Dans les années 1980, une équipe qui a expérimenté cette démarche pédagogique. Des précurseurs, peut-être, mais surtout des enseignants qui proposaient à leurs élèves une démarche qui satisfaisait tous les élèves, qu’ils soient en difficulté ou non. Nous n’avons eu que de bons échos de cette technique d’enseignement.
Nous regroupions trois classes d’un même niveau en sixième ou cinquième. Ces classes restaient hétérogènes pour l’ensemble des autres matières et l’équipe éducative y tenait pour le bon équilibre de l’établissement et l’épanouissement de nos élèves.
Pour notre matière, nous nous retrouvions à quatre professeurs volontaires pour réaliser l’expérience. Nous adaptions les plannings des trois classes pour que toutes les heures de mathématiques puissent être enseignées en même temps. Nous formions quatre groupes. Le 1 avait davantage d’élèves qui ne rencontraient pas de difficultés. Le 4 était en effectif réduit pour pouvoir aider ces élèves en difficulté, parfois fâchés avec la matière.
Dès le début de l’année, les professeurs fixaient ensemble une progression du programme. Chacun découvrait la notion nouvelle avec son groupe et était libre de proposer les exercices d’approfondissement ou de soutien qu’il jugeait les mieux adaptés au niveau de ses élèves. En fin de chapitre, à une date que les enseignants avaient fixée à l’avance, les élèves se penchaient sur le même devoir élaboré par l’ensemble des profs. Un devoir commun qui n’avait d’autre but que de vérifier si les notions de base étaient bien acquises.
Après correction du travail, les élèves pouvaient demander ou non un changement de groupe. Les professeurs pouvaient aussi le proposer, mais, curieusement, ce n’était pas le cas le plus fréquent. Les élèves ressentaient d’eux-mêmes s’ils devaient monter ou descendre dans les groupes.
La réussite de cette expérience a été totale. C’était exigeant pour les professeurs tenus de travailler ensemble. Par ce biais, les plus jeunes avaient la chance de profiter de l’expérience et des conseils des plus âgés. Il faut noter la charge supplémentaire pour l’établissement qui devait adapter le planning. Nous avons pu expérimenter avec quatre classes et cinq professeurs avec le même succès.
Les retours des familles étaient plus que favorables. Des parents, des anciens élèves, m’ont demandé par la suite pourquoi nous avions arrêté une formule aussi riche. La raison tenait de l’aspect financier. L’Académie devait payer quelques heures pour un professeur supplémentaire. Un jour, on s’est vu signifier que pour des économies budgétaires, ce n’était plus possible. Et, à contrecœur, nous avons dû arrêter.
Aujourd’hui, le ministère de l’Éducation nationale semble prêt à accorder les moyens nécessaires. Alors pourquoi refuser cette démarche ?