Pour les gens qui passent la plupart de leur temps assis devant un ordinateur, le titre du huitième album de Queens of the Stone Age évoque assurément le nom d’une police de caractères. Mais après avoir passé quelques minutes à en découvrir la musique, on comprend vite que Josh Homme fait plutôt référence à une impression de décadence si totale que ça va finir avec la ville en flammes. Homme et ses compères sont encore et toujours le plus « hard » des groupes hard rock pour les auditeurs et audirices qui n’adhèrent pas nécessairement à la culture et aux traditions du genre. Ils évoquent autant Bowie (« Emotion Sickness ») que la musique de cabaret (« Made to Parade ») ou la synthpop « collet monté » britannique (« Time & Place »), sans pour autant délaisser des morceaux parfaits pour la moto qu’ils font mieux que la majorité de leurs pairs (« Obscenery »). La différence, ici, c’est que In Times New Roman… explore des territoires plus profondément personnels que leurs albums précédents. Depuis la parution de Villains en 2017, Homme a été secoué par plusieurs événements douloureux, entre autres la mort de certains amis et la dissolution de son mariage. Ce nouvel album traite de tout ça, mais il tient néanmoins à être très clair concernant les hypothèses que les auditeurs et auditrices pourraient élaborer à partir de ses textes. « Je ne dirais jamais quoi que ce soit sur la mère de mes enfants », a-t-il confié à Zane Lowe d’Apple Music. « Mais en même temps, puisqu’il faut écrire à propos de sa vie, je pense que c’est comme ma trame sonore. Ces morceaux et leurs paroles sont un instantané émotif, comme si je mettais un film sur pause. Une chanson parle du fait que je me sens perdu. Une autre du fait que je suis fâché. Il faut qu’elles soient des versions distillées de tout ça, parce qu’une petite goutte de réalité contient assez de saveur comme ça. Je crois que l’amour et la haine des gens que je ne connais pas sont comme les deux côtés d’une médaille. Mais si tu ne travailles pas pour l’argent, cette devise n’a aucune valeur. Je ne peux pas m’en faire avec ce que les gens disent. Et au final, c’est carrément pas de mes affaires. » Pour Josh Homme, ce qui distingue In Times New Roman…, c’est précisément cette honnêteté stoïque dont il a fait preuve pendant qu’il écrivait à propos de certains des moments les plus sombres de sa vie. « Au bout du compte, cet album est totalement axé sur l’acceptation », a-t-il expliqué. « C’est la clé. Mes amis sont morts. Des relations ont pris fin. Des situations difficiles sont arrivées. J’ai eu des problèmes de santé, mais ça va mieux, maintenant. Je suis 100 % responsable de 50 % de ce qui m’arrive, tu vois ce que je veux dire? Mais pendant les sept dernières années, j’ai vécu pas mal de situations où, que t’aimes ça ou pas, c’est à toi que ça arrive. Ça m’a forcé à dire : “Bon, j’aime pas ça, mais il faut que je réalise quelle est ma part de responsabilité. Et il faut que j’accepte les choses telles qu’elles sont. C’est ça, la réalité.” Même si j’aime pas ça, ça serait stupide de m’accrocher à quelque chose qui me glisse entre les doigts et de refuser de l’accepter pour ce que c’est. »
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