Selon Alex Kapranos, chanteur depuis les débuts de Franz Ferdinand, la peur pourrait bien être la plus grande source d’énergie renouvelable inexploitable sur la planète. Le groupe emblématique de l’ère millénaire espère qu’en fonçant tête baissée vers ce qui nous effraie le plus, on pourrait peut-être, juste peut-être, accéder à une force cachée de l’autre côté. « Je pense qu’on a tous et toutes des peurs en nous, des peurs auxquelles on fait face à différents moments de notre vie », a confié Kapranos à Hanuman Welch d’Apple Music. « Et la façon dont on réagit à ces peurs nous apprend qui on est vraiment. La peur n’est pas nécessairement une mauvaise chose. Elle est associée à certaines des plus grandes choses que vous ferez dans votre vie. Pensez au fait d’inviter quelqu’un à sortir : ça demande de surmonter une bonne dose de peur. Oui, je crois que c’est un regard fascinant sur qui on est. » L’introspection, Kapranos et Franz Ferdinand connaissent. The Human Fear arrive au sommet de la vague de nostalgie pour l’ère indie sleaze, marquée par un retour en force des années 2000. Pourtant, leur approche rigoureuse des tournées ne les a pas beaucoup ralentis depuis leur début fracassant avec leur premier album éponyme d’art rock, il y a deux décennies. Un changement d’alignement a également poussé la bande à retourner en studio, où les membres ont capturé une énergie hymnique sur le premier simple, « Audacious ». Ce morceau glam rock percutant sert de déclaration d’intention pour tout l’album, selon eux. « Je pense que l’esprit de la chanson incarne ce que devrait être la vie dans un groupe : quelque chose d’assez audacieux », a révélé le bassiste Bob Hardy. « Ça sert à rien de monter sur scène si c’est pas pour le faire de manière audacieuse. Si tu le fais pas à fond, alors qu’est-ce que tu fous là? » Cette énergie du « qu’est-ce que tu fous là? » a émergé naturellement lorsque la formation s’est retrouvée en studio. Bien sûr, une forme de zèle a déjà teinté la discographie du groupe, mais le quintette écossais a ici voulu s’assurer qu’il appuyait sur le bouton « Enregistrer » avec ses guitares déjà parfaitement accordées. « On a d’abord veillé à ce que les chansons soient des bangers, avant tout », a expliqué Hardy. « Après, on a rassemblé le groupe et appris à les jouer. Une grande partie de l’album a été enregistrée en live, donc c’est vraiment le son du groupe qui se donne à fond, et je pense que ça procure à l’album une énergie vraiment excitante. On dirait qu’on a du fun, et c’était vraiment le cas. » « J’ai entendu des histoires sur des groupes qui vont en studio et qui disent : “On a improvisé un peu en studio, et l’album est né comme ça.” Et parfois, ça s’entend », a ajouté Kapranos. « J’aime l’idée d’aller en studio quand t’as déjà des super morceaux et que tu sais comment les jouer. Je pense que c’est ce qui donne un bon album. »