La Ligue de football professionnel (LFP) a récemment attribué les droits de diffusion télévisuelle à DAZN (malgré les pertes substantielles accumulées depuis sa fondation en 2016, estimées à 6 milliards de dollars) et beIN pour près de 500 millions d'euros par saison, un montant bien en dessous des attentes initiales.
Cette décision, loin de l'objectif d'un milliard d'euros espéré, a suscité de vives réactions parmi les présidents des clubs, notamment Vincent Labrune, Jean-Pierre Caillot (président du Collège Ligue 1 et du Stade de Reims), Jean-Pierre Rivère (vice-président du Collège Ligue 1 et président de l'OGC Nice) et Laurent Nicollin (président du syndicat Foot Unis et du Montpellier HSC).
Ces derniers ont même lancé un audit au sein de la LFP et de sa société commerciale LFP Media face à des résultats jugés « pas au niveau » des investissements réalisés.
Joseph O. Oughourlian, patron du fonds Amber et propriétaire du RC Lens, a exprimé son mécontentement sur LinkedIn, soulignant que les clubs de Ligue 1 n'avaient jamais reçu aussi peu de revenus issus des droits télévisuels, avec seulement 9 millions d'euros alloués au RC Lens.
La stratégie de négociation adoptée par la LFP a été critiquée par Pierre Maes, consultant en droits TV.
Il rappelle que l'appel d'offres lancé très tardivement par la Ligue, avec une mise à prix plutôt qu'un prix de réserve, n'a initialement attiré aucune offre.
Une première proposition de DAZN, à hauteur de 500 millions d'euros, avait été rejetée dans l'espoir de maintenir beIN, un opérateur qui ne souhaitait pas continuer de partenariat avec la LFP.
L'incapacité de nouer une relation durable avec Canal+, l’échec de l'appel d'offres de février 2021, l'attribution des droits à Amazon, et la création d'une société commerciale sont le signe des échecs répétés de la LFP, qui a n’a pas su voir la stagnation et le déclin des droits TV de la Ligue 1 depuis la fin des années 2010.
Dans ce climat tendu, Cyril Linette, ancien patron des sports de Canal+, recommande de garder son sang-froid et de se concentrer sur les économies nécessaires, étant donné que les revenus sont inférieurs de 25 à 30% aux prévisions.
Il suggère également de bien intégrer DAZN, le nouveau partenaire, tout en préparant les arbitrages budgétaires sans compromettre les projets de développement futurs.
Concernant la potentialité de lancer une plateforme propriétaire pour diffuser les matchs dès cette saison, tant Cyril Linette que Pierre Maes s'accordent à dire que cela aurait été une décision précipitée.
Avec des droits TV nets de 500 millions d'euros, les clubs français demeurent nettement en retrait par rapport à leurs concurrents du Big 5, impactant ainsi la qualité des joueurs présents dans les compétitions françaises.