Le rallye du père Noël, la magie sera-t-elle de la partie en 2024?
John Plassard|Publié le 12 Décembre 2024Le «rallye du Père Noël» a été défini pour la première fois en 1972 par Yale Hirsch dans le Stock Trader’s Almanac. (Photo by Bryan R. Smith / AFP via Getty Images)
Vous vous dites certainement qu’après 52 records historiques pour le S&P 500, une pause des marchés est amplement méritée. Cependant à la vue des statistiques historiques, le mois de décembre pourrait saluer l’arrivée du père Noël en ajoutant encore quelques pour cent aux indices… Synthèse et analyse.
Les faits
Vous ne croyez certainement pas (plus?) au père Noël. Pourtant il y a un phénomène technique (magique?) qui apparaît à la même période de l’année, proche des fêtes de fin d’année : la progression des indices et… la baisse du dollar!
À un moment où les interrogations politiques, économiques, géopolitiques et monétaires sont de plus en plus importantes et pourraient apporter des prises de bénéfices importantes sur les marchés, le père Noël (vous l’appellerez comme vous voudrez) pourrait bien une nouvelle fois «sauver» cette fin d’année!
D’où vient cette légende?
Le «rallye du Père Noël» a été défini pour la première fois en 1972 par Yale Hirsch dans le Stock Trader’s Almanac. Il décrit une hausse soutenue des marchés boursiers au cours de la dernière semaine de décembre et des deux premiers jours de négociation de la nouvelle année.
Historiquement, selon The Wall Street Journal, les principaux indices comme le S&P 500, le Dow Jones Industrial Average (DJIA) et le Nasdaq Composite ont progressé environ 80% du temps pendant cette période. Les rendements moyens enregistrés sont de 1,3% pour le S&P 500, 1,4% pour le Dow et 1,8% pour le Nasdaq Composite.
Ce phénomène ne se limite pas à une simple hausse saisonnière : il sert aussi d’indicateur précoce pour les tendances de l’année à venir. Comme le célèbre dicton de Yale Hirsch le souligne : «Si le père Noël ne passe pas, les ours (bears) pourraient envahir Broad et Wall.»
Ryan Detrick, stratège en chef de LPL Financial, ajoute : «Depuis le milieu du XXe siècle, il n’y a eu que six cas où le rallye du père Noël n’a pas eu lieu en décembre. Dans cinq de ces cas, janvier était en baisse et seule une année a enregistré un solide gain annuel.»
SUIVANT – Quelles sont les raisons évoquées?
Quelles sont les raisons évoquées?
Les raisons les plus courantes pour expliquer le rallye du père Noël sont les suivantes :
- Les investisseurs institutionnels sont généralement en vacances la dernière semaine de décembre, ce qui permet aux investisseurs individuels d’animer le marché boursier, qui ont généralement tendance à être plus optimistes.
- Les investisseurs achètent des actions en prévision de l’effet janvier, qui est une hypothèse selon laquelle il existe une anomalie saisonnière qui fait que les prix des actions augmentent au mois de janvier plus qu’au cours de tout autre mois.
- Un ralentissement de la récolte des pertes fiscales, dont la date limite est fixée au 31 décembre
- L’optimisme à l’égard de la nouvelle année (en l’occurrence 2025)
- Les dépenses liées aux fêtes de fin d’année
Des mois porteurs
Certains analystes qui évoquent un rallye du père Noël pensent à la vigueur supérieure à la moyenne des marchés boursiers en novembre et décembre. Et il semble bien que leur conviction soit étayée, comme le montre le tableau ci-joint (source Barron’s).
On constate que le marché boursier est en effet exceptionnellement fort au cours des périodes novembre-décembre des années d’élection présidentielle, avec une performance de 2,1 points de pourcentage par rapport à la moyenne générale sur deux mois.
Le père Noël peut être crédité de 1,4 de ces points de pourcentage, puisqu’en moyenne, toutes années confondues — qu’il s’agisse d’années d’élections présidentielles ou non — la performance moyenne du DJIA en novembre-décembre est de 2,6%, contre 1,2% pour l’ensemble des périodes de deux mois du calendrier. Le rallye qui a suivi l’élection présidentielle est à l’origine du 0,7 point de pourcentage restant (3,3% contre 2,6%).
En utilisant cette définition d’un rallye du père Noël, l’histoire suggère donc que deux tiers du rallye actuel pourraient être dus au Père Noël et un tiers à un rallye postélectoral.
SUIVANT – Quelles sont les vraies performances?
Quelles sont les vraies performances?
Voici une mise à jour des performances sur cinq ans du S&P 500, du Dow Jones Industrial Average et du Nasdaq Composite, couvrant les cinq derniers jours de bourse de chaque année et les deux premiers jours de bourse de la nouvelle année, jusqu’à la période 2019-2023 :
Comme illustré ci-dessus, le S&P 500 et le Dow Jones ont enregistré des gains constants au cours des périodes de «rallye du Père Noël» de 2019 à 2023. Le Nasdaq Composite a également affiché des gains chaque année pendant la même période.
À noter que statistiquement, les rendements des actions en décembre sont plus élevés si la performance du marché depuis le début de l’année a également été plus élevée au début du mois de décembre.
Selon Pepperstone, au cours des 20 dernières années, lorsque l’indice S&P 500 a gagné plus de 10% au cours des 11 mois précédents (ce qui est le cas cette année), le rendement moyen en décembre a été de 2,2%. À l’inverse, les années où l’indice a progressé de moins de 10%, le rendement mensuel moyen en décembre a été de -0,6%.
L’indice du dollar (Dollar Index) enregistre en moyenne une baisse mensuelle de -0,6% en décembre et a terminé en baisse sept années consécutives sur cette période.
L’euro (EUR) s’est apprécié face au dollar américain (USD) chaque mois de décembre au cours des sept dernières années.
L’indice boursier allemand DAX a affiché une clôture en hausse en décembre 66 % du temps. Cet indice offre aux investisseurs un rendement moyen de 1,5% durant la période festive.
Quels sont les arguments en 2024?
Alors que les indices montrent quelques signes de faiblesse ces derniers jours, le rallye de Noël pourrait tout de même se matérialiser, pour plusieurs raisons :
- Les raisons évoquées au Point c
- La baisse des taux directeurs : Plusieurs banques centrales, comme la BCE ou la Fed, ont amorcé un cycle de réduction des taux, soutenant les actifs risqués, notamment les actions.
- Des données économiques solides : La résilience de la consommation privée et la robustesse du marché du travail, en particulier aux États-Unis, continuent de stimuler la croissance économique.
- Un optimisme fiscal : Aux États-Unis, les perspectives de réductions d’impôts sous l’administration Trump alimentent les attentes de bénéfices supplémentaires pour les entreprises.
- Une reprise cyclique : Le rebond attendu dans certains secteurs cycliques, comme l’industrie ou les petites et moyennes capitalisations, offre un soutien à la croissance des bénéfices.
- Une rotation sectorielle : Une diversification accrue vers des secteurs sous-évalués, comme les «value stocks», attire de nouveaux flux d’investissement, renforçant la dynamique haussière.
- Un contexte géopolitique «“relativement stable”» : Malgré les tensions, les marchés intègrent positivement l’absence de nouvelles escalades majeures, ce qui réduit l’aversion au risque.
- La thématique technologique dominante : Les investissements dans l’intelligence artificielle et les technologies émergentes continuent de soutenir les grandes capitalisations technologiques.
- La saisonnalité positive : Historiquement, les mois de novembre et décembre sont favorables aux marchés actions en raison de l’effet «rallye de fin d’année».
Synthèse
Le «rallye du Père Noël» reste une thématique captivante pour les investisseurs en cette fin d’année 2024. Alimenté par un optimisme fiscal sous l’administration Trump, une baisse des taux directeurs amorcée par les banques centrales et la résilience de la consommation privée, ce phénomène historique pourrait bien se matérialiser une fois de plus.
En outre, la rotation sectorielle vers des valeurs sous-évaluées, la dominance des thématiques technologiques et un contexte géopolitique relativement stable renforcent les perspectives haussières.
Si l’on ajoute à cela les données économiques solides et une saisonnalité historiquement favorable, les marchés semblent réunir les conditions nécessaires pour clore l’année sur une note positive.