Startup Nursery’s Post

« Chérie, faut rentrer asap il se passe un truc grave à Paris… » Quand je prononce ces mots à mon épouse le 10 octobre 2011, il y a 13 ans jour pour jour, je suis en stress total à l’intérieur. C’est fini. Je sais que l’aventure d’expatriation en Chine s’arrête là. Pire encore, les 10 prochaines années que j’avais imaginé pour ouvrir successivement les filiales de l’agence Wayma Group en Indonésie, Australie, Canada et États Unis n’auront plus jamais lieu. Cet événement et les 8 années de calvaire que je vais vivre derrière sont les pires de ma vie. Pour elle, je me sens comme une merde. Je m’en veux. C’est ma faute. J’ai failli à la vision, je lui avait donné des ailes, une envie folle, elle avait quitté son job, accepté d’emmener notre fils de 2 ans à l’autre bout du monde. Au pays du soleil levant, la Chine. C’est un échec cuisant, douloureux, vif. Et ce n’est que le début de l’enfer. À partir de là je vais être sous la pression constante et à un niveau maximal. Les 13.000 km qui me séparent de Paris me paraissent la distance de la terre à la lune. Chaque minute est une torture car la situation est grave : - les 2 associés restés en France ont annoncé leur départ - depuis 10 mois que je suis parti, pas un seul nouveau client signé à l’agence - on a vécu sur le carnet de commande que j’avais engagé avant mon départ - les dettes se sont accumulées car malgré nos demandes insistantes avec Pascal ROCHE, l’autre associé en Chine avec moi, la maison mère n’a pas licencié - nous avons des prêts et emprunts qui courent et des aides COFACE export - etc. Une fois rentré ce que je vais découvrir a failli me tuer. Et mon associé avec. C’est ni plus ni moins qu’une escroquerie, un détournement de clientèle et les coups les plus bas que je vais mettre au jour. J’en parle un peu dans mon interview inversée du podcast #JNPJ - Je Ne Perds Jamais et dans la prochaine qui arrive du podcast de Mehdi Terbeche … Les 8 années qui vont suivre vont être la plus grande épreuve entrepreneuriale que j’ai affronté jusque là. Sur un plan psychologique ce sera même pire que mon crash avec ma 1ere boîte. Cette fois ci il y a trahison, il y a le pire de la nature humaine et ça laisse des traces indélébiles. Cette fois là et toutes les autres qu’il y aura encore, c’est une étincelle, une petite flamme qui vacille qui va me permettre de tenir : « Je ne perds jamais. Soit je gagne, soit j’apprends » J’en ai fait le projet du reste de ma vie. Un écosystème que je construit avec patience, volonté, résilience, audace. Mon associé et ami, le fidèle, le loyal, le frère d’armes des enfers est de la partie. Nous sommes des entrepreneurs. Nous avons ça dans le sang. Malgré les douleurs, les échecs et les peurs, nous avançons. Vous toutes et tous, de 40 ans et plus qui voulez entreprendre, nous sommes là pour vous apprendre. PS : la photo est tout ce qui reste et repart en France par container… un rêve qui s’éteint et qui tient dans 7 malles en fer.