Roger Pernat :« Mon obsession, c’est de pérenniser l’entreprise »
Du haut de ses 79 printemps, Roger Pernat gouverne son empire éponyme spécialisé dans la pièce automobile, depuis #Marignier en Haute-Savoie. Le « dernier Mohican » du #décolletage s’externalise et reste confiant – mais vigilant – face au « tout électrique ». #Interview.
Quelles sont les origines de la société Pernat ?
Cette entreprise a été créée il y a près de 100 ans par mon père, Emile Pernat et mon oncle Louis. Après la guerre, mon père a continué seul. L’entreprise s’est développée peu à peu avec l’arrivée de mes frères : nous sommes une fratrie de cinq garçons. Je suis entré le dernier dans l’entreprise, en 1971 : je l’ai codirigée avec l’un de mes frères jusqu’en 1985, date de son départ à la retraite. A l’époque, il y avait 40 personnes. Aujourd’hui, le groupe compte 600 salariés. En 2015, j’ai fait entrer le Fonds automobile, le FAA, qui est une émanation de la BPI ainsi que deux banques locales, la BPA et le Crédit Agricole mais Je reste majoritaire avec environ 70% des parts.
Pernat Industrie compte six filiales en France dont cinq en Haute-Savoie et deux hors de l’Hexagone, en Turquie et la Roumanie. Pourquoi ce choix ?
La Roumanie et la Turquie sont deux sites qui m’ont été expressément recommandés par le constructeur Renault, du temps où tout le monde s’externalisait dans les pays « low cost ». Si vous n’y alliez pas, vous étiez hors-jeu. La Turquie compte 30 salariés ; la Roumanie, 80. En France, nous sommes implantés à Bordeaux, avec 80 personnes et 350 salariés en Haute-Savoie (Marnaz, Marignier, Scionzier, deux à Cluses et Saint-Médard-en-Jalles, NDLR).
Comment se portent les affaires en Turquie et en Roumanie ?
Actuellement, la Turquie est un point de vigilance. Quand j’ai installé notre filiale en 2016, la valeur de la livre turque (TL) était de 3,50 pour 1€. Aujourd’hui, elle est passée à 38 TL pour 1€. Cette dépréciation de la monnaie turque est à mettre en vis-à-vis avec l’inflation : Un décalage se crée entre la dépréciation de la monnaie et l’inflation ce qui génère des problèmes de coûts. L’année dernière, les salaires ont connu une hausse de 90% atteignant 600€ pour l’équivalent Smic. Quant à la Roumanie, c’est l’Europe – même si ce n’est pas la zone euro – et la monnaie – le leï -, est relativement stable. Ce site est plus simple à gérer malgré les problèmes de fidélité du personnel.
Etant donné le contexte en Turquie, comptez-vous rapatrier votre production en France ?
Cela ne marche pas comme ça : il y a un mauvais moment à passer en Turquie mais je pense qu’au plan économique et notamment monétaire, une dévaluation importante devrait survenir qui permettra de revenir un à niveau low cost comparable à la Roumanie ou au Maghreb. La Turquie ne peut pas rester au niveau de coût...
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