Sorti en 1983, le premier album de Metallica a littéralement changé la donne. En réaction à la scène flash-metal de Los Angeles, le guitariste/chanteur James Hetfield et le batteur Lars Ulrich ont puisé dans leur amour de Motörhead, Judas Priest et de la nouvelle scène heavy metal britannique, et ont poussé la hargne à son paroxysme. Après avoir recruté Kirk Hammett, guitariste d’Exodus, et Cliff Burton, bassiste de Trauma, Metallica disposait de l’équipe idéale pour la création du premier — et du plus survolté — album de thrash metal. Hetfield entame le titre d’ouverture « Hit the Lights » par un cri déchirant, avant de rendre un hommage strident au heavy metal. Inspiré d’un titre inachevé de son ancien groupe Leather Charm, le morceau menace de dégénérer à tout moment, tout comme la majeure partie de l’album. « The Four Horsemen » est peut-être le cas de test A/B le plus célèbre de l’histoire du heavy metal. Écrite à l’origine par l’ancien guitariste de Metallica Dave Mustaine — qui a formé ensuite Megadeth —, la version de Metallica reprend les textes de Hetfield sur les mythiques cavaliers de l’apocalypse. « Mechanix », la version de Mustaine aux paroles truffées de connotations sexuelles, figure sur le premier album de Megadeth Killing Is My Business... and Business Is Good!. Quarante ans plus tard, la chanson reste sujette à de nombreux débats. Parallèlement, les singles « Whiplash » et « Jump in the Fire » évoquent respectivement les dommages causés par le heavy metal et la damnation éternelle. Au milieu de ça, le solo de basse unique de Burton, enregistré en une prise, « (Anesthesia)-Pulling Teeth », reste une merveille du genre. « Seek & Destroy », premier titre composé par Metallica, s’inspirait de « Dead Reckoning » de Diamond Head (Metallica a repris plusieurs chansons de Diamond Head, dont « Am I Evil? », qui figure en bonus sur les versions ultérieures de Kill ’Em All). Introduit par le mémorable break de batterie d’Ulrich, « Motorbreath » condense le mode de vie qu’est la tournée en un blitzkrieg de trois minutes d’une intensité étourdissante. C’est l’une des chansons les plus efficaces et les plus sous-estimées du groupe. « Phantom Lord » commence par un inquiétant bourdon de synthétiseur à la Carpenter, avant de se lancer dans un riff évoquant la nouvelle vague du heavy metal britannique, suivi d’un pont joué en son clair à la guitare, qui préfigure les compositions des deux albums suivants de Metallica, Ride the Lightning et Master of Puppets. Au final, Kill ’Em All est l’album qui a fait naître des centaines de groupes de thrash, tout en propulsant Metallica sur la voie de la célébrité. Bien qu’il ait peu à voir avec les titres du Black Album qui ont envahi les ondes, ou avec tout ce que Metallica a sorti au cours des 30 dernières années, Kill ’Em All représente Metallica dans sa forme la plus pure : brut et sauvage, furieux et époustouflant.
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Extras audio
- Les petits défauts de « Seek & Destroy » la rendent parfaite.
- 2023
- Guns N' Roses
- Anthrax
- Motörhead
- Mötley Crüe