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La Roumanie traverse une crise politique depuis l’annulation, à deux jours du second tour, de l’élection présidentielle par la Cour constitutionnelle. Cette décision a suivi la percée de Calin Georgescu, candidat d’extrême droite et admirateur de Vladimir Poutine, lors du premier tour. Ce bouleversement a contraint le pays à former un nouveau gouvernement. Le lundi 23 décembre, après trois semaines de tractations, une coalition gouvernementale a été annoncée. Les deux grands partis traditionnels, dirigés par Marcel Ciolacu pour le PSD (social-démocrate) et Nicolae Ciuca pour le PNL (libéral), se sont alliés avec l’UDMR, représentant la minorité hongroise, et les députés des autres minorités. Cette coalition détient 54 % des sièges au Parlement. Marcel Ciolacu, bien qu’arrivé troisième à la présidentielle et ayant vu son parti réaliser son pire score aux législatives, a été reconduit au poste de Premier ministre. Les partis ont convenu de soutenir Crin Antonescu, du PNL, comme candidat unique pour la prochaine présidentielle. Cependant, cette alliance, perçue comme une continuité du gouvernement précédent, alimente la défiance populaire. Le vote en faveur de Calin Georgescu illustre un profond sentiment antisystème dans une population lassée des élites qu’elle accuse de corruption et de clientélisme. Plus d’un tiers des sièges au Parlement sont désormais occupés par trois formations d’extrême droite, constituant une opposition majeure. Oana Popescu-Zamfir, directrice du Global Focus Center, résume la situation : « Les gens ont développé l’idée que tout est manipulé, que la vie politique est dominée par des réseaux d’intérêts obscurs. » Selon le dernier Eurobaromètre, seulement 35 % des Roumains font confiance au Parlement. Les soupçons d’ingérence russe dans la campagne présidentielle continuent d’alimenter les tensions. Les services de renseignement roumains ont identifié un réseau de 25 000 faux comptes, dont près de 800 créés dès 2016, qui ont permis de rendre virale la campagne de Calin Georgescu. Le think tank britannique Foreign Policy Center a identifié plus de 600 acteurs affiliés à la Russie ayant contribué à sa visibilité, notamment via des médias d’État comme RT et Spoutnik. La chaîne Telegram InfoDefenseROM, publiant en roumain mais liée à des intérêts russes, a également joué un rôle clé. Des interrogations subsistent quant au financement de cette campagne numérique. Les autorités fiscales ont découvert qu’une initiative marketing initialement financée par le PNL avait été détournée pour rémunérer des influenceurs. Bogdan Peschir, programmeur informatique connu pour ses dons sur TikTok, est accusé d’avoir versé au moins 380 000 euros pour amplifier les contenus pro-Georgescu. Cette somme ne couvrirait qu’une partie des dépenses engagées. Le nouveau gouvernement devra rapidement organiser une nouvelle élection présidentielle, estimée pour le printemps 2025, après validation des candidatures par la Cour constitutionnelle.

En Roumanie, un nouveau gouvernement pour faire face à la Russie et à l’extrême droite

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