Dan Rothman de London Grammar estime que le quatrième album du groupe pourrait bien sceller la fin de leur jeunesse. « Il y avait parfois comme une naïveté dans notre processus créatif qu’on a peut-être abandonnée avec cet album », explique le guitariste et claviériste à Apple Music. « Il y a eu des moments où on a testé une démarche un peu plus poussée. » Le majestueusement nommé The Greatest Love marque la fin d’une époque pour le trio de pop électronique, et le début d’une autre. Onze ans après que Rothman, la chanteuse Hannah Reid et le batteur et programmeur Dot Major aient fait leur apparition avec leur premier album If You Wait, The Greatest Love reflète le son d’un groupe qui a longuement cheminé, et acquis une grande sagesse par son expérience. L’écoute de l’album est une expérience somptueuse et enrichissante, entre bangers dansants minimalistes, folktronica contemplative, ballades plaintives au piano et de la pop indé douce et mélodieuse. Un élément déterminant de sa création a été le fait que le groupe ait pu disposer de son propre studio, installé dans une salle du Studio 13 de Damon Albarn, et qu’il ait pu travailler selon son propre calendrier. « On pouvait prendre une pause et y revenir », explique Major. « Avant, on réservait toujours un large créneau horaire dans un grand studio professionnel, mais cette fois, on a eu une liberté qu’on n’avait pas auparavant. On pouvait passer toute la journée à peaufiner un son bizarre, ce qu’on ne ferait jamais en studio parce que ça nous coûterait cher. » Selon Rothman, cette nouvelle approche a apporté un aspect imprévisible, qui a permis au trio de varier la façon dont il abordait chaque morceau, en travaillant tantôt en solitaire, tantôt à deux, tantôt à trois, en même temps. Il en résulte l’album le plus abouti de London Grammar à ce jour. Découvrez The Greatest Love, piste par piste, en compagnie de Rothman et Major. « House » Dan Rothman : « Ce morceau existe depuis un bon moment, mais il nous a fallu du temps pour en faire quelque chose de bien. Il y avait une démo initiale que j’avais faite avec Hannah et sur laquelle Dot a bossé, et on a aussi collaboré avec George FitzGerald, qui l’a encore améliorée, et Tim a aussi participé à ce travail. Plusieurs producteurs sont venus en renfort pour finir le morceau. La topline d’Hannah est tellement irrésistible que c’est un de ces morceaux qui nous est resté dans la tête. On s’est toujours dit que ce serait le point de départ de l’album. » « Fakest Bitch » Dot Major : « Les paroles d’Hannah sont aussi sombres sur ce titre que sur l’ensemble de l’album. On dirait presque que c’est un morceau qu’elle aurait pu écrire avec un compositeur de Los Angeles, mais ce n’est pas le cas. Ça sonne plus profond. » DR : « On s’est donné rendez-vous en studio et le titre a été littéralement écrit et presque enregistré tel quel. Beaucoup de personnes m’ont fait des commentaires sur les paroles. Elles pensent qu’elles ne ressemblent pas à celles d’Hannah parce qu’elles sont assez peu ésotériques. » « You and I » DM : « On en a fait à peu près un million de versions différentes. Au final, on l’a enregistré avec une section rythmique où un de nos amis, Seth Tackaberry, jouait de la basse en live, tandis que je m’occupais de la batterie, puis on a construit toute la structure de l’album à partir de là. » DR : « Le feeling qu’on essayait de saisir a fini par devenir un truc à la Michael Jackson comme « Heal the World », ce qu’on a probablement foiré. Dot utilisait beaucoup de synthèse FM, le genre de sons scintillants des années 80 — ce qui, curieusement, est très tendance en ce moment. Le tournant est arrivé pendant qu’on répétait pour la tournée avec Coldplay, et j’étais devenu obnubilé par l’idée que la section rythmique soit jouée en live. On a transformé notre salle de répétition en studio d’enregistrement et on a enregistré Dot et Seth en train de jouer cette rythmique ensemble. Ça ressemblait plus à un truc à la Steely Dan, plus tight et plus dry, et ça sonnait soudain plus comme les disques dont on se réclamait. » « LA » DR : « Le processus a été assez décousu parce que l’album a été enregistré dans plein de studios différents. On est venu au Studio 13 pour finir ce morceau en particulier et on a enregistré quelques titres. Ça a été un tournant et c’est à partir de ce moment qu’on a trouvé notre studio, au sein du Studio 13. C’est devenu un symbole de la finalisation de l’album, parce que quand on a fini « LA », on a trouvé notre nouveau chez nous ici et c’est là qu’on a terminé l’album. » « Ordinary Life » DR : « Encore une fois, c’est à la base une démo que j’ai faite avec Hannah il y a très longtemps. J’ai entendu “Mood” de 24kGoldn, je suis allé en studio et j’ai écrit ce riff et cette partie de piano, Hannah a ajouté une topline et Dot s’en est emparé, l’a reproduit, l’a élevé. Ce morceau est en grande partie une production de Dot dans son ensemble. » DM : « C’est le premier qui m’a semblé achevé. On aurait pu le sortir il y a deux ans. » « Santa Fe » DR : « Les paroles et la mélodie viennent d’un rêve d’Hannah. Avec Dot on a passé une journée avec un compositeur qui s’appelle Pablo Bowman. Il a entendu la démo de “Santa Fe” et s’est dit : “Oh, ça me plaît vraiment.” Il nous a aidés à la restructurer et il a ajouté un autre hook. Depuis, il a signé un énorme tube — il a coécrit “Miracle” d’Ellie Goulding et Calvin Harris. Mais à l’époque, il n’avait pas encore écrit ce titre. C’est comme s’ils faisaient toujours les tubes avec d’autres gens ! » « Kind of Man » DR : « Je suis vraiment content de ce que c’est, de ce que c’est devenu. J’ai écrit la première boucle, l’idée originale, il y a peut-être six ans ou quelque chose comme ça. Ça traînait sur un ordinateur et quand on était en tournée avec Coldplay, Hannah l’a entendue et elle s’est dit : “J’aime vraiment cette boucle de guitare.” Seth a alors écrit une partie de basse qui a inspiré une autre partie mélodique et a donné naissance à ce truc rythmique sur lequel Dot a travaillé. On a aussi fait appel à un certain John Hoskins qui, depuis qu’il bosse avec nous, a fait le plus gros tube du monde. Je ne plaisante pas, il a écrit et produit le titre “I Had Some Help” de Post Malone — et “Kind of Man” est sorti le même jour ! » « Rescue » DM : « George FitzGerald a littéralement sauvé ce morceau. J’ai vraiment eu du mal à savoir comment ça devait sonner. La première fois que je m’y suis mis, je l’ai fait sonner comme “Millionaire” de Kelis, c’est comme ça que je l’imaginais. J’en ai parlé à Hannah, qui pensait que ça devait plutôt sonner comme “Paradise” de Coldplay — il y a eu un malentendu ! Je me suis dit : “Je ne vois pas les choses comme ça.” On a confié le titre à George et on lui a dit : “Tu peux essayer de régler ça ?” Il a fait de la mélodie du piano l’élément principal au début du morceau, ce qui en a complètement changé le feeling, et on s’est dit : “C’est ça !” George a énormément contribué à la production de ce titre. C’est lui qui a eu le rôle le plus important. » « Into Gold » DR : « On cherchait désespérément un autre morceau et je passais en revue mon ordinateur en écoutant des démos pourries, les unes après les autres, et Dot a dit : “C’est quoi ça ? J’aime bien celle-là.” » DM : « Dan ne trouvait même pas les pistes d’origine, donc j’ai isolé avec une IA la voix de l’enregistrement d’origine. La voix d’Hannah a été enregistrée il y a six ans ou quelque chose comme ça. J’adore les paroles d’Hannah et ça valait le coup d’explorer ça. Avec Dan, on a passé une journée ensemble à enregistrer dans mon home studio, on a passé une super journée là-bas, et on a plié l’affaire de bout en bout. » « The Greatest Love » DR : « C’est en grande partie le morceau d’Hannah, il est né de son imagination. Elle a presque rêvé ce morceau. Hannah fait parfois ça. Elle écrit littéralement un titre presque entièrement dans sa tête et ensuite Dot et moi, on doit essayer de reproduire d’une manière ou d’une autre les sonorités qu’elle a imaginées. » DM : « On entend bien les influences là-dedans : Hannah écoute beaucoup de morceaux classiques, et même un peu de Disney, comme “Colors of the Wind” du film Pocahontas, des choses comme ça. » DR : « Ça semblait être la conclusion évidente de l’album parce que c’est super épique. Les paroles ont été écrites par Hannah et elle avait en tête que The Greatest Love était le nom de l’album ; donc c’était une évidence de clôturer l’album avec ce titre. »
Autres versions
- 13 morceaux
- 2014
Apparaît dans
- Apple Music
- Snow Patrol
- Christine and the Queens
- Michael Kiwanuka
- Kidnap & Gabrielle Aplin
- Rag'n'Bone Man