Éditorial sur la rébellion
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Éditorial sur la rébellion

Texte proposé en tant qu'éditorial sur un projet de magazine à 100 pages ayant pour thématique la rébellion.

Y’a-t-il un mal du siècle ? D’aucuns ne sauraient réellement le dire. Et pourtant, impossible de passer à côté de cette thématique. Accusant tantôt des acteurs comme l’économie, invisible, intangible et relevant plus d’une désinformation populaire ; et d’autre fois ciblant des idoles sociétales très (voire trop ?) ancrées dans la réalité quotidienne des Français. Car oui, une part de l’équation indissociable est de ne pas oublier que l’on parle des dithyrambiques « Gaulois réfractaires ». Ingouvernables, à traiter par le pavé ou la prose, qualifiés par Alain Duhamel en ces termes : « Les Français veulent la nouveauté mais détestent le changement ». Une culture de la contestation, présente de l’histoire contemporaine jusqu’à feu l’époque de nos ancêtres sculpteurs de menhir. Mais il en revient d’introduire exactement ce qu’est cette contestation, car c’est dans la complexité de celle-ci que le peuple français trouve sa ferveur. 

En quelques mots, le manichéisme est ici, et depuis toujours, l’ennemi ancestral des habitants de Lille à Marseille. Une vision binaire de la réalité qui qualifierait in factol’existence d’un bien, et l’existence d’un mal. Un absolutisme qui a toujours eu du mal à prendre. Bien sûr, le peuple français n’est pas unique de par cette conception des choses, mais il l’est par cette façon de chercher à renverser son système en constance. 

Comme le théorise l’historien austro-américain Walter Scheidel qui défend l’idée que les avancées sociales ne se font qu’à la suite de catastrophe majeure (guerre, révolution épidémie). Dans cet état, nous serions en droit de penser que le peuple français cherche perpétuellement un renversement de société et de mœurs afin de faire évoluer celle-ci ? Un constat optimiste, mais qui relativise les récents événements populaires qui agite les rues depuis septembre 2018. Un gilet jaune serait donc le symbole d’une volonté intègre de rééquilibrage de notre société ? Peut-être que non, mais il est également possible du contraire. Et c’est là que Casus Belli (nom du magazine NDLR) se pose. Cause de Guerre en latin. Des mots aux allures barbares mais qui résonnent davantage par leur motivation que par leur aboutissement. Chacun d’entre nous a ses batailles, car nous savons qu’il nous est impossible de nous battre pour tout, et pour tous. Aussi, dans notre société, où chacun est poussé de manière même parfois maladive à se détacher par ses convictions et ses idéaux, il est cohérent d’observer, au mieux, une tension entre deux acteurs impliqués dans leurs propres différences . Et, force est de constater que nous comme tous dans l’un de ces camps, le statuquo n’étant dû qu’à une non-implication dans la cause. 

Alors que faire ? Rester dans l’insondable marge de flou qui compose la masse générale, ne révélant ces intentions lorsqu’un des deux parties remporte la bataille (toute analogie avec une période de l’histoire récente de la France est nulle et non avenue). Casus Belli vous propose de vous donner les moyens (et qui sait, l’envie) de vous positionner sur ces débats. Finis de laisser passer que le traité franco-allemand d’Aix-la-Chapelle est une soumission, que les anti-vaccins meurent à 35 ans et que le véganisme survivra à 2020. Choisissez l’opinion que vous avez le moins aimer, et donnez-vous une bonne raison de lire nos pages.

Je ne saurais mieux citer l’apocryphe attribué à Voltaire : « Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je me battrai jusqu’à la mort pour que vous ayez le droit de le dire ».Car la résignation à un débat est déjà un pas vers un autre. S’ils ne se valent pas tous, il est important de distinguer ce en quoi on croit et ce en quoi on a peur de ne pas croire assez pour le défendre. On ne vous demandera pas de vous battre contre toutes opinions divergentes à la vôtre dès la fin de ce (beau) magazine. Mais plutôt de payer attention à ce que beaucoup d’entre nous préfère ignorer, de peur de se créer une opinion qui les impliquerait d’office, inconsciemment dans le débat. Tout comme la loi, nul n’est censé ignorer la réalité des faits, qu’il y participe ou qu’il les commente. Et que nous nous battions ou non, cet esprit de révolte, typiquement humain, sera toujours présent. 

Ne vous y trompez pas. Casus Belli n’apporte pas la blanche colombe de la paix ni les ardeurs des enfers. Quoiqu’il en advienne, la révolte n’a pour issue que de devenir elle-même une norme, ou de devenir martyr, condamné à se battre ou s’éteindre. Mais encore, une fois rien n’est blanc, rien n’est noir. Si tant est que ce laïuseût la prétention de s’éterniser (nullement mon intention pour votre respect et le mien) quoi de mieux que de vous promettre de comprendre mieux ce que vous voyez s’agitez autour de vous. Auquel cas, brûler ce magazine sera déjà une preuve que nous avons su vous toucher. 

Baudouin Wisselmann

Vidéaste, créateur de contenu, speaker, podcast, media-trainer

5 ans

Wah mais j'ai rien compris

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