Post de Benjamin Potier

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Avocat associé chez CPC & Associés

Cette histoire n’est pas des plus heureuses, mais elle est néanmoins intéressante : Après avoir chargé les planches de bois qu'il venait d'acheter, avec l'aide d'un employé du magasin, sur une remorque attachée à sa voiture, un homme a perdu la vie dans un accident de la route. L'accident a été causé par le décalage de la remorque, qui était trop chargée. À qui la faute ? Est-ce :  🔹 À l’acheteur, malheureusement décédé, propriétaire du véhicule et de la remorque surchargée Ou 🔹 Au vendeur des matériaux sur le fondement d’un manquement à son obligation de  sécurité, d’information et de mise en garde ? La question de la responsabilité se pose.  Le vendeur faisait valoir qu’il n’était pas chargé du transport de la marchandise vendue, ni même du chargement du véhicule du client. Pour autant, il avait bien aidé le client à charger son véhicule. Dans l’arrêt, la première chambre civile de la Cour de cassation a confirmé la condamnation du vendeur, tenu de réparer le préjudice subi par les proches de l’acheteur décédé. L’affaire est intéressante, car elle souligne la portée des obligations d’information et de conseil dans le cadre d’un contrat de vente. Le vendeur a échoué à remplir son devoir d’information, en ne renseignant pas l’acheteur sur les risques liés à la surcharge.  Même si les juges du fond avaient évoqué une obligation de sécurité, la Cour de cassation a préféré fonder sa décision sur le manquement à l’obligation d’information et de conseil, obligation inhérente au contrat de vente. Cette décision met en lumière l'importance pour les vendeurs de fournir toutes les informations nécessaires, y compris sur les modalités de transport des biens vendus.  On peut considérer que les  juridictions vont un peu loin sur la portée de l’obligation d’information du vendeur… A vrai dire c’est mon opinion. Et la solution est étroitement liée aux circonstances particulières de l’affaire, dans laquelle le vendeur avait bien participé au chargement et avait pu constater, par lui-même, que le chargement était instable. Ce n’est donc pas un arrêt de principe. Et les professionnels risquent d’être tentés de refuser d’aider leurs clients s'ils n'y sont pas obligés, et de faire le strict minimum, pour ne pas voir leur responsabilité engagée au delà de leurs prévisions. Mais le fait est que, compte tenu de cette jurisprudence de plus en plus extensive, les professionnels doivent anticiper les usages non-professionnels de leurs produits et alerter leurs clients sur les risques potentiels. Autant le savoir : la responsabilité du vendeur ne s’arrête pas à la qualité des produits vendus, mais implique aussi la bonne information sur les risques et précautions à prendre. Des questions ? Je me ferai un plaisir de vous répondre dans les commentaires. Source : https://lnkd.in/eY_J9cpF

Madeleine Maire

Avocate associée at Altéa Avocat

3 mois

Bonjour, merci pour ce partage intéressant sur la responsabilité. Serait-il possible s'il vous plait d'avoir les références de l'arrêt?

Laurence Khashimov-Fara

Avocat | Droit du numérique | E-commerce | Contrats | Droit des sociétés | Droit commercial 🇺🇸🇩🇪🇷🇺

3 mois

Benjamin Potier Cher confrère pourriez-vous s’il vous plaît partager les références de cet arrêt ? Merci d’avance

Matthieu Laurent

Agent général d'assurances exclusif AXA Prévoyance & Patrimoine | Conseil, service, accompagnement, en gestion de patrimoine et en assurances | Mes clients avant tout ❤️

3 mois

Terrifiant. Aux yeux du droit, être un « non-professionnel » exonère donc de tout bon sens? Ne parlons même pas du code de la route et de toutes les interdictions explicites de conduite au delà du poids total à charge autorisé. La justice de ce pays marche sur la tête, ce n’est qu’un exemple moins médiatique mais tout aussi terrifiant que les multirécidivistes malades mentaux en bracelet électronique.

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