Depuis qu’il s’est hissé au rang de star avec son premier album en 2016, la force de Kane Brown a été sa polyvalence, avec une approche de la country mainstream suffisamment vaste pour y intégrer des sons issus du R&B, du hip-hop et de la pop. Mais, comme le chanteur de 31 ans originaire de Chattanooga, dans le Tennessee, l’explique à Kelleigh Bannen d’Apple Music, son quatrième album est le premier dans lequel il a vraiment pu faire preuve de minutie. « J’ai été absorbé par tout ça », déclare-t-il. « Je suis très enthousiaste pour cet album, parce que j’ai vraiment pris mon temps. J’ai même pu retravailler certains textes. J’ai l’impression que tout est à sa place. » Sur The High Road, qui fait suite à Different Man (2022), Brown reste fidèle à sa conviction qu’il n’y a pas besoin d’adhérer strictement aux canons de la country pour devenir une star du genre. « I’m like a burnt CD from ’03 in a Mustang/You never knew what was coming » [Je suis comme un CD gravé dans une Mustang en 2003/Tu n’as jamais su ce qui allait se passer], chante-t-il sur « Fiddle in the Band », un titre bluegrass particulièrement country pour un album dont l’ambition est de défier le genre. Mais les frontières strictes de la country se sont assouplies au cours des neuf années qui se sont écoulées depuis ses débuts et aujourd’hui, la vulnérabilité de Brown ressort, qu’il s’agisse de dresser la liste de ses peurs sur « I Am », ou d’évoquer ses interrogations de père de famille sur la ballade pleine de douceur « Backseat Driver ». Brown s’inspire de Jelly Roll pour « Haunted », un duo avec son comparse du Tennessee qui le révèle sous son jour le plus téméraire, avouant que le succès n’a pas suffi à faire taire ses démons. Composé lors d’une résidence d’écriture à Londres, dans ce qui semblait être un hôtel hanté, Brown y fait le lien entre les alentours lugubres et son état mental. « Et si on écrivait un morceau qui s’appellerait “Haunted” ? », se souvient-il, avant d’aller plus loin : « Ensuite, je me suis dit : “Ça pourrait juste parler de ma dépression.” J’essaie toujours de me montrer sombre avec mes auteurs, et parfois ils me disent : “C’est trop sombre.” Je leur réponds alors : “Pour de vrai ?” » Heureusement, dans le monde de Brown, la seule règle est qu’il n’y en a pas.