Éligibilité CPF : PREMIERS PAS POUR SE JETER A L’EAU DE MANIÈRE ÉCLAIREE

Éligibilité CPF : PREMIERS PAS POUR SE JETER A L’EAU DE MANIÈRE ÉCLAIREE

Rendre son offre éligible au CPF est un projet à mener avec endurance plus que de vitesse, comme le Lièvre et la Tortue en sont un témoignage. Pour s’engager dans telle démarche, les organismes doivent être au clair avec leurs contraintes et opportunités pour choisir leur bon timing de démarrage.

Inutile donc de vous hâter, car céder sous la pression des demandes clients serait une excellente stratégie pour échouer !

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Sans fabuler, mais en paraphrasant une nouvelle fable de Sieur De La Fontaine, lors de mes rdv commerciaux, je note souvent que mes Maîtres Prospects, par l’odeur du CPF alléchés, me tiennent à peu près ce langage :

« Delphine, de plus en plus de stagiaires réclament de payer leur formation avec leur compteur € CPF, pouvez-vous m’aider car ça m’ennuie de leur dire non à force ? »

Ma réponse est systématiquement la même : Attention au chant des sirènes !

En tant que qualiticienne je prône l’orientation client c’est un fait.

Ce principe fondamental de management de la qualité, nous encourage à identifier, comprendre et pourvoir les besoins (explicites comme implicites) de nos clients. Toutefois, un autre principe nuance cela en prônant les relations mutuellement bénéfiques avec les fournisseurs.

Ainsi, il est évident que satisfaire les attentes de nos clients ne peut se faire par obligation, en parfaite ignorance de l’impact de nos décisions ou pire au détriment des intérêts de nos organismes de formation.

Par mon rôle de parent, j’ai appris, depuis près de 15 ans de mes lectures du pédopsychiatre Aldo Naouri, l’importance de savoir poser des limites à mes enfants. J’ai mis bien plus de temps néanmoins pour oser dire non dans la sphère de mes affaires 😉

Mon propos est donc de dire qu’avoir peur de perdre nos clients, si on ne va pas dans leur sens, ne peut être une raison suffisante pour vous décider de vous lancer à l’assaut de l’Everest, j’ai nommé les répertoires nationaux[1].

Si votre souhait, quoi qu’il en soit, demeure d’y aller alors faite le en pleine conscience des conséquences pour et sur votre organisation.

A suivre donc un éclairage des zones d’ombres essentielles et les questions à se poser pour statuer sur la faisabilité de votre projet et jeter les bases d’une stratégie pour y arriver.

1.    CONNAISSEZ-VOUS LE BESOIN AUQUEL RÉPOND VOTRE PROJET DE CERTIFICATION ?

« Bien sûr Delphine, j’ai plein de nouvelles demandes pour cette formation et nous avons formé déjà plein de monde ! ». Cette réplique résonne désormais en moi telle une litanie tant je l’entends.

Il est vrai que les notices France Compétences, prévues faciliter le montage de dossiers de demande d’enregistrement, proposent aux organismes de s’interroger sur la capacité du projet de certification (professionnelle ou pas) de répondre à des besoins identifiés sur le marché.

Oui, mais ....

De quel marché France Compétences (établissement public national à caractère administratif) parle-t-il au juste ?

Le marché des ventes de prestations par des organismes privés ou le marché du travail ?

Vous me voyez arriver ... petit retour donc sur la Loi du 5 septembre 2018 qui dès son titre 1er nous oriente « Vers une nouvelle société de compétences » qui vise à développer l’employabilité, l’évolution professionnelle et soutenir l’accès ou le retour à l’emploi.

CQFD !

Pas de dissertations inutiles donc, soyez factuels et autant que faire se peut documentez et argumentez vos propos. (+ de détails dans la check-list pour vos 1ers pas en fin d’article)

2.    DISPOSITIF DE FORMATION VS. CERTIFICATION : QUELLE DIFFÉRENCE ?

J’entends déjà, des voix s’élever jusqu’à moi. Certes je joue ici avec, mais rarement sur les mots !

Il existe bel et bien une distinction de taille, entre être organisme dispensateur de formation et organisme certificateur, cela s’appelle les obligations.

A cet effet, France Compétences a publié une note le 28 février dernier pour rappeler sa définition d’un organisme certificateur que d’aucuns aurait pu oublier, à bon entendeur !

Je passerai donc très vite sur le sujet de la définition de « la certification » car tel n’est pas le sujet, cela fera probablement l’objet d’un futur billet. Si vous êtes empressé ou désireux de comprendre plus précisément, je vous invite à parcourir les 13 textes de référence sur le sujet parmi lesquels les arrêtés, décrets d’application, notices, et notes diverses éditées par France Compétences.

En résumé, un organisme de formation n’est pas en soit par essence un organisme de certification. Leurs obligations donc, leurs missions mais aussi leur jargon varient significativement.

Les formateurs raisonnent parcours de formation quand les certificateurs parlent de voies d’accès à la certification.

Les formateurs raisonnent modules pédagogiques quand les certificateurs parlent de blocs de compétences attestées.

Les formateurs raisonnent évaluation de progression pédagogique quand les certificateurs parlent d’évaluation des compétences attestées ...

Je m’arrête là car la liste serait encore bien longue.

3.    QUELLES SONT LES RESSOURCES NÉCESSAIRES POUR CONDUIRE MON PROJET ?

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Bien que je me jette à l’eau (et de très haut) assez aisément, je satisfais toujours au même rituel qui consiste à sonder là où je dois tomber et à me mouiller avant de sauter.


J'ai compris qu'impatience et excès de confiance mènent inévitablement à l’accident !

Alors, concernant votre futur plongeon dans le grand bain du CPF, il est indispensable d’avoir un socle de connaissances fondamentales sur le sujet, car une demande d’enregistrement au répertoire national est tout sauf une formalité administrative.

La démarche à mener donc, auprès de France Compétences, pour le dépôt d’une telle demande, implique des travaux d’ingénierie, de recherches, de documentation et argumentation fondés sur des données tangibles.

Vous l’aurez compris avoir son offre éligible au CPF est un projet exigeant qui sollicite compétences, temps, argent et énergie.

Fort de cela, à vous de voir comme nous aurait dit Hamlet, Être ou ne pas être accompagné : telle est la question.

J’attire ici une dernière fois votre attention, car même dans l’hypothèse d’une externalisation complète de l’ingénierie de dossier, l’implication d’un organisme de formation dans son projet est indispensable pour s’approprier la « culture certification ».

Enfin une ultime solution peut être de nouer des partenariats avec des organismes certificateurs existants.

Tous les détails pour définir votre plan de route pour y arriver juste après.

Ready ? Go go go !

[1] Répertoire National des Certifications Professionnelles (RNCP) et Répertoire Spécifique des Certifications et Habilitations (RSCH)

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Antoine Lajeunesse

Expert en ingénierie de formation - En recherche active

4 ans

Très juste. La démarche est différente. Pour la conception du référentiel (RNCP ou RS), l'idéal est de se faire aider par un expert métier (et si possible non formateur justement). France Compétences pousse aux partenariats mais ça reste encore plutôt anecdotique et ça fonctionne surtout lorsque l'organisme certificateur n'est pas organisme de formation.

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