UNE HEUREUSE MISE A JOUR !
Voilà une sacrée bonne nouvelle : les bouleversements du système Terre sonnent l’heure d’une formidable mise à jour de notre conversion évangélique. Pourquoi cette heureuse opportunité ? Parce que si la foi en l’Evangile est un inestimable « trésor », écrit Bruno Latour, « il doit être rejoué, pas conservé… Ce trésor n’en est un que s’il est remis en jeu », mis à jour. « S’il est conservé », dans une gestion fixiste et passéiste, « il est mort ».
La « conversion écologique » (Jean-Paul II) dépoussière, vivifie et actualise notre conversion évangélique. De sorte que tout chrétien devrait être en première ligne face au défi socio-écologique qui, comme tel, nous dépasse. Soyons clairs : ce défi ne peut pas être relevé de manière isolée avec la seule pratique des écogestes aussi bienfaisante soit-elle. Être chrétien aujourd’hui, c’est reprendre conscience d’une vérité essentielle : l’évangile ne peut s’incarner, se concrétiser dans nos vies sinon ensemble dans l’inclusion de la diversité de chacun.e et de toute créature. La joie d’une communauté paroissiale ou autre réside dans l’écoute proactive de cet appel, la grâce de cet appel dans la réalité de notre monde bouleversé.
Alors par-delà les incontournables aspérités du « facteur humain », envisageons ensemble au sein de nos paroisses et associations, la prise en compte d’une écologie intégrale dans l’animation liturgique et la prière commune, la gestion des déchets, le projet d’un jardin partagé, d’une ressourcerie paroissiale ou d’une épicerie solidaire, de réévaluer nos habitudes alimentaires, de revoir nos modes de transport et l’éthique nos placements bancaires, l’isolation de son logement et des bâtiments de l’église, de favoriser réparabilité et recyclage, d’interroger la finalité de nos projets professionnels, de rejoindre des initiatives éco-citoyennes et de s’impliquer dans l’organisation de la vie de notre cité, de collaborer à l’accueil et à l’insertion sociale des plus démunis, migrants et autres déracinés climatiques, etc.
Il y a tant à vivre dans la joie d’œuvrer ensemble à l’émergence d’un autre monde en cohérence et résonance avec l’appel du Christ. La prise en considération de l’état éco-planétaire sans précédent dans l’histoire de l’humanité devrait être priorisée dans l’orientation pastorale de nos paroisses afin d’être transversale à l’ensemble de la vie chrétienne car tout est impacté et le sera davantage encore dans les prochaines années.
Réévaluer et plus encore renouveler jusqu’aux fondements mêmes de nos vies, nos engagements personnels et collectifs jusqu’à notre manière de célébrer et de prier est devenu un impératif existentiel. « A vin nouveau, outres neuves » (Marc 2, 22). Nous vivons indubitablement une crise des fondements : à l’urgence d’un nouveau monde, fondations nouvelles car « Dieu nous attend aux racines » (Rainer Maria Rilke).