Éloge de la Désobéissance

Et si nous n’avions rien compris à ce qu’est la Spiritualité ?

Et si notre désir d’être une bonne personne, une bonne citoyenne, un bon citoyen, une bonne pratiquante spirituelle, était totalement erroné ?

Et si à force de vouloir être bien et de vouloir bien faire…nous nous écartions de nous-même ?

Un chemin spirituel est -il celui qui nous conduit notamment à n’avoir que des bonnes pensées, toujours positives, à ne ressentir que des émotions agréables et à nous débarrasser de celles qui le sont moins. A reléguer la matière en arrière-plan pour privilégier le subtil ?

Consiste-t-il à nous relier aux esprits, aux guides pour les suivre aveuglément ?

Consiste-t-il à nous relier à la Terre mère pour devenir une écologiste modèle qui fait ses produits ménager elle-même tout en roulant en vélo électrique ?

Consiste-t-il à participer à des rencontres avec des chamane venant de peuples premiers pour vouloir à son tour vivre dans un tipi ?

Plus nous essayons de coller à une sorte d’idéal spirituel, plus nous nous écartons de ce qu’est l’essence même d’un chemin spirituel. A savoir, la liberté !

Dans mon parcours spirituel, j’ai eu la chance d’être accompagné par deux grand Maîtres :  Allen Saw et Sensei Noro Masamichi…maitres taoïstes et shintoïstes.

En 30 années de pratique, qu’ai-je appris avec eux ?

J’ai appris à désapprendre à vouloir être un idéal pour retrouver ma dignité.

J’ai désappris l’obéissance pour réveiller en moi le sens du respect.

J’ai désappris la raison pour éveiller en moi la folie.

J’ai désappris le sérieux pour réexprimer la joie.

J’ai cessé d’être sage pour devenir libre.

J’ai appris l’importance du désaccord, de la différence, de la polarité de toute chose, la richesse de la Matière et du passage à l’action.

J’ai aimé mon ombre et accepter celle des autres, j’ai aimé le subtil, sans le vénérer.

J’ai compris que la Spiritualité est l’autre face de la Matière et que l’Ombre est le pendant de la Lumière.

J’ai surtout appris à vivre comme un être humain libre et souveraine.

Osant désobéir à mes propres conditionnements, osant transgresser l’ordre établit en moi, mes petitesses, mon besoin de reconnaisse, mon besoin d’être sauvé et prise en charge.

Car qu’est-ce qu’un maitre si ce n’est quelqu’un qui avec beaucoup d’amour ne souhaite qu’une seule chose pour nous-même : que nous ne lui obéissions pas et que nous finissions par le quitter pour trouver notre propre voie et devenions notre propre Maître.

La Spiritualité n’est pas la solution magique à notre mal être intérieur, elle n’est pas le sauveur de l’humanité qui va nous permettre par miracle et du jour au lendemain de créer un Monde Nouveau. Il n’y a rien, ni personne qui viendra nous réveiller, nous sortir de nos torpeurs et de nos illusions.

La Spiritualité est une révolution intérieure. Elle nous pousse à nous investir pleinement dans la Matière, à oser vivre en étant déraisonnables, à oser notre puissance, notre liberté, notre souveraineté, notre capacité à nous révolutionner nous-même pour révolutionner ce pour quoi nous sommes revenus sur Terre.

La Spiritualité n’est pas pour les « enfants sages », avec elle, il n’y a pas de demie mesure.

Il y a de l’audace, du courage, de la constance, de l’engagement et de la singularité assumée au service du collectif.

La Spiritualité c’est l’accès à l’Invisible et cet Invisible est transgressif et révolutionnaire.

Être un Être Humain du XXI siècle, c’est assumer pleinement sa capacité à désobéir à l’ordre établit en nous- même et dans le collectif afin de participer à la transformation que le Monde exige de nous maintenant.

La Spiritualité n’est pas pour les « enfants sages », elles est pour les « adultes désobéissants »