Monsieur le Président, madame la Ministre,
Lorsque j’ai présenté le projet « Territoires Zéro chômeur de Longue Durée » lors de ma venue au ministère des Finances en 2015, j’ai soigneusement souligné que les départements devraient participer financièrement de façon totalement libre. Cette liberté faisait partie de l’expérimentation. La première phase expérimentale ainsi mise en œuvre, les départements ont largement considéré que le montant du RSA évité pouvait naturellement être reporté sur le financement des « emplois aidés ». C’était prévisible et dans la logique de l’expérimentation.
Lors de la deuxième étape expérimentale, la ministre du Travail, Madame Pénicaud, a supprimé cette liberté et imposé aux départements un paiement considérable (3 000€/ETP) pour le cofinancement des emplois.
Cette contribution non prévue, exigée arbitrairement et sans concertation, a cassé la dynamique expérimentale. Les départements qui s’étaient engagés au moment de la première étape se sont retrouvés piégés et plusieurs d’entre eux sont revenus sur leurs engagements. Ce revirement a eu des conséquences considérables : entre autres, la perte de confiance dans la parole de l’Etat.
Au bout du compte, ce sont les personnes victimes de la privation d’emploi qui en pâtissent. C’est injuste et c’est même cruel lorsqu’on sait les souffrances qu’elles endurent.
Ici, à Saint Leonard de Noblat par exemple, après tant d’efforts bénévoles émanant de personnes déjà tellement peu favorisées, les personnes privées d’emploi se voient refuser l’emploi qu’ils avaient longuement élaboré pour sortir d’une situation de privation vécue comme insupportable. Comment expliquer cette indifférence à leur égard ?
Financièrement, la décision était injuste. A proportion de l’argent public géré réellement par chaque échelon politique (Etat, régions, départements, communes), pour un apport de l’Etat de 20 000 euros, le département aurait dû verser au maximum 580 euros ! Lui demander 3 000 euros revient donc à le surtaxer de manière clairement dissuasive. Pourquoi cette option brutale et sans concertation ?
Une explication, pourtant, se profile... mais celle-ci découle d’une idée reçue à ce point fausse que je n’ose penser que ce soit la raison : l’emploi aidé coûterait très cher et donc le coût de l’emploi aidé rendrait sa multiplication indésirable ?
Nos entreprises, Monsieur le Président, sont loin de coûter au contribuable. Elles apportent au total aux caisses publiques davantage d’argent que ce qu’elles n’en reçoivent, à condition de compter aussi l’argent public économisé en allocations évitées.
Un emploi plutôt qu’une allocation !
C’est notre souhait pour la France et dans cet esprit citoyen nous vous transmettons, Monsieur le Président, l’expression de notre respect.
Pour le Conseil d’administration
Le président, Patrick Valentin