Pourquoi aborder autrement les enjeux des villes ? Les défis des villes sont considérables et nous demandent des réponses individuelles et collectives dès à présent à la hauteur des enjeux de concentration de 70 % de la population mondiale dans les zones urbaines. L’irruption numérique dans nos quotidiens, objets et bâtiments connectés, open data, géolocalisation, innovations en intelligences artificielles, créent de nouvelles relations aux espaces urbains et habitats, une évolution de nos modes de vie et mobilités, et de facto d’autres conditions et formes d’engagement des acteurs de la ville pris dans leur diversité. Les enjeux sont importants.
Posons le postulat qu’il n’y aura pas de villes intelligentes sans intelligences humaines et collectives, et sans nouvelles façons de coopérer, accueillir, hybrider. Il n’y aura pas de villes dites de demain sans acteurs des villes de demain eux-mêmes transformés. L’on assiste à une imbrication complexe des nouveaux usages, espaces et territoires qui pose la question de gouvernance et donc de confiance entre acteurs des villes et de rôles dévolus à chaque partie prenante.
Penser à des démarches collaboratives, intelligentes et connectées, circulaires, avec des acteurs hétérogènes, revient à penser la complexité des villes. D’autant plus que nombre de ces grands acteurs de la ville n’ont pas eux-mêmes transformé en profondeur leurs pratiques et leurs modèles pour devenir des acteurs numériques à part entière, en faisant converger technologies et compétences humaines.
Il nous semble intéressant de souligner dans nos réflexions des démarches ambitieuses et novatrices opérées proches de nous, à l’image du projet de ville intelligente de la métropole de Dijon, de Nantes dans ma poche, de l’optimisation des stationnements à Versailles, et à l’international telles que Copenhague pour son approche des espaces urbains, Barcelone pour le Smart citizen, Séville, Lisbonne, Londres pour l’open data, Détroit, San Francisco pour la recherche de masse critique, Issy les Moulineaux pour Issy Grid, Montréal en ville LAB, Canton ou Doha pour les smart cities.
Un défi essentiel réside dans l’impulsion à grande échelle bien au-delà du test and learn et des expérimentations micro-économiques initiées ici et là, qui se heurtent à la difficulté de raisonner en grand, à l’échelle d’un territoire, d’une région, d’un Etat. La question des modèles des villes et de la prise en compte combinée de leurs dimensions économiques, environnementales, technologiques, institutionnelles et sociétales sont au cœur de nos enjeux. Au niveau des villes, on s’inscrit dans des temps longs et prospectifs, dans les scenarii d’investissements en infrastructures pluriannuels, les décisions à prendre, les réalisations effectives, apparente contradiction ou paradoxe avec des acteurs des villes qui eux-mêmes vivent dans l’instantanéité du court terme voire au mieux du moyen terme. Réconcilier les temps court et long dans l’action urbaine est une nécessité.
Pour une approche systémique des villes. Les problématiques urbaines sont de plus en plus entremêlées et inclusives touchant à la fois à des questions de santé et environnement, mobilités et populations, nomadisme et modes de travail, tourisme et culture, éducation et collectif, économie et emploi, sureté et confiance urbaine, espaces urbains et immobilier, infrastructures et services. Aujourd’hui, les revendications citoyennes portent sur des villes à une échelle plus humaine et apaisées, accessibles à tous et durable, connectées et intelligentes, tout en respectant les libertés individuelles. Est-ce compatible et jusqu’où ?
Face à ces mutations structurelles, les acteurs des villes ont à faire évoluer leurs modèles économiques et organisationnels, leurs offres et leurs relations avec leurs publics dans les écosystèmes existants pour faire autrement, être plus influents, mieux en phase avec les tendances sociétales nouvelles. Cela concerne autant les entreprises que les acteurs territoriaux, collectivités, associations, société civile, monde académique et éducatif, qui sont et font les villes. Conséquence de ce contexte multiforme, l’approche des villes doit désormais être systémique, hybride voire circulaire en croisant les regards, les pratiques, les réponses. Mais de quels écosystèmes des villes de demain parle-t-on ? Avec quelle forme de leadership ?
POINTS DE REPERES
23 villes de plus d’un million d’habitants en Europe
345 villes de plus de 100000 habitants en Europe
25 % de la population aux Etats-Unis vit dans des villes de plus de 5 millions d’habitants
1 européen sur 4 vit dans des villes petites et moyennes ou banlieues comptant entre 5000 et 100000 habitant
La résilience urbaine (la ville comme écosystème) passe en effet par une refonte complète de la gouvernance. Toute la question est de parvenir à diffuser largement des modèles qui restent encore émergents...
Secrétaire Générale
6yLa résilience urbaine (la ville comme écosystème) passe en effet par une refonte complète de la gouvernance. Toute la question est de parvenir à diffuser largement des modèles qui restent encore émergents...