Avec son nouvel album Movements, le pianiste américain George Li, révélé en 2015 lors du prestigieux Concours Tchaïkovski, éclaire les liens structurels et le caractère dansant d’œuvres pianistiques d’époques et de cultures complètement différentes. « Sur le plan de la structure, par exemple, les Davidsbündlertänze de Schumann et la suite des Valses nobles et sentimentales de Ravel sont assez similaires », explique George Li. « Il y a un élément cyclique dans les deux œuvres, les motifs mélodiques revenant à la fin des pièces (…) Schumann et Ravel relient également les danses entre elles par une note commune, littéralement un fil conducteur, qui modifie l’humeur de la pièce par un changement de couleur harmonique. » Et, concernant les trois mouvements du ballet Petrouchka de Stravinski, « les motifs rythmiques et mélodiques réapparaissent tout au long de la pièce et contribuent à créer un mouvement qui renforce la structure architecturale. Et bien sûr, les œuvres de Ravel et de Stravinski sont toutes deux directement influencées par la musique d’orchestre et de ballet. ». Cependant, chaque compositeur se sert de la forme de la danse pour des objectifs différents : « Chez Schumann, [elle] est un moyen d’exprimer les émotions internes et les personnages qui bouillonnent dans son esprit. Chez Ravel, [ces pièces] marquent la fin de la tradition glorifiée et élégante de la forme de la valse. Ravel semble dire adieu à la valse, et il en résulte une atmosphère très fantomatique, obsédante, mais magnifique. Enfin, Stravinsky utilise la danse de manière beaucoup plus rustique et folklorique. ». D’un point de vue technique, le pianiste explique avoir adapté son toucher pour mieux capturer les tempéraments de chaque pièce : « Pour Schumann, mon toucher change constamment tout au long de l’œuvre, car chaque morceau possède un caractère très spécifique et individuel. Pour Ravel, je pense davantage en termes de sons liquides et parfumés, et mes mains ont donc tendance à être beaucoup plus souples et flexibles afin de créer ces atmosphères. Dans le cas de Stravinski, l’ampleur de l’œuvre exige un son tout aussi imposant, ainsi que des sonorités très définies, brillantes et lumineuses. Mes mains sont généralement beaucoup plus fermes et puissantes, afin de répondre à la pulsation rythmique serrée de la danse, mais aussi aux différentes couleurs orchestrales. »
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