Post de TRAIT-NOIR

Archéologie du bâti : la porte de Roubaix à Lille, un monument du XVIIe siècle ou du XIXe siècle? Habituellement présentée comme une porte de ville construite dans les années 1620, la porte de Roubaix a été modifiée à la fin du XIXe siècle avec le percement de 2 nouvelles arcades pour le passage du tramway. Mais quelle a été l’ampleur des modifications?  Par chance la bibliothèque municipale a conservé des vues avant et après travaux. Lorsqu’on regarde attentivement les deux images plusieurs choses presque invisibles sautent aux yeux : 1. La façade a été élargie d’1m de chaque côté puisque le nombre de merlons passe de 6 à 8 et le nombre de créneaux de 5 à 7 2. Le retournement latéral des créneaux a disparu car la nouvelle façade prolongée est plus fine que celle d’origine 3. Les deux blasons latéraux ont été réduits afin de passer entre les logements des flèches des ponts-levis. 4. Dans les espaces laissés libres des motifs en briques vernissées ont été créés. 5. L’arcade centrale a été réhaussée puisque l’arc interrompt désormais le bandeau en grès. 6. Le décor sculpté central a été entièrement repris avec notamment une pente différente du fronton triangulaire. Conclusion, cette façade n’a plus rien à voir avec l’état avant travaux de 1870 qui n’était probablement déjà plus tout à fait celui de 1620…  Sa composition, ses proportions et ses décors étant des inventions du XIXe siècle peut-on encore présenter cette façade comme un monument du XVIIe siècle? #Lille #fortifications #histoire #archéologie #archives #monument #patrimoine

La restauration de l'architecture, c'est aussi de l'architecture À ce stade, avec le soutien de ce que je considère comme la triade classique du XIXe siècle (la restauration archéologique italienne, la restauration stylistique française ou l'anti-restauration britannique) et en incorporant de nouveaux concepts liés à notre réalité globale et postmoderne, j'ai vu naître et se consolider des formes de restauration que je qualifie de "post-modernes" ou "post-scientifiques". Cela permet aux concepteurs actuels de parvenir à des solutions objectives, bien que basées sur certaines intuitions, compatibles avec ce principe artistique indiscutable : la restauration de l'architecture est de l'architecture. Je cite ici un texte de Gombrich que j'ai découvert cette année : "Tant dans le passé que dans le présent, il y a eu de grands critiques d'art convaincus d'avoir la réponse à cette question. Des critiques qui, passionnés par leur enthousiasme, ont réussi à créer des convertis et à diffuser certains styles ou types d'art. Pensons à Winckelmann au XVIIIe siècle, à Ruskin ou Fromentin au XIXe siècle, à Roger Fry, Kenneth Clark et André Malraux au XXe siècle. Tous ont proclamé leurs propres croyances esthétiques avec une conviction fervente et un énorme succès". Ces références de Gombrich à John Ruskin (concernant l'anti-restauration britannique) ou à André Malraux (dont je parlerai plus en détail dans les jours à venir pour son influence sur mon travail en France) me semblent très pertinentes. Il ne fait aucun doute qu'à notre époque, l'histoire de l'art a atteint un tel degré de sophistication que la majorité des réponses données par les spécialistes sont les bonnes... mais n'avons-nous pas d'autre critère objectif que la conviction d'un expert qui dit être sûr de reconnaître la main de Rembrandt dans un tableau ? Malheureusement, la réponse est que très souvent, nous n'avons pas d'autre critère. Pour clore ce cadre conceptuel et en rappelant la fameuse Loi Malraux de 1962 en France, qui proposait la création de secteurs sauvegardés autour des lieux à protéger. Cette loi se fonde sur la célèbre triade de la philosophie de l'Autrichien Aloïs Riegl (1858-1905) : (1) valeur historique, (2) valeur d'ancienneté, et (3) valeur actuelle des monuments. Les deux premières, la valeur historique et la valeur d'ancienneté, étaient déjà reconnues dans la loi française de 1913, mais la troisième apparaît ici pour la première fois, ce qui a ouvert un débat intellectuel sur l'environnement et le contenu étendu des monuments historiques, sans limiter leur protection au seul bâtiment en question. Luis Cercos, Paris, 2024

Voici un bel article sur l'un de nos mentors qui a fait ce que nous sommes aujourd'hui !

Rénovation, respect et audace... Vous l'avez peut-être remarqué, lors de notre inauguration ou sur notre stand au Salon Habitat d'Angers, nous avons fait le choix d'un support en tissu, sur lequel nous ne voulions pas simplement mettre notre logo, mais aussi une image qui parlerait de notre conception du métier de maître d'oeuvre. 🕍 Une histoire audacieuse Les Angevines et Angevins l'auront sûrement reconnue, la photo est un détail de la Galerie David d'Angers. Cette abbatiale du XIIIème siècle, classée Monument Historique en 1902, a été restaurée en 1984 (quelle belle année 😇) par la Ville d'Angers pour y entreposer les œuvres du sculpteur David d'Angers. Le parti-pris de la directrice des musées d'Angers et de l'architecte en chefs des Monuments Historiques de l'époque est alors très audacieux : apposer un toit en verre pour remplacer celui qui s’était effondré. Ce choix, antérieur à la rénovation du musée d'Orsay, est résolument novateur pour l'époque. Ce qui nous marque, avec notre œil de maître d'œuvre, c'est bien sûr le caractère innovant de cette rénovation et l'harmonie du résultat, mais pas seulement. Il parle aussi de notre vision de la rénovation. ✏️ Composer avec l'existant Quand on parle de rénovation, plusieurs doctrines, plusieurs partis-pris s'affrontent. Certains vont préférer faire table rase et reconstruire entièrement le bâtiment, et dans certains cas, « dans un état complet qui peut n'avoir jamais existé à un moment donné. » Viollet-Leduc (une vision qui plaît moyennement aux historiens généralement…) Notre philosophie est de respecter le bâtiment, son histoire, en l'état, et de réfléchir à la meilleure manière de composer avec, de renforcer son cachet, en y ajoutant des éléments d’architecture plus modernes. Nous assumons d’être à la rencontre de deux époques, en cherchant l’équilibre entre le respect de l’Histoire et des aspirations de modernité, l’unité entre des matériaux d’un autre siècle et ceux d’aujourd’hui. 🙌 Dans cette Galerie David d’Angers, les murs en tuffeaux rencontrent des éléments contemporains, une verrière posée sur une arase béton et des pignons restitués en ardoise , tous les matériaux y sont pleinement assumés. Nous souhaitons que nos chantiers de rénovation parviennent à ce type de rendu, naturel et harmonieux. Comme si cette composition avait toujours existé.

𝑴𝒐𝒏𝒖𝒎𝒆𝒏𝒕𝒔 𝑨𝒗𝒊𝒈𝒏𝒐𝒏𝒏𝒂𝒊𝒔 : 𝒄𝒂𝒓𝒂𝒄𝒕𝒆́𝒓𝒊𝒔𝒂𝒕𝒊𝒐𝒏 𝒎𝒂𝒕𝒆́𝒓𝒊𝒂𝒖𝒙 𝒆𝒕 𝒆́𝒕𝒖𝒅𝒆 𝒅𝒆𝒔 𝒂𝒍𝒕𝒆́𝒓𝒂𝒕𝒊𝒐𝒏𝒔 𝒆𝒏 𝒑𝒉𝒂𝒔𝒆 𝒕𝒓𝒂𝒗𝒂𝒖𝒙 [ 𝘓𝘦𝘴 𝘙𝘦𝘮𝘱𝘢𝘳𝘵𝘴 𝘦𝘵 𝘭𝘢 𝘮𝘢𝘪𝘴𝘰𝘯 𝘥𝘶 𝘙𝘰𝘪 𝘙𝘦𝘯𝘦́ ] Édifiée au XIVème siècle, la maison du Roi René a une longue histoire dont témoigne la richesse des structures et des décorations du bâtiment. Elle fut livrée cardinalice, puis palais du Roi René, transformée ensuite en couvent des Ursulines au XVIIème siècle puis en imprimerie jusqu'à la fin du XIXème siècle. Depuis 1983, elle abrite le centre de ressources pour la réhabilitation du patrimoine architectural, baptisé École d'Avignon.   Les remparts d’Avignon, conservés quasiment dans leur l'intégralité, ont connu plusieurs périodes de construction, de l'Antiquité tardive jusqu’à la deuxième moitié du XIVème siècle. La structure des murs actuels, qui se développe sur 4 330 mètres, date du XIVème et du XVème siècle. Aujourd’hui, les remparts sont garnis de seize portes, certaines d'origine, d'autres élargies ou percées récemment.   Dans le cadre des travaux menés sur les remparts et la maison du Roi René, Aslé Conseil a assisté l’entreprise Girard, Pierre Bonnetête et Maxime Lemonnier, pour la caractérisation des mortiers et des pierres en œuvre afin d’affiner les protocoles de restauration à mettre en œuvre.   L’étude des mortiers a nécessité des examens sous loupe et au microscope électronique à balayage (MEB) ainsi que la détermination de la composition qualitative des matériaux permettant la recherche de tous signes d'altération d'origine physico-chimique.   Concernant les pierres en œuvre, ce sont des examens pétrographiques et des essais pétro-physiques qui ont permis leur identification. Les altérations des pierres ont été caractérisées par des dosages de sels solubles et des examens de leur épiderme au microscope.   L’exploitation de l’ensemble de ces résultats a permis de délivrer des pistes de préconisations de restauration durables et adaptées à chacun de ces deux éléments architecturaux.   Ici, le travail avec cette entreprise de maçonnerie du patrimoine a nécessité d’être en respect de l’avancement du chantier et d’être au plus près des préoccupations pratiques de cette dernière, tout en apportant des renseignements clés manquants sur les matériaux en œuvre et leurs pathologies.   𝑀𝑎𝑖̂𝑡𝑟𝑖𝑠𝑒 𝑑’œ𝑢𝑣𝑟𝑒 𝑑𝑒𝑠 𝑅𝑒𝑚𝑝𝑎𝑟𝑡𝑠 : 𝑆𝑡𝑢𝑑𝑖𝑜 𝑏𝑡 𝑎𝑟𝑐ℎ𝑖𝑡𝑒𝑐𝑡𝑒𝑠 𝑀𝑎𝑖̂𝑡𝑟𝑖𝑠𝑒 𝑑’œ𝑢𝑣𝑟𝑒 𝑑𝑒 𝑙𝑎 𝑚𝑎𝑖𝑠𝑜𝑛 𝑑𝑢 𝑅𝑜𝑖 𝑅𝑒𝑛𝑒́ : 𝐴𝑟𝑐ℎ𝑖𝑡𝑒𝑐𝑡𝑢𝑟𝑒 & 𝐻𝑒𝑟𝑖𝑡𝑎𝑔𝑒 #villeavignon #remparts #pierre #patrimoinebati

Un projet audacieux et controversé agite le monde de l’art et du patrimoine en France. En décembre dernier, le président Emmanuel Macron a annoncé son intention de faire réaliser par concours six nouveaux vitraux contemporains pour orner les fenêtres de la cathédrale Notre-Dame de Paris, en cours de restauration suite au terrible incendie de 2019. L’idée ? Marquer de l’empreinte du 21e siècle ce monument emblématique qui traverse les âges. Mais cette proposition fait grincer bien des dents, notamment parmi les défenseurs du travail de l’architecte Viollet-le-Duc et les puristes du patrimoine historique. Une levée de boucliers immédiate Dès l’annonce présidentielle, une pétition en ligne initiée par le site La Tribune de l’art a recueilli en un temps record plus de 141 000 signatures. Son argument principal ? Les vitraux actuels, qui n’ont pas été endommagés lors de l’incendie, sont classés monument historique au même titre que la cathédrale elle-même. Les remplacer reviendrait donc selon les pétitionnaires à un “manque d’égard pour le code du patrimoine”. Les vitraux n’avaient pas été touchés par l’incendie et sont classés monument historique au même titre que le monument. – Didier Rykner, initiateur de la pétition Pour étayer leur position, les membres de la Commission nationale du patrimoine et de l’architecture (CNPA) se sont appuyés sur des rapports de l’inspection générale des monuments historiques et de l’historien de l’art Alexandre Gady. Ces documents se basent notamment sur la Charte de Venise qui édicte les principes en matière de conservation et de restauration des monuments. Celle-ci recommande de ne pas détruire des éléments classés monument historique pour les remplacer par des créations contemporaines. Un soutien du gouvernement qui s’effrite Si le ministère de la Culture, par la voix de Rachida Dati, avait dans un premier temps sélectionné cinq artistes pour ce projet de nouveaux vitraux, le récent vote défavorable (bien que consultatif) de la CNPA pourrait changer la donne. Mgr Laurent Ulrich, archevêque de Paris et initialement favorable au projet, semble également prendre ses distances. Le prototype des vitraux contemporains devait être dévoilé pour la réouverture très symbolique de Notre-Dame prévue le 8 décembre 2024. Mais entre le veto patrimonial et l’instabilité politique qui se profile avec un probable remaniement gouvernemental, l’horizon s’assombrit pour les vitraux du 21e siècle. Le chantier titanesque de Notre-Dame n’a sans doute pas besoin de cette polémique supplémentaire. Notre-Dame, éternelle et intouchable ? Au-delà de ce projet précis, cette controverse pose la question de notre rapport au patrimoine et à sa conservation. Faut-il figer nos monuments historiques dans leur état supposé d’origine ou peut-on envisager qu’ils évoluent, parfois audacieusement, avec notre époque ? Chaque génération a apporté sa pierre à l’édifice de Notre-Dame, de sa construction médiévale aux ajouts du 19e siècle...

La tyrannie des styles en architecture ? 🏛 L’histoire de l’art est née au début du XIXème siècle et s’est évertuée à établir des classifications, un peu comme en botanique☘ Depuis lors, et encore aujourd’hui, on cherche à identifier tout patrimoine bâti à partir de son style, est-ce de l’art nouveau, de l’art déco ? de l’art-déco moderniste ? et on a même inventé le terme style éclectique ! 😉 Essayons d'admirer les façades pour elles-mêmes, 😍 ce qu’elles ont comme qualités - symétrie - proportions, - lumière, - situation dans un ensemble, dans la ville, présence de la végétation, - les matériaux principaux et les matériaux secondaires, - la forme du toit - les ouvertures, leurs formes et emplacements - l’état de conservation et les modifications, - les décors ou l'absence de décors, - les symboles du pouvoir ou les marques d'un développement économique, enfin, l’usage du bâtiment ! et ce n'est pas tout ! 😄 #patrimoine #tourisme #mediation Photo : Cité Universitaire de Paris

Marier l’ancien et le contemporain ; concilier la grandeur d’autrefois avec les exigences d’aujourd’hui. C’est là que réside la magie de la rénovation architecturale : Chaque pierre, chaque poutre, chaque mur murmure les secrets d’une époque révolue, nous invitant à déchiffrer son langage complexe et à respecter sa beauté intemporelle où chaque pièce compte. 𝗟𝗲 𝗽𝘂𝘇𝘇𝗹𝗲 𝗱𝗲 𝗹𝗮 𝗿𝗲́𝗻𝗼𝘃𝗮𝘁𝗶𝗼𝗻 Les ingénieurs structurels se trouvent souvent confrontés à des défis uniques, bien loin de la simplicité de la construction neuve : 𝗙𝗼𝗻𝗱𝗮𝘁𝗶𝗼𝗻𝘀 𝗳𝗿𝗮𝗴𝗶𝗹𝗲𝘀 : les bases des bâtiments anciens peuvent nécessiter une attention particulière pour assurer leur stabilité. 𝗠𝗮𝘁𝗲́𝗿𝗶𝗮𝘂𝘅 𝗼𝗯𝘀𝗼𝗹𝗲̀𝘁𝗲𝘀 : remplacer ou renforcer des matériaux qui ont vieilli avec le temps. 𝗡𝗼𝗿𝗺𝗲𝘀 𝗱𝗲 𝘀𝗲́𝗰𝘂𝗿𝗶𝘁𝗲́ 𝗱'𝘂𝗻 𝗮𝘂𝘁𝗿𝗲 𝗮̂𝗴𝗲 : intégrer les exigences contemporaines sans altérer le caractère historique. Une carte aux trésors, avec ses contraintes et ses richesses cachées. 𝗟𝗲𝘀 𝗱𝗲́𝗳𝗶𝘀 𝘀𝗼𝗻𝘁 𝗻𝗼𝗺𝗯𝗿𝗲𝘂𝘅 : Absence de plans modernes nécessitant des relevés méticuleux sur site ;  Intégration des exigences contemporaines tout en préservant l’âme historique ;  Respect de l'intégrité du bâtiment tout en le rendant plus sûr et fonctionnel. Des outils comme le BIM (Building Information Modeling) et des logiciels comme Advance Design, développé par Graitec, deviennent des alliés indispensables. : 𝗠𝗼𝗱𝗲́𝗹𝗶𝘀𝗮𝘁𝗶𝗼𝗻 𝟯𝗗 : permet une analyse approfondie de l’état actuel des bâtiments à partir de nuages de points issus de scans laser, pour capter chaque détail de la structure. 𝗧𝗲𝘀𝘁𝘀 𝗱𝗲 𝘀𝗰𝗲́𝗻𝗮𝗿𝗶𝗼𝘀 𝗱𝗲 𝗿𝗲́𝗻𝗼𝘃𝗮𝘁𝗶𝗼𝗻 : une approche qui permet de simuler différents scénarios de rénovation, offrant une visualisation précise des modifications nécessaires. 𝗘𝘅𝗲𝗺𝗽𝗹𝗲 𝗶𝗻𝘀𝗽𝗶𝗿𝗮𝗻𝘁 : 𝗖𝗮𝘁𝗵𝗲́𝗱𝗿𝗮𝗹𝗲 𝗱𝗲 𝗟𝗲𝗰𝗰𝗲 📸 Pour sa rénovation en Italie, un modèle 3D a permis une modernisation sismique efficace tout en respectant le patrimoine artistique. Construite initialement en 1144 et reconstruite dans le style baroque de Lecce en 1659, cette cathédrale emblématique nécessitait une mise à jour pour garantir sa durabilité face aux tremblements de terre fréquents dans la région. La société d’ingénierie SETI ENGINEERING a utilisé Advance Design pour modéliser précisément les façades et les voutes de la cathédrale. Chaque détail, des niches structurelles aux colonnes décoratives, a été pris en compte, permettant ainsi une rénovation respectueuse et sécurisée. En fin de compte, chaque défi technique surmonté dans la rénovation architecturale rapproche un peu plus de la création d’un avenir sécurisé. Chaque obstacle est une chance de repousser les limites de la créativité et l’ingéniosité. Post inspiré par le document "Transformation numérique : comment le digital révolutionne la rénovation des bâtiments" créé par Graitec. Le lien est en commentaire 👇

Le week-end prochain (18-20 oct), ce sont les journées Nationales de l'Architecture, l’occasion d’évoquer avec vous le label Architecture Contemporaine Remarquable : En France, il existe différents moyens de protéger un édifice jugé remarquable. Le plus connu étant l’inscription ou le classement au titre des Monuments historiques. Ce terme induit généralement dans l’esprit de la population que le bien soit “ancien”, “chargé d’histoire” et “esthétique”, mais le premier critère qui revient est bel et bien celui de l'ancienneté. Pour autant, au fil des années, de nouveaux patrimoines ont fait leur apparition, à l’image du patrimoine industriel dans les années 1980. En trente ans, les dogmes autour des valeurs patrimoniales ont considérablement évolué. Depuis plusieurs années maintenant, les différents acteurs du patrimoine s’interrogent sur le devenir de l’architecture contemporaine. Est-elle suffisamment ancienne pour être considérée comme patrimoine ? avons-nous suffisamment de recul pour juger de son intérêt et de ses valeurs ? La réponse est OUI ! C’est pourquoi le label “Patrimoine du XXe siècle” a été créé en 1999. Cette prise de conscience collective a permis de mettre en lumière de véritables pépites architecturales. Depuis 2016, ce label a évolué pour devenir “Architecture contemporaine remarquable” et s’étendre ainsi au-delà du XXe siècle. Il signale les immeubles, ensembles architecturaux, ouvrages d'art et aménagements de moins de 100 ans non protégés au titre des Monuments historiques. Ses objectifs : montrer l’intérêt des constructions récentes, faire le lien entre le patrimoine ancien et la production architecturale actuelle et inciter à leur réutilisation lorsque les usages d’origines ont disparu. Les réalisations architecturales des XXe et XXIe siècles, sont autant de témoins matériels de l'évolution technique, économique, sociale, politique et culturelle de notre société. Le label est attribué après examen de la demande par la commission régionale du patrimoine et de l’architecture. Les critères d'éligibilité  : - la singularité de l’œuvre ;  - le caractère innovant ou expérimental; - la notoriété de l’œuvre ; - l'exemplarité de l’œuvre dans la participation à une politique publique ; - la valeur de manifeste de l’œuvre en raison de son appartenance à un mouvement architectural; - l'appartenance à un ensemble ou à une œuvre dont l'auteur fait l'objet d'une reconnaissance nationale ou locale Aujourd’hui, 1757 édifices sont labellisés, mais sont-ils toujours valorisés à leur juste valeur, ne sont-ils pas parfois “réservés” à une élite, aux connaisseurs, un peu à l’image de l’art contemporain ? C’est pourquoi, Instant Patrimoines propose des solutions sur-mesure afin de vous accompagner dans vos projets de valorisation avec la réalisation de livret, d’exposition, de reportage photographique, de podcast … afin qu’ils soient pleinement appréciés par le grand public. #patrimoine #architecture #labelacr #culture

Qui mieux que mon ami Guilloux Tristan pour décrire L'EXPO PHILIPPE PROST A LA CITÉ DE L’ARCHITECTURE /// On ne construit pas mieux qu'en faisant l'expérience du déjà-là. Cette philosophie pragmatique, que Philippe Prost tire tôt de sa compréhension des œuvres de Vauban, infuse le travail de la trentaine de collaboratrices et collaborateurs de l'atelier. C'est sans recette ni référence formelle sacralisée qu'elles et ils sattellent à chaque situation de projet. Relever, orchestrer et mettre en œuvre les ressources d'un terrain fonde leur processus créatif. Le geste est économe par essence; le processus, humble face aux histoires des lieux où il s'invite, avec la vocation de travailler en intelligence avec les bâtiments et les personnes qui les habitent et les construisent. Rendre habitable la mémoire commence, au sein de l'atelier, par l'établissement des «cahiers de travail», minutieuses enquêtes auxquelles contribue toute l'équipe de maitrise d'œuvre. On y fait l'archéologie des édifices, des sols et des usages, de leur sédimentation, pour comprendre les constances, retrouver les tracés régulateurs oubliés. Le relevé du présent est le premier d'une superposition diachronique de dessins d'archive qui fabriquent les fameux plans «en rouge et noir», archétypes du travail avec l'existant. On décrit les matières et les savoir-faire liés, les champs de forces politiques et réglementaires. Des pièces à conviction sont prélevées, indices des attachements qui relient un espace à ses habitants. Elles outillent une projection lente, de l'échelle de l'aménagement urbain à celle du mobilier, en dialogue avec cette connaissance accumulée. Les visites sur site sont continues, carnet ouvert et crayon à la main. Souvent un croquis de Philippe Prost synthétise, ouvre une brèche. Progressivement, une intimité se noue entre celles et ceux qui vivent quotidiennement les lieux et celles et ceux qui les transforment. Relation nourrie des études menées et des concours perdus par l'atelier dans des territoires devenus familiers. Car il y a une certitude au sein de l'atelier: les formes ne sont rien sans leurs énergies sociales et culturelles. Ainsi, la temporalité propre au projet peut être un enjeu de conception pour mettre en mouvement ces formes. Cela est le cas pour la transformation progressive du port Vauban d'Antibes, comme pour l'évolution du bassin minier du Nord-Pas-de-Calais, «paysage culturel évolutif et vivant» inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l'Unesco. Au fond, c'est une forme d'écologie de l'attention qu'entretiennent Philippe Prost et les architectes de son atelier; de celle que préservent quelques-uns contre vents et marées, dans notre société avare de temps. Comme un moyen d'embrasser dans leur complexité, sans réductionnisme, les questions architecturales, urbaines et paysagères, et de bâtir des espaces qui ne standardisent pas.