« Je savais que je voulais exprimer ma vulnérabilité dans cet album », explique Toni Watson, la compositrice-interprète australienne connue sous le nom de Tones And I, à Apple Music. Il suffit de quelques secondes pour s’en rendre compte avec l’ouverture radicale de l’album, To Be Loved. Sur fond de piano et de cordes, Watson présente des excuses émouvantes à sa sœur et à son frère, avant d’en présenter d’autres, à la teneur nettement plus incisive : « And to the guy that hit me, I’m so sorry that I stayed/But I wanted to be loved, but to me that love was pain/I let you break me down so I could build me up again. [Et au gars qui m’a frappée, je suis désolée d’être restée/Mais je voulais être aimée, mais pour moi cet amour était une douleur/Je t’ai laissé me briser pour pouvoir me reconstruire.] » Cette honnêteté se reflète à travers tout l’album, qui voit Watson plonger plus profondément que jamais dans son océan émotionnel. « Je ne suis pas du tout satisfaite de mon dernier album (Welcome to the Madhouse, sorti en 2021), je voulais changer tellement de choses », déclare-t-elle. « Je n’ai pas envie de regretter celui-ci comme je regrette le précédent. Je trouvais la production paresseuse, c’était du travail bâclé. Je n’ai pas cherché à être honnête ni vulnérable, je me suis contentée d’écrire des mélodies pop. En tant que compositrice, je voulais vraiment concevoir un album plus abouti. » Alors que Welcome to the Madhouse a été produit en quelques mois, Beautifully Ordinary a été écrit pendant et en fonction des différentes tournées, sur une période d’un an et demi. Déterminée à montrer sa polyvalence, Watson adopte un registre plus grave sur le soulful « Raise Me Up » ou sur le délicat « Lose Someone Like Me ». Sur le plan musical, elle oscille entre ballades sensibles, indé à l’énergie intense (« You Don't Know Me Like That ») et pure pop (« Call My Name », coécrit avec Drake et la collaboratrice de BTS, Jenna Andrews). L’histoire familiale et éminemment intime « Sorrento », quant à elle, met en valeur ses remarquables talents de conteuse et son sens aigu du détail. Le titre de l’album provient, lui, d’une chanson que Watson a jugée finalement inadaptée, mais dont le sens résonne avec ses ambitions de vulnérabilité et ses envies d’ouverture. « Je pense que la beauté peut se trouver dans l’ordinaire, et que tout le monde se sent ordinaire », explique-t-elle. Watson nous fait découvrir Beautifully Ordinary, titre par titre. « To Be Loved » « J’ai abordé des sujets que je n’avais encore jamais évoqués auparavant. Je pense que c’est une manière de m’ouvrir, de continuer à grandir. Mais honnêtement, j’ai tout donné dans cette chanson, tout ce que je pouvais ; je ne pourrais sans doute pas aller plus loin dans les détails. Je pense que je dois commencer à m’ouvrir davantage, lentement, et ce titre est un peu mon premier pas dans cet océan. » « Lose Someone Like Me » « C’est le plus gros chagrin d’amour qu’une jeune fille puisse connaître, celui avec ma meilleure amie. C’est encore très dur. Même si cela fait déjà quelques années, je n’avais jamais réussi à écrire là-dessus. D’ailleurs, j’ai failli ne pas inclure cette chanson. Je sais que la personne en question se reconnaîtra, et c’est ma façon de lui tendre la main. J’avais besoin de le verbaliser pour réussir à aller de l’avant. » « I Get High » « “I Get High” évoque ces amitiés adolescentes, ces moments où l’on n’a pas encore l’âge d’aller en club, on se retrouve en voiture avec des garçons plus âgés, à faire le mur, à boire dans les parcs et à faire des bêtises. Nos sentiments sont tellement exacerbés à cet âge. En vieillissant, on doit davantage maîtriser ses émotions. Quand on est jeune, on peut nouer de superbes amitiés, partager une intensité et traverser tellement d’épreuves. Je voulais vraiment aborder ce thème. » « We’ll See Stars » « Je voulais offrir à ma sœur une soirée sans prise de tête. Je veux juste qu’elle soit heureuse, et cela se reflète aussi dans “Wonderful”. L’idée ici c’était : “Sortons ensemble ce soir, on met tous nos soucis de côté et on passe une soirée entre sœurs. Je veux que tu profites pleinement de la vie, que tu lâches la pression et passes un bon moment”. J’imagine ma sœur sillonnant la ville la nuit, et profiter, tout simplement. » « Dance With Me » « Je voulais que ce morceau évoque les années 80, avec une grosse ligne de basse, un peu dans l’esprit de “Call Your Girlfriend” ou de “Dancing on My Own” de Robyn. Même si, musicalement, elle fait bouger et danser, les paroles restent tristes. Et j’aime beaucoup cette idée. La chanson ne fait pas référence au fait de danser physiquement. Peu importe ce que l’on aimait faire avec son partenaire dans les moments les plus heureux, je suis là, assise à ce même endroit, à attendre que la personne revienne, mais il n’y a personne. Alors je reste là, toute seule. » « Figure It Out » « C’est la première chanson que j’ai écrite pour l’album. Je voulais avoir le temps de grandir, de progresser. Je pense que tout le monde a besoin de temps pour évoluer. Beaucoup de gens pensent que la chose la plus importante est la personne que l’on est aujourd’hui, sur le moment, et que c’est un facteur déterminant pour tout le reste. Mais je pense qu’il est essentiel que chaque personne ait l’opportunité d’évoluer, et c’est ce que je revendique dans ce refrain. » « Wonderful » « Il s’agit de ma sœur, mais ça pourrait être aussi ma meilleure amie. Il y a des moments où ces personnes sont au plus bas, et vous voulez juste leur apporter votre perspective, les aider à saisir tout leur potentiel, même si leur esprit ne leur permet pas de s’en rendre compte à ce moment-là. Il s’agit simplement d’essayer d’aider ses proches dans les périodes les plus difficiles. » « Raise Me Up » « Une autre chanson qui traite du désespoir dans une relation, du désir d’être considéré et entendu. Le titre évoque le besoin de recevoir de l’aide, et du fait de la solliciter. » « Dreaming » « “Dreaming” pourrait évoquer l’amitié ou l’amour. Pour moi, ça concerne les deux. [Elle dit :] “I don’t know if it’s all in my head, but I think we’re growing apart. [Je ne sais pas si c’est juste dans ma tête, mais je pense qu’on s’éloigne l’un de l’autre]”. Les couplets entrent plus dans les détails, puis on en revient à “mais est-ce que c’est juste dans ma tête ?” On ne sait jamais vraiment ce qu’il en est. » « You Don't Know Me Like That » « C’est l’histoire d’un stalker. Ce stalker vient chez moi et laisse des objets bizarres. J’ai ce texte énorme qu'il m’a écrit. Je ne voulais pas spécialement en parler, mais l’ami avec qui j’ai écrit ce morceau l’a adoré. Il y a une bonne vibe dedans. En fin de compte, ça parle quand même d’essayer de se débarrasser d’un stalker. » « John Doe » « “John Doe” évoque cette personne que l’on rencontre et avec laquelle on a une connexion instantanée, mais impossible de dire ni faire quoi que ce soit. Il est question de vouloir aller vers cette personne, d’en savoir plus sur elle et de voir s’il y a quelque chose, mais [on est] un peu hésitant. » « Sorrento » « David est mon papa. Un an avant qu’il nous quitte, je lui ai dit : “Pour mon cadeau de mariage, j’aimerais que tu m’écrives l’histoire de ta vie”. Et il l’a fait pour moi. Je me suis dit que j’allais partager un petit souvenir de lui, qui sera là pour toujours. » « Need You to Love Me » « Cette chanson commence de manière un peu plus vulnérable. Elle débute comme si vous étiez là, moi devant vous, en train de chanter à propos d’une relation et de toutes les difficultés que ça engendre. Puis elle devient un peu plus entraînante. C’est la première fois que je parle d’amour avec cet album, mais aussi des difficultés des relations amoureuses. On dirait presque que j’essaie de me convaincre que je mérite mieux. Ce qui est extrêmement délicat à admettre. » « Only One » « Je traversais une période extrêmement difficile au moment où j’ai écrit cette chanson, une rupture amoureuse douloureuse. Et je n’arrivais pas à écrire quoi que ce soit. J’étais tellement triste. Je voulais exprimer ma colère, mais le refrain dit : “Je pense toujours que tu es celui qu’il me faut”. C’est ce qui est le plus difficile à comprendre. “J’ai tant d’amour pour toi, c’est tellement dur”. » « Live Without Your Love » « Ce morceau a été écrit il y a longtemps. Il évoque une amie qui est incroyablement joyeuse et positive. J’ai réalisé à quel point l’amitié qu’elle m’offre est importante. Elle m’aide à devenir une meilleure personne ; à voir le bon côté des choses. Si je fréquentais un ou une autre pessimiste, je ne ferais que renforcer mes propres convictions. C’est pourquoi j’ai fini par dire : “we’re never going to be the same person, but I love you for that. And I can’t live without your love.” [“On ne sera jamais la même personne, et c’est pour ça que je t’aime. Et je ne peux pas vivre sans ton amour”]. » « Call My Name » « Je me suis rendu compte que cet album faisait la part belle à la vulnérabilité. J’ai essayé de faire un morceau plus dansant, de mettre en valeur cette autre dimension de ma musique. Il n’y a pas grand-chose à raconter à propos des paroles ; c’est vraiment deux autrices-compositrices professionnelles [Watson et Jenna Andrews] qui se retrouvent dans la même pièce pour écrire une chanson pop efficace. Et le résultat est au rendez-vous. »
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- Dean Lewis