L'IA - et notamment les larges modèles de langage - était déjà un peu pointée du doigt pour sa "voracité électrique", mais voici qu'un autre problème pointe à l'horizon : les déchets électroniques qui résulteront de l'obsolescence de fait des terminaux qui ne seront pas adaptés à ce nouvel usage.
BFM se fait l'écho d'un article publié dans Nature Computational Science (https://t.ly/j5cy0 mais pas en libre accès) qui conclut que le développement de cette IA pourrait engendrer l'équivalent de 10 milliards d'Iphone jetés d'ici à 2030 : https://t.ly/Qew2y
Sachant qu'il se vend actuellement un peu plus d'un milliard de smartphones par an (https://t.ly/G2N9P ), la production de déchets électroniques due à l'avènement de l'IA générative pourrait donc être un problème de premier plan.
Cette anecdote - qui en fait n'en est pas tellement une - nous rappelle un paradoxe. Nous comptons souvent sur le "progrès technique" pour résoudre nos problèmes d'environnement.
Mais, pour bénéficier de ce progrès - par exemple en remplaçant des voitures à pétrole par des voitures électriques, ou des chaudières pas efficaces par des chaudières efficaces - il faut changer les parcs en place, et donc "mettre à la poubelle" les parcs existants, en tout ou en partie.
Lorsque le parc en place est fait d'objets simples, c'est à dire composé de peu de matériaux, bien séparés les uns des autres, cette "mise à la poubelle" peut s'accompagner d'opérations de recyclage.
Notons toutefois que même en pareil cas il faut disposer d'énergie (qui elle ne se recycle pas, la faute à l'entropie croissante !), et que parfois le matériau issu de recyclé n'est pas beaucoup plus économe en énergie que celui issu de matière vierge.
Mais les objets sont désormais de plus en plus complexes, avec des matériaux de plus en plus imbriqués. Le smartphone en est l'archétype : dans ces objets, on parvient à recycler quelques métaux (le cuivre, l'or, et éventuellement l'étain) mais l'essentiel est "perdu".
Du coup, si le déploiement d'une technologie qui est censée nous "faire gagner en efficacité" (et pour l'IA on peut se demander laquelle exactement) s'accompagne de la mise à la poubelle massive du parc existant, est-ce que c'est une bonne affaire au global ?
Dans un monde où l'offre est pilotée par le secteur privé, cette question est hélas purement théorique. Le développement de l'IA, en ce moment, est en gros une conversation entre Américains, et nous autres Français (ou même Européens) n'avons aucun moyen d'empêcher les acteurs dominants du secteur de faire ce qu'ils veulent si nous pensons que c'est globalement une mauvaise affaire.
Dans un monde aux ressources de plus en plus limitées, la question de savoir qui préemptera ce qui reste n'est pas anecdotique, pour le coup : elle est primordiale. Mais elle ne semble pas préoccuper plus que cela l'essentiel des dirigeants de nos démocraties européennes...