2024, une année pauvre en îlots de chaleur à Rennes ?
🏡 Depuis 20 ans, le réseau rennais de suivi des ICU (îlots de chaleur urbain) permet de documenter leur intensité et leur fréquence. Diverses publications consultables sur le site run.letg.cnrs.fr nous apprennent que la différence moyenne de température entre le centre-ville de Rennes et la campagne est d’environ 1,5 degrés (toutes heures confondues). Mais comme l’ICU est un phénomène nocturne (quand la ville restitue à l’atmosphère la chaleur accumulée pendant la journée), il vaut mieux regarder les différences sur les températures minimales : dans ce cas la différence de température entre le centre ville de Rennes et la campagne est de 2,3 degrés.
📌 En 2024, cet écart moyen n’a été que de 1,8°C, soit la plus faible valeur observée depuis le début du réseau (en 2004). L’ICU quotidien le plus élevé, qui dépasse en général 7 degrés (et jusqu’à plus de 8 degrés en juillet 2022), a aussi connu sa valeur la plus faible de la série : 5,5°C ! Si on regarde le nombre de jours avec un ICU supérieur à 4°C (considéré comme un ICU fort) cela ne s’est produit que 37 fois en 2024 soit une nuit sur 10, alors qu’en 2022 c’était plus d’une nuit sur cinq... Ceci est repris en fréquence pour chaque année sur la figure ci-jointe : on y voit aussi que les fréquences de faible ICU ont été majoritaires (60% des cas) en 2024.
❓ Bref, quel que soit l’indicateur, l’année 2024 est celle où les ICU ont été les moins fréquents et les moins intenses à Rennes depuis 20 ans. Comment l'expliquer ?
🌡️ On pourrait faire le lien avec l’impression que 2024 a été une année fraîche. En réalité, la température moyenne de 2024 est 0,4°C au dessus de la moyenne : 2024 est une année plutôt chaude, ce qui confirme que les ICU ne dépendent pas de la chaleur moyenne.
🌧️ Une deuxième explication pourrait être liée au temps pluvieux qui a marqué plusieurs séquences de l’année 2024... Mais, là aussi, quand on regarde le volume de précipitations, 2024 ne dépasse que d’assez peu la moyenne interannuelle. Ce n’est donc pas la quantité précipitée (ou même le nombre de jours de pluie) qui compte.
🌥️ En fait, l’explication tient au temps souvent gris qui a régné en 2024. Avec 1552 heures d’ensoleillement à Rennes en 2024, il s’agit de l’année la moins ensoleillée depuis près de 30 ans. La couverture nuageuse a deux conséquences pour les ICU : elle limite le réchauffement différentiel des surfaces pendant la journée et elle joue comme un couvercle qui homogénéise les températures la nuit. Cela permet de mettre en avant un paramètre de contrôle des ICU bien plus pertinent : l’amplitude thermique diurne, c’est à dire la différence de température entre le jour et la nuit. Et en 2024 à Rennes, elle n’a été que de 8,3°C, soit la plus faible valeur de la série.
💡 En résumé c’est la fréquence des journées couvertes, peu ensoleillées avec peu de différence de température jour-nuit qui explique les faibles ICU à Rennes en 2024.