la même identité. » En parlant d’identité, sur l’album, il n’y a aucun featuring. Comment ça se fait ? « Tout simplement parce que j’ai bossé assez seule et c’est pas comme s’il y avait eu tout un tas de gens qui passaient dans le studio pour venir poser un feat. C’était un travail assez personnel. Et puis, sincèrement, je crois pas que ce soit si bizarre de faire un premier album sans featurings. J’ai vraiment envie de montrer qui je suis. Si, après, il y a des gens à qui ça plaît, qui veulent faire des remixes ou des featurings, carrément. Mais je veux que ce soit naturel surtout, que ce soient des gens qui aiment ma musique. » High Highs to Low Lows, c’est ton premier single, mais c’est aussi le titre de ton premier album. Ça veut dire quoi pour toi ? « Il y a un peu deux côtés dans l’album. Il y a le côté High avec des titres très fun, assez optimistes, pas sérieux. Et puis y a le côté plus Low, avec des chansons un peu tristes, plus personnelles, comme « Here to Stay », « Summers in Vegas » ou « Beaucoup ». C’est des chansons mélancoliques, pensives. Et puis à la fin, y a le titre "Out the Bottle", qui commence super optimiste, assez High, et puis à la fin… ça redescend. Donc l’album, c’est pas seulement des High Highs et des Low Lows qui s’enchaînent, c’est un tout, un mélange. Mes Highs et mes Lows. »
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