Rentrée 2003 : je débarque en MPSI à Louis-le-Grand. Ce que mon prof de maths dit ce jour-là scelle mes concours.
(J’ai quitté mes parents l’avant-veille à Tunis, prenant un aller-simple en avion, ma couette dans ma valise rouge - true story).
Dans cette salle de classe où on entendrait une mouche voler, 48 paires d’yeux vénèrent ce prof silencieux, qui trace soigneusement à la craie de petits bâtonnets blancs sur son tableau bien noir, avant de nous expliquer sa “théorie” :
“Nous avons tous un potentiel, et mon rôle c’est de vous amener au sommet du vôtre” - et il montre le sommet d’un petit bâtonnet.
Nous buvons ses paroles.
Sauf que sur son dessin, il y a des bâtonnets plus longs que d'autres, et certains qui commencent carrément au dessus de là où s'achèvent d'autres. L'idée derrière, nous explique-t-il, c'est que nous ne sommes pas égaux en potentiel, et que s'il ne peut pas changer notre potentiel, il peut nous aider à aller au sommet du nôtre.
Nous continuons de nous abreuver.
Moi la première : j’y crois.
En 1ère de classe (comme mes 47 camarades), je me vois dans les bâtonnets du haut. Je me gargarise de satisfaction. C’est à peine si je regarde les bâtonnets du bas.
Sauf que, quelques semaines plus tard, à mes premières mauvaises notes, je déchante.
Je me remémore les paroles de mon prof de maths.
J’y crois toujours.
Et si je m'étais trompée sur mes capacités, et que finalement mon bâtonnet est plus bas ou plus petit ?
Je commence à avoir honte des mauvaises notes. Je les vois comme autant de preuves de mes limites.
Et par conséquent, je me convaincs que je n'ai pas le potentiel nécessaire pour réussir comme d'autres que je côtoie. À quoi bon m’acharner, je n’ai pas ce qu’il faut.
Je cherche des justifications dans tout ce qui me différencie d’eux, et ce n’est pas ce qui manque.
J'ai l'impression "d'échouer" mes concours (oui je réalise aujourd'hui à quel point c'est ridicule).
J’ai mis des années à prendre conscience que cette scène de la rentrée m’avait traumatisée.
Il m’a fallu encore d’autres années (et une meilleure compréhension du fonctionnement du cerveau) pour mettre un nom sur tout ce que cette scène avait eu de problématique, et voir en quoi c’était une erreur de la part ce prof.
Car les managers, comme les enseignants, ont un pouvoir énorme sur la réussite de leurs équipes, par l’état d’esprit qu’ils entretiennent.
Je n’écris pas ces mots pour accuser mon prof de maths.
Il a fait comme il savait. Mais il a probablement endoctriné des générations de futurs leaders, qui continuent de perpétuer cette manière de penser.
Alors quelle erreur mon prof de math a-t-il commise ?
Pourquoi c’est une erreur et comment faire autrement pour donner plus de chances de réussite à nos équipes, en tant que manager ?
Je réponds à ces questions dans le numéro de newsletter de ce soir.
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