La récente vague de chaleur aux États-Unis a engendré des perturbations majeures pour les usagers d'Amtrak, la compagnie ferroviaire, notamment des retards prolongés causés par une panne de courant le 20 juin après que les températures ont atteint 36 degrés Celsius à Newark.
Cette panne a interrompu le service sur une section de 150 miles du corridor ferroviaire le plus sollicité du pays pendant plus de trois heures.
Selon une analyse du New York Times, l'année fiscale 2023 a vu les retards liés aux intempéries accumuler plus de 4,010 heures, un record sur au moins 20 ans.
Près de 30% de ces retards étaient attribuables à la chaleur, totalisant environ 1,200 heures.
Les voies en acier, particulièrement sensibles aux hautes températures, peuvent subir des déformations nommées "sun kinks", nécessitant une réduction significative de la vitesse des trains pour prévenir les accidents.
Louis S. Thompson, ex-directeur de la Federal Railroad Administration, avertit que ces incidents peuvent être fatals si un train les rencontre.
Face à ces défis, Amtrak, par la voix de sa porte-parole Olivia I. Irvin reconnaît que l'augmentation des températures mondiales complique la gestion du réseau, bien que les retards récents dans le Corridor Nord-Est ne soient pas directement causés par la chaleur.
En 2022, l'entreprise a mené une évaluation des risques climatiques affectant son infrastructure dans le Nord-Est pour mieux y répondre.
Ces problèmes touchent également les réseaux de transport en commun régionaux comme New Jersey Transit, SEPTA en Pennsylvanie et MARC dans le Maryland, qui partagent les infrastructures d'Amtrak.
Sans investissements conséquents dans le vieil appareil ferroviaire, les experts, dont Jim Mathews, de la Rail Passengers Association, prédisent une augmentation des retards.
En 2023, les températures élevées ont causé près de 60% des retards liés à des conditions météorologiques spécifiques, ajoutant plus de 230 heures de voyage.
Jacob Helman, de Resilient Analytics, souligne que les ordres de limitation de vitesse en cas de forte chaleur entraînent des coûts élevés.
Les lignes électriques aériennes, utilisant une technologie des années 1930, sont également vulnérables, s'affaissant sous la chaleur et perturbant la transmission électrique.
Allan Zarembski, professeur à l'Université du Delaware, indique que des solutions techniques comme le préchauffement des rails avant leur installation existent pour mieux résister aux températures élevées.
Cependant, il déplore un manque de volonté politique pour financer les nécessaires mises à niveau de l'infrastructure dans un contexte de changement climatique.
