Indra Nooyi, le rêve américain, le génie indien.
“Think hard about time. We have so little of it on this earth.” — Indra Nooyi
Son nom ne vous dit peut-être pas grand-chose. Son visage non plus. Pourtant Indra Nooyi est une des femmes d'affaires les plus puissantes des États-Unis. Elle est une pure incarnation du rêve américain. Partie de rien, cette femme inspirante au destin extraordinaire est ce que l'on appelle un "rôle modele" elle n'est ni une idole, ni une super héroïne mais une leader inspirante qui œuvre pour que les autres le deviennent. Indra Nooyi incite au dépassement de soi et à la sororité invitant chaque femme à ne rien s'interdire et à rêver au plus haut d'elles-mêmes.
Née le 28 octobre 1955 à Madras en Inde et issue d'une famille modeste, Indra Nooyi a commencé ses études à Calcutta avant de partir étudier aux Etats-Unis dans la prestigieuse université Yale grâce à l'obtention d'une bourse. Elle débute sa carrière professionnelle au Boston Consulting Group dans le conseil en stratégie. Rapidement elle exerce des postes à responsabilité dans le management notamment au sein du groupe Motorola et Asea Brown Boveri. En 1994 elle intègre le groupe Pepsico, gravit les échelons un à un et deviendra douze ans plus tard la cinquième présidente du groupe en succédant à Steven Reinemund.
En 2006, de retour dans le pays qui l'a vue naître, elle peut mesurer son incroyable popularité et le chemin parcouru. La petite fille de Madras est devenue une des plus grandes patronnes de la planète, une véritable icône en Inde. Dans un pays qui compte plus de 47 millions de jeunes non scolarisés, l'école reste le seul moyen de transformation sociale et Indra Nooyi en est le parfait exemple. Sa réussite, au delà d'être fierté nationale, a inspiré toute une génération de jeunes filles qui savent désormais que rien ne leur est impossible. Ce retour aux sources est aussi l'occasion pour elle de prendre conscience, que pour beaucoup d'indiens et d'indiennes, la réussite d'un enfant est aussi celle de ses parents. « Quand je suis rentrée et que je me suis assise dans le salon, des visiteurs sont venus et ils n’ont pas arrêté de dire à mes parents : "Vous avez fait du bon travail avec votre fille. Toutes nos félicitations" raconte t-elle, consciente de l'importance qu'ont joué ses parents dans sa réussite. Tout juste de retour aux Etats-Unis elle décide alors d'écrire aux parents de ses salariés « Pour les remercier pour leur contribution à Pepsico ». Touchés et honorés, parents et employés prendront le temps de lui répondre pour la remercier. Cette petite anecdote résume à elle seule la personnalité de cette femme résolument tournée vers les autres.
Saluée par ses pairs pour son sens inné du business, elle est considérée par la presse économique internationale comme étant une des dirigeantes les plus brillantes de sa génération. En 2005 le Wall Street Journal la classe dans les cinquante femmes à suivre, en 2008 le magazine Forbes la placera à la troisième place de son classement des femmes les plus puissantes du monde. Quelques années plus tard le magazine Fortune fera encore mieux puisqu'il la désignera "Femme la plus puissante du monde" alors que le CEOworld magazine verra en elle la "Meilleure PDG du monde".
Elle expliquera dans une longue interview accordée au magazine Forbes les difficultés auxquelles elle fut confrontée tout au long de sa carrière et des sacrifices consentis:
« J’ai eu la chance d’avoir un époux merveilleux, deux beaux enfants, une famille tissée serrée et un emploi extraordinaire en compagnie d’une grande équipe. Mais afin d’arriver et de demeurer au sommet, il y a eu beaucoup de compromis, beaucoup de sacrifices pas toujours saillants et beaucoup de dommages collatéraux. […] Si vous interrogez nos filles, je ne suis pas sûre qu’elles vous diraient que j’ai été une bonne mère. Je ne suis pas sûre… »
En arrivant chez Pepsico Indra Nooyi a tout de suite souhaité faire évoluer le fonctionnement de l'entreprise, sa consommation, la qualité de ses produits, les conditions de travail de salariés notamment dans les usines.
Indra Nooyi aura su, plus qu'aucun autre dirigeant, s'adapter à la transformation de son marché pour mettre en œuvre une stratégie de diversification vers des produits moins gras et moins salés. Elle permettra ainsi au groupe PepsiCo de réduire considérablement sa dépendance à ses sodas (Pepsi, 7up, Kas...), ses boissons énergisantes (Gatorade) ou encore à ses produits snacks (Lays, Doritos…)
Joignant les actes aux paroles Indra Nooyi se lancera dans une série d'acquisitions de boissons éco-friendly et autres marques aux produits nutritifs "peu transformés". Ainsi au premier trimestre 2017 les principales sources de revenus de PepsiCo provenaient de son portefeuille de boissons dites "saines" et des produits aux éléments nutritifs tels que des céréales, des fruits, des légumes(2). Depuis maintenant une décennie PepsiCo s’emploie à se transformer pour répondre aux changements d'habitudes alimentaires des consommateurs et limiter son empreinte environnementale. La société tire désormais la moitié de ses revenus de ses produits en faible teneur en sucre, en gras et sodium. Pour autant il serait illusoire d'imaginer que PepsiCo puisse devenir un jour un champion mondial dans le domaine de la responsabilité sociale et environnementale mais le virage opéré ces quinze dernières années est spectaculaire et mérite d'être souligné. Seul point noir et pas des moindres la volonté de faire cohabiter boissons et snacks, un positionnement difficilement compatible avec une nouvelle vison de l’alimentation et notamment celle de permettre aux plus pauvres d'avoir accès à des régimes plus sains.
Au cours de la présidence d'Indra Nooyi PepsiCo aura augmenté ses revenus de 81 %, à 63,5 milliards de dollars l'an dernier, et son cours de Bourse de 149 % (1). Après avoir dirigé le groupe PepsiCo durant 12 ans - une longévité exceptionnelle à ce niveau - elle tire sa révérence en 2018. Ces derniers mots en quittant l'entreprise seront à l'image de ce qu'elle a été tout au long de sa carrière:
« Aujourd'hui est un jour d'émotions contrastées pour moi, a-t-elle expliqué dans une déclaration officialisant son départ. Cette entreprise a été ma vie pendant près d'un quart de siècle et une partie de mon cœur restera ici pour toujours. Mais je suis fière de tout ce que nous avons fait pour mener PepsiCo au succès. »
En 2019, elle entre au conseil d’administration d’Amazon composé de onze membres, dont cinq femmes, parmi lesquelles, Rosalind Brewer, Jamie Gorelick, Judith McGrath, Patricia Stonesifer et donc Indra Nooyi. Précisons que deux d'entre elles sont issues de minorités. Si Amazon fait office d'exemple en ayant adopter la « Rooney Rule », visant à s’assurer que la liste des administrateurs sélectionnés comprennent des femmes et des représentants de minorités, selon le cabinet Pew Research Center, 5% de femmes dirigent les entreprises membres du S&P 500 (indice boursier regroupant les 500 plus grandes sociétés de Wall Street,). Sur ces 23 femmes Rosalind Brewer, présidente et directrice des opérations de Starbucks, est la seule est Afro-américaine. Quand aux hommes Afro-américains, après le départ de Kenneth Chenault - l'iconique PDG d'Américain Express et rare patron afro-américain du Fortune 500 - ils sont au nombre de quatre sur l'ensemble des entreprises du S&P 500. Les parcours d'Indra Nooyi et celui de Kenneth Chenault présentent d'étonnantes similitudes. Tous deux sont diplômés d'une grande université américaine (Yale et Harvard), tous deux ont gravi les échelons un à un jusqu'au sommet pour devenir PDG de leur groupe. Tous deux sont restés plus de dix ans à la tête de leur entreprise et sont issus de minorités. Le départ de ces deux PDG souligne encore un peu plus l'absence de diversité chez les PDG aux Etats-Unis. Cette non représentativité renforce l’exclusion sociale de celles et ceux qui en font l'objet, et que donc, par renversement, une meilleure mixité et diversité au sein des directions des grands groupes engendreraient une meilleure reconnaissance sociale au sein de l’imaginaire collectif.
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Steve Moradel
Twitter: @Stmoradel
www.Stevemoradel.com
Sources :
1 — L'amblématique patronne Indra Nooyi quitte PepsiCo — Les Echos
2 — PepsiCo’s Indra Nooyi On The Tradeoffs Of Being CEO — Forbes.
3 — Indra Nooyi, ou la stratégie (gagnante) au féminin — Echec & Strat
Commercial Freelance B to B et B to C - Community Manager - Graphic Designer
2y"parti de rien" ça tranche avec votre article sur la diversité dans les startups. Pour dire si j'ai compris que la communauté à sa part dans la réussite.
Merci de cette belle découverte ! Indra Nooyi est un #RoleModel ✨
Directeur général chez DOMAINE DE L'ARCHITECTE
5yVeqbrjo
CBD (cannabidiol) is one of over 60 active chemical compounds (or ‘cannabinoids’)in the marijuana plant, behind THC.
5ywww.linkedin.com/in/weed-pill-cbdoil9712
Olympics Innovation Program Director #Paris2024 @Orange, Co-founder @TheBigBangAI, @IMMParis alumni
5yHello Steve, encore un post super intéressant ;) Étonnamment durant ses années Pepsico, Nooyi a fait croître l'entreprise et son cours de bourse, mais pas le profit. Peut-être est-ce là le prix à payer pour une entreprise plus responsable, respectueuse de ses clients et de ses salariés? Food for thoughts...