Mise à jour économique et financière 2024 : des parallèles avec vos finances personnelles
Dany Provost|Édition de la mi‑Décembre 2024
On peut tirer de nombreuses leçons pour bien gérer ses finances de la mise à jour économique et financière 2024 du ministre des Finances, Eric Girard. (Photo: Adobe Stock)
EXPERT INVITÉ. Chaque année, en novembre, la mise à jour économique et financière du Québec fait une analyse détaillée des finances publiques et des tendances économiques. La Chaire en fiscalité et en finances publiques de l’Université de Sherbrooke, dirigée par Luc Godbout, en fait un très bon résumé. Regardons quelques parallèles entre cette mise à jour et nos finances personnelles.
Québec prévoit que la croissance économique de la province sera de 1,2 % pour 2024‑2025, égale à celle de l’ensemble du Canada. Même si ce rythme reste modeste si on le compare à celui des États-Unis, il est tout de même le double des prévisions initiales.
C’est un peu comme si vous receviez une augmentation de salaire plus élevée que ce que vous aviez prévu en début d’année, où vos attentes étaient relativement faibles. C’est donc une bonne nouvelle, tant que vous ne la comparez pas à celle de votre voisin qui est deux fois plus élevée.
La situation financière du Québec pour 2024‑2025 illustre un problème courant : comment faire face à des dépenses qui dépassent nos revenus ? Le gouvernement a utilisé la moitié de sa provision pour éventualités, s’est harmonisé avec les règles du fédéral sur le traitement des gains en capital (un cadeau du ciel qu’il n’avait pas prévu), a bénéficié de transferts fédéraux plus importants que prévus et, malgré tout, le déficit reste collé à 11 milliards de dollars (G $), comme il était prévu dans le budget initial.
Ce n’est pas très rassurant. C’est comme si vous receviez plus de revenus que prévu, mais qu’en raison d’une dépense imprévue, le solde de votre carte de crédit augmentait quand même. Vous devriez avoir un fonds d’urgence pour couvrir cette dépense sans avoir recours à un prêt qui peut coûter une fortune.
Il faut dire que la loi exige un retour à l’équilibre budgétaire au plus tard en 2029‑2030 avec la présentation d’un plan de match dans le prochain budget. Le gouvernement procède actuellement à l’examen des dépenses fiscales et budgétaires. Il en profite pour « gratter les fonds de tiroir » pour quelque 700 M $, mais il manque encore 1,75 G $ ! Il va falloir que ça fasse mal à un moment donné… Si vous étiez dans cette situation, vous devriez envisager de réduire temporairement vos dépenses discrétionnaires, comme les sorties au restaurant et un tas de dépenses (non nécessaires si possible) pour arrêter l’hémorragie.
Côté dette nette, le Québec estime que la sienne atteindra près de 237 G $ à la fin de son exercice. Elle devrait grimper de quelque 33 G $ au cours des quatre prochaines années.
D’un point de vue personnel, un endettement peut être sain s’il est géré judicieusement, par exemple s’il sert à l’achat d’une maison. Si ce sont des dettes accumulées sur une carte de crédit, leur remboursement devient prioritaire à presque tout autre poste budgétaire après vous être logé et nourri.
Le Québec compare ses performances économiques avec celles de l’Ontario, notamment en matière de « niveau de vie », illustré par le PIB réel par habitant. Pas très reluisant comme portrait. Actuellement de 12,3 %, l’écart en faveur de notre province voisine devrait diminuer à 10 % en 2026 pour disparaître en 2036. Évidemment, ça reste des projections. Comme vos projections de retraite : on sait que ça ne se produira pas comme c’est illustré, mais on espère que les écarts seront dans le bon sens.
La mise à jour économique et financière 2024 du ministre des Finances, Eric Girard, ne se limite pas à un exercice technique destiné aux experts. Elle possède son lot de défis et de stratégies. Pour l’instant, avec une absence de plan de match détaillé pour revenir à l’équilibre budgétaire, les finances publiques ne sont toutefois peut-être pas un modèle à suivre pour vos finances personnelles.
On verra au prochain budget.
