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Défense - Géostratégie/Géopolitique - Affaires militaires

Big Serge nous offre, comme toujours, une analyse riche, informée, convaincante. J'invite chacun à lire ce très long papier, qui ne peut être résumé dans un post. Il s'intéresse autant à la dimension politique, qu'à l'échelle stratégique et au niveau opératif. Il analyse finement ce dernier niveau, en bon connaisseur de l'art de la guerre. . Pour ma part, voici les réflexions qu'il m'inspire : . Il y eut du côté russe plusieurs tentatives d'éviter cette guerre : par la diplomatie coercitive vis-à-vis de l'Otan, qui refusa la discussion ; puis, par l'espoir gâché de renverser le gouvernement ukrainien ou de le pousser à la fuite ; enfin par la diplomatie coercitive poussée à son extrême, sous la menace d'une colonne de char, l'invasion ayant déjà débuté. Adressée à l'Ukraine, cette dernière tentative avait fonctionné et allait aboutir, avant l'aventure johnsonnienne secrète à Kiev. . La Russie voulait éviter la vraie guerre, en proposant de maintenir l'unité de l'Ukraine (hors Crimée), en échange d'un respect des droits des russophones. Pourquoi ? . Parce que la Russie sait depuis 80 ans que la guerre rêvée de l'Otan, issue de la tradition prussienne puis allemande, la guerre courte par la manœuvre qui provoque la bataille décisive, cette guerre-là n'existe plus. La guerre industrielle contemporaine est longue, jusqu'à l'épuisement et la destruction de la capacité d'une nation entière à faire la guerre, et s'il le faut, de la nation elle-même. La Grande Guerre Patriotique prit fin lorsqu'il n'y eut plus d'Allemagne... . Une fois actée l'inévitabilité d'une guerre, la Russie s'est mise en branle pour conduire et soutenir une guerre comme elle sait la faire. Et comme elle sait la gagner. Nous approchons du dénouement. L'héritage à venir pour la Russie ne sera pas seulement la victoire, mais aussi une préparation accrue au risque d'une autre guerre, contre l'Otan, avec : des capacités de production très accrues ; des alliés fidèles et utiles ; une connaissance des armes occidentales, de leurs forces et leurs faiblesses ; une population plus unie qui accepte la guerre ; un soutien international qui sera encore accru si les US et l'Otan apparaissent défaits. . La grande question, vu d'Europe, est de savoir si le bloc occidental saura apprendre de sa défaite stratégique, ou s'il niera la réalité pour s'enfoncer dans la fuite en avant. Cette seconde option est plus probable, pour plein de raisons. L'aveuglement qu'elle implique risque de conduire à deux choses : un conflit d'une ampleur insoupçonnée, catastrophique pour tous les camps, même ceux qui s'en tiendront éloignés ; et la possibilité, pour le bloc occidental, d'un échec à l'échelle de ce conflit, cataclysmique dans une dimension historique. . Ce que je ne comprends pas, c'est comment on peut vouloir jouer à pile ou face avec des enjeux aussi grands, malgré l'avertissement continu que les 3 dernières années représentent.

The Forest and the Trees: Ukraine's Strategic Dissipation

The Forest and the Trees: Ukraine's Strategic Dissipation

bigserge.substack.com

Étienne VASDEBONCOEUR

Plant Controller chez Iveco Group

2 mois

Vos réflexions sonnent très juste. Merci pour ce conseil de lecture.

David Charles M. Lucterhand

Capital Markets Practitioner

2 mois

Coincides with today's article in the New York Times: "As Russia Advances, U.S. Fears Ukraine Has Entered a Grim Phase."

Olivier Sonneville

Directeur chez Olicean

2 mois

Excellent point de vue

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