Suite au reportage de M6, on voit se dérouler le nième feuilleton de la série "indignation et contrôle de l'Etat vs ne généralisons pas et donner nous plus de moyens des ESSMS". Et comme après les épisodes précédents, rien ne changera.
Parce qu'à rebours d'une dynamique croissante d'inclusion dans les pays sociodémocrates, des discours, de plus en plus audibles en France, disent stop à l'inclusion.
Parce que si un tiers des français considèrent qu'il est normal de ne pas accorder les mêmes droits aux personnes en situations de handicap (PSH) qu'aux autres citoyens, une large majorité, y compris dans le secteur médicosocial, n'est pas dérangée par le déni de droits envers ces personnes.
Parce que pour la grande majorité des acteurs le seul responsable du problème c'est l'Etat. Les dirigeants des ESSMS et une bonne partie de leurs personnels ne réclament que des places en plus et des moyens supplémentaires, sans jamais questionner l'institutionnalisation déjà énorme et qu'ils veulent croissante des PSH/PA, 2 fois supérieure à la moyenne européenne et 4 fois à la moyenne canadienne.
Parce que l'enfermement favorise la maltraitance et les toutes les formes de violence.
Parce qu'il est impossible de concilier règles collectives et respect des droits individuels, ces derniers étant toujours sacrifiés au profit des règles de sécurité, de gestion et des intérêts financiers des gestionnaires de ces établissements.
Le "toujours plus de places" se justifie par l'incapacité du milieu ordinaire à accueillir et soutenir correctement les PSH/PA. L'Etat en a la volonté politique, mais, englué dans sa vision médicale et réadaptative du handicap, il pense pouvoir faire de l'inclusif avec des AESH mal formé(e)s, des "places" en habitats inclusifs gérés par des ESSMS, des parcours d'un établissement à un autre, ... C'est à dire en ne changeant rien aux environnements ordinaires pour les rendre accessibles, non-discriminants et adaptés / aidants : les 3 critères indissociables de tout environnement inclusif.
Le manque de moyens est mis en avant pour expliquer la crise des secteurs social et de l'enseignement, passant largement sous silence la perte de sens, de motivation, des professionnels qui y travaillent.
Il y a 8 jours je republiais une excellente vidéo sur les préjugés envers les personnes trisomiques, accompagnée du message : "Ce sont les environnements inaccessibles, stigmatisants, discriminants, excluants, en raison de préjugés / stéréotypes, aux fondements capacitistes, qui créent le handicap... A chacun de nous de choisir dans quelle approche nous nous situons". Elle a été vue à ce jour plus de 33.000 fois, saluée plus de 450 fois et repartagée plus de 110 fois. Ce qui démontre un vrai intérêt des acteurs du médicosocial pour une autre approche du handicap, biopsychosociale, fondée sur les droits humains, plus porteuse de sens et de réels progrès. Nos politiques et dirigeants d'associations gestionnaires ne peuvent plus l'ignorer.
🌈J'accompagne les ESSMS à identifier leurs points forts 👀, les mettre en valeur et les cultiver 💎, trouver des leviers d'amélioration actionnables 🎯 et développer les compétences à chaque étape 🚀
8 moisJe trouve intéressant d'aller parcourir cette étude. Elle montre que quitter le milieu protégé vers le milieu ordinaire, c'est possible. Elle réaffirme les enjeux de permettre l'autodétermination des personnes en situation de handicap et de faciliter la création d'un réseau social non dépendant de l'ESSMS pour faciliter les périodes de transition. Elle apporte néanmoins peu de billes concernant la pluralité des formes d'inclusion. Elle ne répond pas non plus à la question de l'identification des personnes pour qui le milieu ordinaire n'est pas une demande, et ne répondrait pas à leurs besoins. La difficulté mise en avant par la recherche étant que certaines personnes ne demandent pas, car elles n'imaginent pas la possibilité. Quelles sont les proportions de ces trois populations en ESSMS : celles qui expriment une demande (écoutée ou non), celles qui n'osent pas ou ne savent pas qu'elles pourraient demander, celles qui ne souhaitent pas de changement ? Quels sont les facteurs/compétences/ressources qui permettent à la personne de réussir une transition du milieu protégé vers le milieu ordinaire ? Une étude quantitative complémentaire permettrait d'orienter les accompagnements pour favoriser ces transitions.