De nature réservée, Chopin préférait l’intimité feutrée des salons aux bruyantes salles de concert. Pour preuve, ces versions chambristes font davantage briller ses deux concertos pour piano que leurs variantes orchestrales, où d’épaisses textures de cordes cédaient peu d’espace au soliste pour se distinguer. Entouré par un quintette alliant réactivité et tempérance, composé ici de membres de l’ensemble britannique Chineke!, Emmanuel Despax laisse parler le lyrisme et la force élémentaire de Chopin, tapis derrière le charme et la délicatesse romantiques. Son engagement passionné et l’autorité de son toucher, en particulier dans les deux mouvements lents où les lignes mélodiques s’envolent librement, ravivent l’éclat d’une écriture pianistique qui commence à s’affranchir des traditions.