Croissance à long terme : l'importance des institutions d'après les lauréats du prix Nobel 2024
Daron Acemoglu, Simon Johnson et James Robinson viennent de remporter le Prix Nobel d’économie pour leurs travaux mettant en lumière le rôle des institutions dans la croissance à long terme des pays. Les travaux de ces trois économistes soulignent l’importance du type d’institutions adoptées par les pays (extractives ou inclusives) pour expliquer les tendances longues des Etats-Unis. La clé de la prospérité serait donc dans des institutions qui garantissent les droits de propriété, l’application du droit et qui récompensent l’innovation plutôt que la rente.
Ce qu'il faut retenir !
Daron Acemoglu, Simon Johnson et James Robinson distinguent les institutions extractives ou inclusives. Chaque pays est organisé par des institutions, c’est-à-dire une organisation politique et juridique qui dicte la vie en société. Ces auteurs qualifient certaines institutions d’« extractives », c’est-à-dire des pays dans lesquels la richesse vient de l’extraction d’une rente, par exemple une ressource naturelle ou une position sociale. Dans ces pays, les droits de propriété ne sont pas respectés et les barrières au fonctionnement des marchés sont nombreuses. Ce sont généralement des pays peu démocratiques où il n’y a pas de séparation des pouvoirs. Les exemples typiques sont des pays autoritaires dépendants des ressources naturelles (Azerbaïdjan ou Angola par exemple). A l’inverse, les institutions « inclusives » permettent une concurrence transparente et respectent la propriété privée dans des systèmes politiques plus transparents et démocratiques. L’enrichissement résulte alors de la capacité des individus à innover ou à créer de la richesse, l’exemple typique étant celui de la Silicon Valley.
Les institutions des Etats-Unis sont plus inclusives que celles du Mexique, ce qui explique leur écart de prospérité d’après les auteurs. Dans leur célèbre livre « Prospérité, puissance et pauvreté : Pourquoi certains pays réussissent mieux que d'autres », Acemoglu et Robinson comparent la fortune de Carlos Slim, magnat des télécoms mexicains et celle de Bill Gates, entrepreneur dans l’informatique. Le premier a construit sa fortune à l’aide de ses relations politiques et en créant une position dominante sur le marché des télécoms (typique des institutions extractives) alors que le second a construit la sienne en créant de nouveaux produits (typique des institutions inclusives). Les différences d’institutions expliqueraient selon eux l’écart durable de niveau de PIB par habitant entre les Etats-Unis et le Mexique.