“Le flou entre la vie professionnelle et la vie personnelle, accentué par le télétravail, pousse bien des travailleurs à être connectés en permanence. Décrocher est plus difficile que jamais, souligne Julie Ménard, professeure et chercheuse au département de psychologie de l’UQAM. « C’est un cercle vicieux : plus on a accès à de l’information, plus on saute d’une info à une autre. Notre temps d’attention est en chute libre. ». […]
« Bien honnêtement, je pense que je voulais montrer que j’avais beaucoup de tâches et de responsabilités et peut-être que j’étais importante, avoue-t-elle candidement. Je me suis toujours beaucoup valorisée par mon boulot, et presque exclusivement par lui en fait. » En arrêt de travail depuis six semaines, la Lavalloise réfléchit beaucoup à la place du travail dans sa vie, mais aussi dans la société en général. Anne Deleau a pris très peu de pauses depuis le début de la pandémie et elle a l’impression d’en payer le prix. « Là, je suis en arrêt complet, glisse-t-elle, mais j’aurais préféré travailler moins d’heures et être en pleine possession de mes moyens plutôt que travailler des semaines de fou avec des capacités, disons, limitées. En plus, j’aurais été plus productive ! »
C’est exactement la théorie de Julie Carignan, psychologue organisationnelle et conseillère en ressources humaines agréée chez Humance : presser le citron des employés, leur en demander toujours plus et les surcharger est une mauvaise stratégie de gestion, un mauvais leadership.
« On se nuit en faisant cela, s’exclame-t-elle. Cela nuit à la performance des équipes et cela nuit au rendement de l’entreprise. Le phénomène de la glorification d’en faire toujours plus n’est pas nouveau ; ce qui l’est, c’est de dire qu’on est occupé pour tenter de se protéger, de mettre des limites. »[…]
Pour Julie Ménard, l’une des solutions pour se reposer est de créer des conditions pour le faire puisqu’avec l’omniprésence de la technologie, « elles n’arriveront jamais d’elles-mêmes ».
Aux Pays-Bas, le concept du Niksen (niks veut dire « rien » en néerlandais) est l’art de ne rien faire. C’est une voie à explorer, selon elle.
« Niksen, c’est faire le choix conscient d’investir son temps et son énergie à ne rien faire. On évite les distractions pour susciter de l’ennui, pour tomber dans la lune. Ne rien faire peut sembler difficile, voire anxiogène, surtout au début. Mais il faut l’essayer et persévérer. »
Les citoyens néerlandais sont des fervents du Niksen… et cela fonctionne, selon la chercheuse, puisque le pays fait partie des sociétés les plus innovantes et productives de la planète.”
Les dangers du surmenage - La Presse+
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