Barnier et l’éducation ? La vraie question est économique Je trouve que les interrogations sur la conception de l’éducation qu’a Michel Barnier sont un peu vaines. La question est ailleurs. J’ai diffusé, comme d’autres, sa tribune écrite à l’occasion de la primaire de la Droite. C’est une vision réactionnaire. C’est indéniable. Il y développe des positions qu’on retrouve non seulement dans son camp mais aussi au Rassemblement National, c’est certain. Apprentissage à 14 ans, remise en cause du collège unique, recentrage sur les « fondamentaux », autonomie des établissements… tous les poncifs de la droite y sont. Cette tribune aurait pu être écrite par ChatGPT ! Malheureusement, ces idées sont pour une bonne part déjà à l’œuvre dans la politique éducative déjà menée aujourd’hui. Le « choc des savoirs » en est une version un peu plus light. C’est à la poursuite de cette politique qu’il faut s’attendre. Et ce n’est pas sur l’éducation que le premier ministre va vouloir laisser son empreinte. La question, à mon avis, tient plus généralement à l’avenir des services publics dans un contexte de rigueur budgétaire. On prépare les esprits à un grand plan d’austérité et Michel Barnier, ancien commissaire européen et libéral, va vouloir se conformer aux impératifs européens. Dans ce cadre, l’éducation risque de ne pas échapper aux coupes budgétaires. Le même jour que sa nomination est sorti un rapport conjoint de l’Inspection générale des Finances et de l’inspection générale de l’éducation nationale qui prévoit un plan massif d’économies et d’ «optimisations des moyens » au prétexte de la baisse démographique. : fermetures de classes (500 au primaire et plus de 1000 en collège) mais aussi d’établissements (1 école primaire sur 25 et 33 collèges), suppression de postes de profs (près de 1800), remise en cause des dédoublements y compris en Rep+,… Je note que le rapport s’interroge sur la « soutenabilité politique » de telles mesures (tu m’étonnes !). D’une certaine manière, la dramatisation autour de la situation budgétaire et la nomination d’un nouveau premier ministre dans ce contexte est l’occasion pour faire passer crème ce genre de mesures... C’est là dessus qu’à mon avis, il faut être le plus vigilant. Bien plus que sur les grandes déclarations sur le système éducatif. PhW
La dégradation de l'instruction en France n'est pas due au budget mais à la perte culturelle qui affecte, depuis plusieurs décennies, l'éducation nationale et bon nombre d'enseignants....
À l’étranger certains pays dépensent moins et ont un système aussi bon pour être sympa. Il va falloir s’attaquer aussi à l’organisation
Si seulement on pouvait dégraisser les postes administratifs plutôt que les postes face aux élèves... 🙏
Quand on veut la peau du peuple c'est souvent là qu'on dégraisse, histoire qu'il pense beaucoup moins où pas du tout...
Comme la santé, le logement, le médico social…..
C’est à la fois terrifiant et affligeant.
Sérieusement? Morne plaine….
Philippe, les deux sujets fonctionnent ensemble comme on peut le constater dans les objectifs et les motivations de la proposition de loi Brisson. Mais il est vrai que l’économique supplante sans conteste le politique.
Pr. agrégé de sciences médico-sociales
3 moisIl y aurait déjà fort à faire, "à moyens constants" pour améliorer le service rendu aux élèves : 1. modification en profondeur des modalités de GRH (héritées, comme le "mouvement à point" des années 90) et des modalités de gestion déconcentrée, en échec : donner de la visibilité claire aux carrières et aux souhaits géographiques pour attirer des profils solides d'enseignants titulaires. 2. Revalorisation statutaire des enseignants formés et compétents en contrepartie de services plus chargés - arrêt du recrutement de personnels non formés et plus largement réglementation plus stricte sur le recours à des CTEN dans les académies. Avoir 6 contractuels non formés ou 4 titulaires formés dans un établissement, ce n'est pas tout à fait la même chose. Il faudrait donc déjà que l'ensemble des parties prenantes politiques estiment la chose suivante : enseigner est un vrai métier, pas une activité que l'on peut exercer sans formation après un burnout ou un speed-dating. 3. En finir avec les formations en INSPE récréatives pour certaines, avec un niveau attendu à la fin d'un Master2 MEEF sur le volet disciplinaire bien triste : la bonne maitrise du contenu scientifique de sa matière est le premier atout d'un enseignant.