boygenius

L’appellation de supergroupe ne garantit pas que le tout sera plus grand que la somme des parties, mais dans le cas de boygenius, on peut dire que l’union fait la force. Quand le trio voit le jour en 2018, ses membres sont toutes trois des artistes solos respectées et établies. Phoebe Bridgers (née en Californie en 1994) a clairement le vent dans les voiles et son nom est le plus reconnaissable du lot. Mais chez les fans d’indie de qualité, les noms de Julien Baker (née au Tennessee en 1995) et de Lucy Dacus (née en Virginie, également en 1995) ne sont pas inconnus. À l’occasion d’une tournée commune, les trois autrices-compositrices-interprètes lancent à la blague l’idée de former un groupe, donnant naissance à boygenius. Si le band avait une forme humaine, Lucy la littéraire, avec ses textes pleins d’esprit et toujours savamment ficelés, serait la tête; Julien, artiste tour à tour vulnérable et incandescente, à fleur de peau, serait les tripes; et Phoebe, qui manie le cynisme et la candeur avec la même agilité dans ses pièces tristes, serait le cœur blessé. Mais les rôles ne sont pas fixes au sein du trio, qui se met systématiquement au service des chansons. Leurs personnalités se complètent à merveille et elles brillent à tour de rôle, soutenues chaque fois par les harmonies solidaires des deux autres. La magie de leur premier EP éponyme (2018) donne l’impression que les trois femmes travaillent ensemble depuis toujours. Avec the record (2023), elles confirment leur incroyable complicité, garantissant que boygenius restera plus qu’un simple projet parallèle.