L'Organisation pour la Transparence Inclusive a accusé un bureau d'observation et un comité de réception affiliés au ministère de l'Hydraulique pour leur complicité présumée avec des entreprises liées au président de l’Union Nationale du Patronat Mauritanien, Zein El Abidine Ould Cheikh Ahmed.
Cette coalition aurait mis en œuvre une composante du projet de l'Aftout Al-Sharqui. Le projet, d'une valeur d'environ 10 milliards d'ouguiyas, visait à fournir de l'eau potable à plus de 155 000 personnes dans les régions ciblées, à partir du réservoir créé en 2016 sur le plateau de Shakhat al-Tayyab, près du barrage de Fum Gleita, à travers un réseau de canalisations alimentant des centaines de robinets publics. Cependant, selon les conclusions de l'enquête, les travaux ont été qualifiés de désastreux, avec des infrastructures défaillantes et une distribution d'eau inadéquate.
Après une visite de deux semaines sur le terrain, couvrant la plupart des zones ciblées par le projet, l'organisation a qualifié le résultat du travail de « misérable » et a déclaré que « la mise en œuvre du projet en général a été très mauvaise ». Les constatations indiquent que l'eau n'est pas disponible dans la plupart des robinets publics, avec 20 % des 100 robinets visités au hasard qui n'avaient plus d'eau dès le troisième jour après le lancement du projet en 2020.
L'organisation a souligné l'approvisionnement intermittent et inéquitable en eau pour la population dans 72 % des robinets publics, tandis que seuls 8 % avaient un approvisionnement quasi permanent, affirmant que « la mise en œuvre du projet a été affectée par la fraude en quantité et en qualité ».
Concernant les aspects quantitatifs et qualitatifs du projet, le rapport de l'organisation a révélé des lacunes significatives. Par exemple, sur les 4.072.590.950 d’ouguiyas alloués à la construction du réseau de canalisations, seulement 521,87 km ont été réalisés, soit 36,27 % du projet restant inachevé.
En ce qui concerne la qualité, le rapport a mis en lumière des fuites généralisées dans le réseau de canalisations malgré un pompage limité et intermittent, en plus de violations des obligations contractuelles lors des opérations de forage.
Les conclusions ont également pointé du doigt des irrégularités dans la réalisation des robinets et des châteaux d'eau, avec un nombre significatif d'équipements non conformes aux spécifications techniques et des tours restées inachevées.
Le rapport a dénoncé la complicité présumée de trois parties clés : le coordonnateur du projet, des bureaux d'études impliqués dans le contrôle et l'exécution, ainsi que des membres du comité de réception, qui auraient permis des dérives financières et des manquements aux normes.
En appelant à une enquête urgente pour récupérer les fonds détournés et prévenir de telles pratiques à l'avenir, l'organisation a mis en lumière l'ampleur des exonérations fiscales accordées aux entreprises impliquées, dépassant les 2,7 milliards d'ouguiyas.