De la dimension hollywoodienne de l'invasion du Capitole...
Même dans leurs pires moments, les Etats-Unis baignent dans cet univers hollywoodien si caractéristique de son Histoire palpitante, de sa civilisation très récente et de son incontestable domination culturelle au-delà de ses frontières.
On ne peut s'empêcher de se croire dans un des films cultes américains qui ont marqué notre enfance, notre adolescence, notre maturité, quelque soit notre âge, quelque soit notre affinité (ou pas) avec le pays de l'Oncle Sam.
Parce que l'Amérique, avant d'être un excentrique continent, une gigantesque terre de démocratie, un fabuleux rêve pour des millions, est un concentré de symboles culturels aussi puissants que contemporains ! Et c'est Hollywood qui a été, est et restera le vecteur principal de diffusion et de propagation de ces symboles.
En regardant en direct cette surréaliste invasion du Capitole, je me suis cru un long moment devant une scène dont seuls les pools de scénaristes de Hollywood ont le secret. Un mélange de Western (catégorie de films qui a particulièrement marqué mon enfance) avec un majestueux et intraitable Clint Eastwood en duel avec le grand méchant délinquant 'Wanted', de film d'action dégoulinant de patriotisme héroïque à la Air Force One, où Harisson Ford joue un Président des USA surhumain et immortel, ou encore de réalité-fiction telle une Nuit au Musée où tous les personnages historiques ayant façonné l'Amérique moderne reviennent à la vie soudainement pour nous transporter dans le temps vers l'univers imaginaire des Indiens opprimés d'Amérique, ou des Pères-Fondateurs des USA, ou enfin de ces comics de Super-Héros mythiques que sont Superman, Batman et Spiderman, humains et surhumains à la fois, débarquant au Capitole pour sauver...Donald...non pas Duck, cet autre personnage mythique des Cartoons Disney...mais l'autre...le réel personnage en chair et en os...le populiste.
Celles et ceux qui ont envahi le Capitole hier, harangué.e.s par un dangereux égocentrique refusant de quitter le pouvoir, exprimaient ainsi probablement une certaine nostalgie. Le fameux slogan "Make America Great Again" tant brandi et matraqué par Trump est ce genre de message subliminal dont le but est de raviver le nationalisme ethnocentrique, le patriotisme exacerbé et le repli sur soi. Quoi de mieux que Hollywood et ses symboles pour replonger dans l'imaginaire collectif qui a fait le succès des USA, et qui a consacré sa suprématie culturelle ?
Hier, la fiction Hollywoodienne a rattrapé la réalité Américaine dans une version parodique des plus défigurée.
Mais, cette même fiction Hollywoodienne n'a pas eu assez d'imagination ni de courage (sauf peut-être les Simpson) pour nous dépeindre la (dé)figure du Président sortant, condensé des maux de cette Amérique qui s'est toujours voulue idéale, utopique, irréprochable, devenue amnésique et insensible à ses propres maux, et dont la démocratie tant convoitée est aujourd'hui en danger.