FONGECIF : Je tourne une page...

FONGECIF : Je tourne une page...


Du fait de nouvelles responsabilités professionnelles en 2019, incompatibles avec celles de mandataire au FONGECIF Ile de France, j’ai pris la décision de démissionner de mes fonctions d’administrateur et de membre du bureau en cette fin décembre 2018.

Après un passage comme administrateur de l’AGEFOS Ile-de – France, j’ai intégré le FONGECIF, il y a presque 10 ans, comme mandataire de la CGPME (aujourd’hui CPME), au moment où le CIF- Congé individuel de formation - était le dispositif phare. Il n’était pas encore décliné, je pense, en CIF-CDI et CIF- CDD et le CEP – Conseil en évolution professionnelle - n’existait pas.

Parmi les commissaires (c’est ainsi que l’on nomme les mandataires qui participent aux commissions paritaires), le renouvellement a été important même si les méthodes de travail ont peu changé et que l’on peut demeurer, jusqu’à présent, mandataire plusieurs décennies…

Aujourd’hui l’outil FONGECIF est devenu une institution de référence, les prestations vers le public qui se sont développées au fil du temps se sont professionnalisées, la communication s’est sophistiquée ; En Ile-de-France, des collaborateurs jeunes et diplômés ont intégré récemment la structure et ont impulsé une nouvelle culture interne qui s’accommode parfois difficilement avec la prudence et le « temps long » des paritaires. On évoque les termes d’offres, de clients et de marketing… qui ne sont pas du goût de certains administrateurs. Tout cela fait la vie et les évolutions des entreprises et organisations…

J’ai quitté mes fonctions à l’aube de ce que je considère comme une révolution dans la formation professionnelle. Le compte personnel de formation en euros, l’accès aux offres du marché via une application mobile, la possibilité de développer un projet professionnel et de démissionner tout en étant accompagné par un financement, l’opportunité de rebondir en changeant de métier par le biais de la transition professionnelle…sont autant d’outils qui visent à renforcer l’appropriation par chacun de la nécessité de gérer son employabilité. Il va falloir prendre soin de sa compétence comme l’on fait de sa santé car les ruptures de trajectoire sont inscrites dans le devenir potentiel du parcours professionnel. L’individualisation c’est aussi le constat que l’entreprise n’accompagnera par la formation que les compétences qu’elle souhaite fidéliser et que l’investissement formation prendra tout son sens.

Parce qu’un minimum de règles communes est nécessaire, l’Agence France Compétences, pilotée par l’Etat, déterminera les conditions de fonctionnement d’un marché de la formation fortement libéralisé et qui va devenir « grand public » et fortement concurrentiel. A la clef, une concentration nécessaire des opérateurs (organismes de formation) qui n’arriveront pas à se situer sur des « niches » ou du « haut de gamme référencé ».

Le premier travail demandé aux FONGECIF en 2019 est de faire fonctionner les CPIR- Commissions paritaires interprofessionnelles régionales - et lancer le CPF – Compte personnel de formation - de transition professionnelle. Cette mission remet en question le fonctionnement des actuelles commissions : il faudra qu’elles se situent en diagnostiqueur de la faisabilité du projet présenté, ce qui réclame une bonne connaissance de la cartographie des emplois, des besoins des entreprises, des filières efficaces pour accéder à l’emploi durable. Il s’agira de revoir aussi les motifs de refus qui devront, si le demandeur engage un recours, être extrêmement motivées ; Il faudra aussi être capable de porter un avis sur un projet de création d’entreprise ou d’activité libérale (indépendant, auto entrepreneur, micro entreprise.. .) en s’affranchissant des positions idéologiques défendues par son organisation syndicale ou patronale … Il faudra aussi respecter l’engagement significatif de chaque demandeur qui, en apportant les euros qui sont comptabilisés sur son CPF, se situera en co financeur de sa formation et pourra attendre de la commission paritaire un jugement avisé sur son projet plus qu’une simple décision formelle d’accord de financement. Ces impératifs, si le CPF de transition démarre rapidement, démontreront très vite les limites des conditions de travail actuelles des commissions : plusieurs centaines de dossiers étudiés à la file qui ne permettent qu’un échange trop bref sur l’analyse qualitative des projets…

Le second travail confié aux FONGECIF consiste à assurer les prestations de l’actuel CEP jusqu’à la fin de l’année 2019 et le choix de l’opérateur (ou des opérateurs) retenus par appel d’offre. Cette prestation CEP a trouvé naissance dans la nécessité d’accompagner la réflexion des salariés face à un éventuel projet de formation. Elle s’est notamment développée dans les FONGECIF du fait de la proximité de la délivrance des CIF. Les partenariats en région menés avec des maisons de l’emploi notamment n’ont donné, en Ile de France, que de maigres résultats indiquant par la même que les bénéfices du CEP – hors celui du CIF - n’étaient pas identifiés par ses potentiels utilisateurs. Il est clair que l’objectif de l’Etat est de recentrer ce CEP sur l’emploi et d’en faire un outil de potentielle mobilité professionnelle. Il s’agira pour France Compétences d’établir des objectifs chiffrés, des indicateurs qualitatifs et quantitatifs au regard des quelques 200 millions d’euros annuels envisagés pour développer cette activité. C’est la raison pour laquelle, les pouvoirs publics veulent déconnecter sa gestion de celle des Commissions paritaires et qu’un appel d’offres devrait être lancé.

Est il de la responsabilité des paritaires de gérer les fluidités de la mobilité professionnelle ? Les organisations syndicales et patronales sont elles légitimes pour développer dans un marché concurrentiel des prestations proches de celles des centres de bilans de compétences ? Ont-elles intérêt à démontrer la pertinence des investissements déployés par le Ministère du travail ? Ont-elles mesuré les risques d’un échec de leur candidature à un appel d’offres qui sera européen ? Pour ma part, je défends une position très minoritaire en pensant qu’elles n’ont rien à gagner dans cette candidature – par ailleurs, délicate juridiquement et financièrement - qui devrait intervenir dans les prochains mois. La réforme a dépouillé les partenaires sociaux de la gestion des dispositifs de formation et ce serait, à mon sens, une grave erreur pour eux de vouloir s’y raccrocher sous prétexte que les fonds de gestion du CEP pourraient donner une nouvelle alimentation au dialogue social interprofessionnel. Les syndicats de salariés comme les organisations patronales ne sont pas, à mon sens, attendus sur ces missions et Pierre Gattaz a fait l’expérience du discrédit avec son pin’s sur le million d’emplois que le MEDEF pouvait créer.

Reste la question – un peu négligée à mon sens - des salariés des OPACIF qui se sont impliqués dans la gestion du CEP et qui doivent « assurer la continuité du service » en 2019. C’est sur ce point , selon moi, que les conseils d’administrations paritaires devraient être proactifs en engageant ces collaborateurs dans un mouvement exemplaire de reconversion. On sait que les métiers de l’orientation, du conseil et de l’accompagnement sont porteurs tout comme ceux de l’ingénierie pédagogique et c’est vers ces voies qu’il faut consolider les compétences actuelles et conduire les « transitions professionnelles » de celles et ceux qui s’inquiètent pour leur avenir dans les OPACIF.

Malgré, ces derniers mois, des réunions difficiles dues, me semble t’il, à un déni trop fréquent par certains de quelques évidences, je conserve de l’expérience du paritarisme au FONGECIF Ile-de-France, le souvenir de rencontres de femmes et d’hommes de qualité, soucieux de donner du sens au bénévolat et de collaborateurs véritablement impliqués dans leurs missions. Je remercie les circonstances de l’opportunité d’avoir pu contribuer à préparer le futur de certains salariés par le CIF et je suis heureux d’avoir pu m’engager notamment sur les questions de la qualité de l’offre de formation dans une organisation qui marquera l’histoire de la formation professionnelle.

Eric FREMICOURT - 4 janvier 2019


Sur la photo : A droite, Nathalie Fainan, Assistante de Direction générale du FONGECIF IdF et à gauche, Marc Bourgeois, administrateur CFTC, mon collègue et ami dans la présidence de la Commission Qualité de l’offre de formation durant plusieurs années. 

Cher Eric, ce fut un grand plaisir d'alterner la présidence de la commission qualité de l'offre en ta compagnie. Je te souhaite une belle et heureuse année 2019 et je sais que ton nouvel investissement sera toujours pour le bien commun des salariés et des petites entreprises. Amitiés

Laurence Sourdille

Chargée des relations avec les instances paritaires régionales et territoriales - Bretagne, Ile-de-France, Pays de La Loire.

5 ans

Bonne année 2019 ! 

Françoise Gomes

Chargée de mission | 🏦 Transitions Pro Île-de-France | Relation organismes de formation 👩🎓 | Référente CléA ✍ | Analyse des besoins en emploi et en compétences 📊

5 ans

Bonne continuation et très belle année à vous.

Hélène Macou

Ingénieur Pédagogique | Auditrice Qualité de la Formation | CFA

5 ans

Merci Eric de partager avec nous cette analyse très pertinente sur la transformation des FONGECIF. C'est avec une amertume certaine que j'assiste au démantèlement de cet outil au service des salariés. Les FONGECIF étaient un appui dans leur démarche de développement professionnel. Aujourd'hui la loi pour "la liberté de choisir son avenir professionnel" les prive de cet outil. Leur liberté se réduit à s'engager dans un parcours professionnel qui visera l'employabilité.  Sur le CEP les partenaires sociaux tentent de sauver les meubles comme le ferais tout employeur. Les FONGECIF ont développé une réelle expertise du Conseil en Evolution Professionnel. Cette qualité de service est portée par des convictions de développement et d’épanouissement des hommes et des femmes, la conviction qu'ils ont le pouvoir d'agir pour leur avenir professionnel, et la conviction qu'ils ont en eux les solutions de développement professionnel. C'est cette richesse au service du monde du travail que les FONGECIF ont porté. Je suis convaincue que les partenaires sociaux ont une place à prendre pour favoriser l'orientation des salariés en reconversion (aujourd'hui il faut dire transition). Je suis persuadé que le CEP pour être performant doit être déconnecté de la performance économique d'un prestataire de service à but lucratif. Je souhaite que la démarche des partenaire sociaux, même si elle semble risqué et audacieuse, aboutisse. Je te souhaite une très belle année 2019, riche en développement personnel et professionnel. A très bientôt pour d'autres partages autour d'autres analyses de cette qualité.

Il y a temps de réflexions de questionnement qui finissent à nous demander quel avenir nous laissons, à notre jeunesse !!!

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