Gordon Lightfoot

Les tumultueuses années 60 et 70 sont le théâtre de bon nombre de révolutions, et parmi les plus tranquilles d’entre elles, on compte l’ascension du folk. Gordon Lightfoot ajoute sa pierre à l’édifice en proposant un répertoire intemporel, à la fois sophistiqué et dépouillé. Les premières œuvres de l’artiste (né en 1938 à Orillia, en Ontario) s’inspirent de la musique sacrée, du classique, de la pop, du jazz et du country qu’il a entendus, puis interprétés de l’enfance à l’âge adulte entre son village natal, la Californie et la Grande-Bretagne. Mais le parcours en apparence tracé d’avance du grand voyageur prend une direction inattendue en 1963, quand il tombe sur du Bob Dylan. Une guitare acoustique, une voix sans artifices et de touchants récits : sur son premier effort éponyme paru en 1966, l’auteur-compositeur-interprète déploie ces éléments comme on trimballe un baluchon, avec légèreté et humilité. Le succès qu’il remporte dans sa patrie traverse bientôt la frontière, notamment avec l’émouvante « If You Could Read My Mind », inspirée par son divorce, puis l’album du même nom (1970), sur lequel des arrangements de cordes rehaussent les compositions du nomade devenu vedette. Entre Sundown (1974) et Solo (2020), son chant du cygne, il a érigé une imposante discographie ponctuée de textes forts et de poignants accords. Lightfoot est décédé en 2023, mais son folk reste avec nous.