C'est beau, une cigarette en plein hiver.
On est assis à la terrasse d'un café, le froid vous pique le visage, mais la chaleur douce de la fumée vous enveloppe, comme un manteau clandestin.
On regarde les passants, ces silhouettes pressées qui filent sans se retourner, on regarde les pigeons qui sautillent sur le bitume, jouent avec la lumière grise du soleil fuyant. Il y a quelque chose de très cinématographique à tout ça, une scène de film en noir et blanc qui aurait le goût d'une autre époque.
Fumer, c'est le charme et l'élégance. Une pose, une attitude. Et puis, il faut bien mourir de quelque chose, non ? Autant que ce soit avec style. Mourir de cette façon, en gardant ce petit air de défi, en exhalant la fumée comme une ultime provocation à la fatalité. On a l'impression de tenir quelque chose, de le contrôler.
Mais il y a cette voix, le soi de demain qui murmure. Celui qui sera alité dans une chambre stérile, à regretter ces bouffées de multiples toxiques maquillés de nicotine qui, une à une, ont empoisonné des futurs qui auraient pu être épargnés.
C'est moche de mourir à petit feu, sans jamais vraiment y prêter attention.
De savoir et de n’en rien faire, parce que « demain », c'est loin, c'est abstrait, c'est un autre. On croit qu'on peut esquiver l'échéance, faire de l'avenir une fiction à laquelle on n'aura jamais à se confronter.
Il en faut, du courage, pour renoncer à ces bouffées qui comblent le vide, qui jouent l'apaisement, pour dire non à ce geste réconfortant qui ponctue nos échecs comme nos petits triomphes.
Il en faut, de la force, pour abandonner ce qui est devenu un rituel, un balisage des moments de peine et des soirées de fête.
Pourtant, ce courage, il est nécessaire. Parce que le moi de demain, celui qui ouvrira les yeux sur une vie sans cancer, pourrait le remercier. Parce qu'il n'est pas question de classe, de bravoure, de poésie de la décadence. Juste de l’envie de vivre, de ne pas finir par devenir une ombre allongée dans un lit d'hôpital qui regrette « de ne pas avoir arrêté assez tôt ». Tendre la main à ce futur éventuel, offrir un espoir à ce soi de l’avenir.
Novembre est le Mois Sans Tabac.
C'est le moment que vous pouvez choisir pour arrêter de fumer.
Plus de poésie, juste une réalité : chaque cigarette en moins est un risque de moins pour votre santé. Il y a des associations et des professionnels qui peuvent vous aider à arrêter. Vous n'êtes pas seul, des solutions existent pour vous accompagner. Plus tôt vous arrêtez, plus grandes sont vos chances de vivre une vie plus saine et plus longue.
Je vous l'affirme, on peut tout autant profiter d'un rayon de soleil ou d'un après-midi d'hiver, sans pour autant serrer la mort au bout de ses doigts. Il y a des plaisirs qui n'ont pas besoin de cigarette pour exister.
Fumer, c'est facile. Arrêter, c'est ça, le vrai défi