Post de Mona JAFARIAN

Pour aller en toute simplicité au-delà des lieux communs et comprendre un peu mieux la complexité de l'exil.

Heureux de publier mon premier texte d'intervention dans la Revue Esprit à propos du film de Claude Lanzmann, "Pourquoi Israël", sorti en 1973, qui permet de décaler le regard sur la guerre Israël-Hamas. Trois heures durant, nous suivons Lanzmann en Israël. La valeur documentaire du film ne réside pas seulement dans l’effet d’écho provoqué aujourd’hui par ses témoignages. Elle s’incarne surtout dans le choix des témoins. Aux grandes questions de savoir ce qu’est l’identité, un État ou une nation juive, on irait peut-être spontanément interroger les hommes et les femmes politiques chargés d’organiser le dissensus des réponses. Lanzmann préfère questionner des gens simples, tels que certains se décrivent eux-mêmes, filmés au travail, en famille, à l’étude, buvant, fumant, marchant, jouant, s'ennuyant. La leçon documentaire est double. D’abord, le politique est irréductible à celles et ceux qui en font profession. Surtout, la conscience politique et géopolitique - sur laquelle le conflit israélo-palestinien est si souvent rabattu – n’épuise pas le travail d’élucidation du réel. Lanzmann filme des métiers, des gestes, des rythmes, des habitudes. Autant de moments absents de la « grande » histoire et pourtant aussi sérieux, aussi existentiels, qui élargissent le temps. Lanzmann fait ainsi le portrait d’Israël en État normal avec ses prisons, ses policiers, ses universités, son port, ses racistes, ses utopistes, ses soldats et ses lieux saints. Par le feuilletage des différentes périodes qu’opèrent les témoins et le montage, le film fait entendre qu’à chaque époque, des femmes et des hommes ont toujours pensé d’autres imaginaires politiques, entrevu des bifurcations possibles : faire d’Israël un État juif ou laïc, une société communiste ou individualiste, vivre ensemble ou séparés... Manière d’ouvrir un temps singulier, par la rythmique des paroles et des images, pour que le temps de l'histoire s’ouvre à nouveau.

ici, une interview de Johan Chapoutot, spécialiste reconnu du nazisme. je vous recommande chaudement l'analyse qu'il propose du film "Zone d'intérêt" de Glazer. Un regard à 360 degrés sur les questions posées par le film. Et une profondeur d'analyse, de réflexion, proprement jouissive. https://lnkd.in/dtgr4Ex3

Dans une atmosphère sombre, le documentaire "20 jours à Marioupol" capture le déchirement de la ville ukrainienne de Marioupol, saisie par l'effroi et la confusion au début du conflit qui secoue l'Ukraine depuis plus de deux ans. Les images filmées par Mstyslav Chernov et Evgeniy Maloletka de l'agence Associated Press (AP), offrent un aperçu rare des premiers jours d'une guerre, avec ses scènes de chaos et ses victimes innocentes. Alors que la Russie marque son territoire par des tanks marqués du symbole "Z", le président Vladimir Poutine déclare, d’une voix qui contraste avec la réalité sur le terrain : « Nous n’imposerons rien par la force ». La population de Marioupol, prise au piège de la violence, exprime son désarroi face à la caméra de Chernov. Des citoyens éperdus, confrontés à l'absurde de leur situation, se demandent où trouver refuge et pourquoi subir une telle épreuve. Le documentaire met en lumière le contraste entre les déclarations officielles et la brutalité des combats, illustrée par la destruction emblématique d'un théâtre abritant des familles, le 16 mars 2022. Marioupol est transformée en un immense terrain vague suite à l'offensive russe. L'exode massif des habitants, la désolation des survivants, et la douleur des familles endeuillées par la perte d'enfants innocents sont des thèmes récurrents. Les images capturées par Chernov, qui ont fait le tour du monde, témoignent des horreurs de la guerre, malgré les dénégations des médias russes qui crient à la désinformation. Le documentaire, en plus de dépeindre l'ampleur des destructions, soulève des questions sur l'impact de la guerre sur la nature humaine. Il rappelle que, malgré les milliards d'euros d'aide européenne supplémentaire accordés à l'Ukraine, la réalité de la guerre continue de se dérouler sans répit. Le film "20 jours à Marioupol" est un témoignage poignant de la réalité brutale de la guerre et de ses effets dévastateurs sur les civils, les transformant en protagonistes malgré eux d'une tragédie qui dépasse les frontières et les discours politiques.

Découvrez un article de la rédaction du magazine Bretons

William A. Wellman (1896-1975) Pilote pendant la Première Guerre Mondiale, WaW est un vrai baroudeur d'Hollywood, passé par tous les studios -son grand oeuvre se partage entre la Warner, la Fox et la MGM. Contrairement à ses contemporains et égaux (les Walsh, Curtiz, Hawks, Ford, Wyler), Wellman est relativement tombé dans l'oubli pour une raison un peu bête : il n'a pas de CASABLANCA, de GENTLEMAN JIM ou de BEN-HUR à son actif, autrement dit des films qui, pour une raison ou pour une autre, ont durablement marqué l'histoire du cinéma. On cite ainsi plus volontiers le SCARFACE de Hawks que son L'ENNEMI PUBLIC (pour le film de gangsters) ou la version d'UNE ETOILE EST NÉE par Cukor plutôt que la sienne. Bref, si l'on mettait les six réalisateurs cités en course pour le titre de meilleur réal d'Hollywood, WaW bénéficierait de la plus grosse cote -inversement proportionnelle à ses chances, je l'indique pour ceux qui ne connaissent rien aux paris. Le cinéma de Wellman se distingue pour moi pour une chose : il y est souvent question de survie, ce qui est peut-être la conséquence de son expérience de la guerre. Comment survivre aux préjugés et à la vox populi (L'ENNEMI PUBLIC, UNE ETOILE EST NÉE, LA JOYEUSE SUICIDÉE, L'ÉTRANGE INCIDENT) ? A l'emprise masculine (SAFE IN HELL, FRISCO JENNY, LA VILLE ABANDONNÉE, CONVOI DE FEMMES) ? Dans des conditions extrêmes (L'APPEL DE LA FORÊT, BEAU GESTE, LES FORÇATS DE LA GLOIRE, BASTOGNE, AVENTURE DANS LE GRAND NORD, TRACK OF THE CAT) ? Au péril communiste (LE RIDEAU DE FER, L'ALLÉE SANGLANTE) ? Au-delà de cette question de survie, Wellman met souvent en avant la solidarité humaine, qu'elle soit de classe, de corporation ou de genre (la place de la femme, voire la sororité, sont chez lui avant-gardistes par ex, que ce soit dans ses films pré-Code ou dans le grandiose CONVOI DE FEMMES). Je vous encourage vivement à vous (re)plonger dans Wellman, mix parfait entre l'humanisme fordien, le féminisme wylerien et la virilité walshienne.

Une nouvelle recension de mon livre consacré au massacre d'#Oradour-sur-Glane, par Benoît Rondeau!

Ukraine : sur les traces des bourreaux (disponible sur ArteTV jusqu'au 9 septembre 2024) Meurtres, tortures, viols, déportations d'enfants et d'adultes… : cette enquête instruit pas à pas, témoignages et preuves écrites à l'appui, les crimes de guerre commis et planifiés par Vladimir Poutine et son régime. Lorsque les forces russes se retirent du nord de l’Ukraine et de la région de Kiev, un peu plus d'un mois après l'agression du 24 février 2022, le monde découvre avec effroi l’ampleur des massacres et exactions perpétrés notamment contre la population civile. Charniers, tortures, viols, quartiers d'habitations anéantis par l’artillerie et les bombes… : le sombre tableau d’une guerre au cœur de l’Europe. Alors que les combats font toujours rage, les premières enquêtes démarrent pour recueillir les preuves de ces crimes et tenter d’en identifier les auteurs. Dans les territoires libérés par l’armée ukrainienne, la police, les ONG internationales, mais aussi de simples civils se mobilisent pour collecter et sauvegarder tout ce que les occupants ont laissé derrière eux. À Boutcha, mais aussi à Izioum et dans la région de Kharkiv, ces zones du sud-est du pays occupées de longs mois par les forces russes, Ksenia Bolchakova et Manon Loizeau recueillent témoignages et indices pour faire apparaître une part du schéma général qui a donné lieu à ces innombrables violations du droit international. Elles s'entretiennent avec des victimes de torture et de détention arbitraire, mais aussi de déportations d’adultes et d’enfants, organisées par le régime russe. https://lnkd.in/ekUK8p7h