Francophonie : et le livre ?
Les médias ne se sont pas beaucoup intéressés, parmi les manifestations accompagnant le sommet de la Francophonie des 4 et 5 octobre, aux Rendez-vous du Livre francophone. Organisés par le BIEF (Bureau international de l'édition française) du 1 au 3 octobre, leur programme a semblé alléchant, et l’intention forte était ainsi résumée : « 𝐋𝐞𝐬 𝐦𝐚𝐢𝐭𝐫𝐞𝐬 𝐦𝐨𝐭𝐬 𝐝𝐞 𝐜𝐞𝐬 𝐭𝐫𝐨𝐢𝐬 𝐣𝐨𝐮𝐫𝐧𝐞́𝐞𝐬 : 𝐟𝐚𝐢𝐫𝐞 𝐮𝐧 𝐜𝐨𝐧𝐬𝐭𝐚𝐭 𝐥𝐮𝐜𝐢𝐝𝐞, 𝐦𝐨𝐝𝐞𝐫𝐧𝐢𝐬𝐞𝐫 𝐥𝐞𝐬 𝐝𝐢𝐬𝐩𝐨𝐬𝐢𝐭𝐢𝐟𝐬 𝐞𝐭 𝐢𝐝𝐞𝐧𝐭𝐢𝐟𝐢𝐞𝐫 𝐥𝐞𝐬 𝐧𝐨𝐮𝐯𝐞𝐥𝐥𝐞𝐬 𝐬𝐨𝐥𝐮𝐭𝐢𝐨𝐧𝐬 𝐜𝐨𝐧𝐜𝐫𝐞̀𝐭𝐞𝐬 𝐚̀ 𝐦𝐞𝐭𝐭𝐫𝐞 𝐞𝐧 𝐩𝐥𝐚𝐜𝐞. »
Mais il y avait maldonne, et cela tient déjà au statut de l’organisateur. Le BIEF, c’est compréhensible, considère surtout ce qui peut favoriser la circulation du livre français, rebaptisé « francophone » pour l’occasion, avec un coup de projecteur sur les librairies ; une autre dimension abordée était l’accueil des auteurs francophones dans les maisons d’édition (en particulier françaises). Mais du soutien à la consolidation de l’édition en francophonie, il ne fut question que marginalement. Or, c’est ce qu’on est en droit d’attendre de la Francophonie, pour réduire l’éternelle fracture Nord-Sud.
Les éditeurs africains ont pourtant fait valoir leurs habituelles préoccupations. Il y en a (au moins) deux : les maisons d’édition du Nord continuent à « pomper » les auteurs des pays du Sud, dès lors qu’ils présentent un potentiel commercial. Un phénomène qui s’est accentué ces dernières années avec une multiplication des petites maisons d’édition qui, en France par exemple, se sont installées sur le créneau porteur des auteurs africains. Ceux-ci cèdent aisément aux sirènes d’un marché évidemment plus attrayant.
L’autre problème concerne la cession de droits : les éditeurs français n’y consentent que difficilement, et à des conditions souvent rédhibitoires. Ce n’est bon ni pour les livres créés en France mais réservés à l’importation et donc bien trop chers ; ni pour les éditeurs qui ne peuvent tirer parti de succès commerciaux à l’étranger sur leurs petits marchés. Les efforts de soutien à la cession (par exemple par l’Institut français) sont bien trop timides, et se heurtent de toute façon aux réticences des entreprises françaises.
Ces problèmes sont anciens, et rien n’a vraiment avancé malgré les colloques et les multiplications de bonnes intentions. Pire, la Francophonie est totalement absente, elle qui devrait développer des coopérations puissantes pour renforcer le secteur de l’édition en Afrique. Ce n’est évidemment pas l’objectif du BIEF, mais on aurait pu s’en douter…
Coprésidente at Bob Agence | Relation client, culture et organisation
2 sem.On a adoré cette collaboration, c'est un sujet qui nous tient à coeur. Merci ++