Invisibilisés jusque dans la tragédie : pourquoi est-ce si difficile de dénombrer les disparus à Mayotte ?
Mayotte peinait à compter les vivants. Aujourd'hui, elle peine à compter ses morts.
Les images sont glaçantes : au lendemain du drame ayant touché l'île, une pelleteuse et des survivants creusent les premières tombes à la hâte.
Selon le Préfet, "il y aura certainement plusieurs centaines, peut-être approcherons-nous le millier, voire quelques milliers de morts", ajoutant que "la tradition musulmane est d'enterrer les personnes dans les 24 h. Il sera très difficile d'avoir un bilan final".
Dénombrer les morts après une catastrophe ne relève pas d'un simple exercice statistique. Non, cela sert à mesurer l'ampleur d'un drame, mobiliser la solidarité internationale, mais aussi honorer la mémoire des disparus.
Parmi les obstacles logistiques au décompte figurent la destruction des infrastructures routières, l'absence de moyens techniques et humains, ou encore l'existence de zones reculées, quasi inaccessibles, peuplées de personnes non recensées, "invisibles".
Administrativement, les données démographiques sont lacunaires : si la population officielle est de 320 000 hab, il y aurait selon d'autres sources jusqu'à 500 000 hab.
Vivre à Mayotte, c'est aussi pour certains être en situation irrégulière, sans papiers d'identité et donc sans existence légale, ce qui compliquera l'identification des disparus et la fiabilité des décomptes.
Un contraste est frappant : le Mozambique, un des pays les plus pauvres du monde, fait état de 45 morts et près de 500 blessés, tandis que les autorités françaises déclarent "seulement" 31 morts et 1373 blessés (au 18/12).
Selon un témoignage relayé par France Tv, "sur la route, presque à chaque kilomètre, on voit des personnes creuser des tombes et beaucoup de corps par terre".
Les impacts politiques et humains de ce "flou" sont pourtant réels.
Compter les morts aujourd'hui permettra demain d'en diminuer le nombre, tandis qu'un bilan sous-évalué peut avoir pour effet un manque de mobilisation internationale ou une perception erronée de la gravité de la situation.
Au-delà des chiffres, il importe de savoir l'identité des disparus, pour les familles tout d'abord dont le proche aura le statut de victime, mais aussi leurs "caractéristiques", pour bâtir le socle d'une société démocratique et égalitaire, et nourrir les débats sur les inégalités devant la mort.
Dénombrer les morts, c'est aussi dénoncer et rappeler que les plus précaires sont trop souvent en première ligne, invisibles de leur vivant et parfois jusque dans la mort.
Puissent les nombreuses ONG mobilisées, les autorités et les acteurs locaux (y compris religieux) collaborer ensemble pour recenser et identifier les victimes, afin qu'elles ne sombrent pas dans l'oubli 🙏
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Directeur du développement et de la coordination chez Institut ILIADE Conseil et organisation de projets événementiels
1 sem.Chaque traversée est risquée. Pour sauver ces gens il faut les empêcher de traverser et non les inciter à le faire. Avec vos appels d'air, vous avez tous ces morts sur la conscience et ils sont financés par les subventions publiques et les dons des particuliers que vous trompez.