Épisode 12 - Allons plus loin
Qui a dit qu’héritage et digital n’allaient pas ensemble ?
Avec l'émergence fulgurante du numérique, nos vies ont profondément changé, et avec elles, les aspects traditionnels de la transmission et de la succession. Comment concilier les règles ancestrales de l'héritage avec cette nouvelle réalité numérique ? Cette newsletter, inspirée de ma thèse, vise à éclairer ces enjeux actuels, à la croisée des chemins entre traditions et innovations.
a. La place des sentiments dans la succession
J'ai très peu abordé ce sujet dans ce travail de recherche, pour la simple et bonne raison que l'aspect sentimental d'une succession est propre à chacun des individus et surtout différent à chaque décès. Au-delà de cela, afin de proposer une solution adéquate à la problématique, il était nécessaire selon moi de me baser sur des éléments rationnels.
Néanmoins, je pense que c'est un aspect à développer. En effet, l'aspect sentimental dans une succession est primordial dans sa perception et parfois également dans la gestion des héritages.
En premier lieu, la perte d'un proche est, en elle-même, une épreuve émotionnelle. Gérer sa succession peut raviver des souvenirs et des sentiments, rendant le processus encore plus ardu. Ainsi, la dimension sentimentale peut compliquer les décisions rationnelles lors de la distribution des biens.
Ensuite, quand on parle de succession, la première chose qui vient à l'esprit est généralement la valeur monétaire des biens. Toutefois, de nombreux objets hérités ont une valeur sentimentale qui peut largement surpasser leur valeur financière. Un bijou familial ou une vieille photographie, par exemple, peuvent ne pas avoir une grande valeur sur le marché, mais ils peuvent évoquer des souvenirs inestimables pour les héritiers.
Cette dimension sentimentale peut être à l'origine de conflits entre les héritiers. Il est possible que deux personnes soient émotionnellement attachées au même objet pour différentes raisons, conduisant à des désaccords sur qui devrait en hériter.
De plus, l'attachement émotionnel à certains biens peut influencer les décisions des héritiers concernant la division ou la vente de ces biens. Une maison familiale, par exemple, peut avoir une immense valeur sentimentale, dissuadant ainsi les héritiers de la vendre, même si cela serait avantageux financièrement.
b. La place de la culture et de la religion dans le processus de succession
Je n'ai également pas abordé dans ces recherches la place de la culture et de la religion dans le processus de succession français puisqu'en France, la laïcité est un principe fondamental qui sépare l'État des institutions religieuses. Ainsi, le processus de succession est principalement déterminé par le Code Civil, indépendamment des croyances religieuses des individus. C'est la raison pour laquelle je ne me suis pas basée sur ces éléments pour rédiger ce travail.
Néanmoins, lors de la rédaction de testaments ou de la prise de décisions concernant l'héritage, les convictions personnelles peuvent toujours jouer un rôle.
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Historiquement, la France a été profondément influencée par le catholicisme, et bien que l'influence de l'Église sur les affaires sociales ait diminué au fil du temps, certaines traditions et valeurs catholiques peuvent encore influencer la perception et la gestion des successions.
Avec l'évolution de la société française et l'augmentation de l'immigration, la France est devenue un pays aux multiples cultures et religions. Chacune ayant ses propres traditions en matière de succession. Même si le droit français est prédominant, ces traditions peuvent influencer la manière dont les individus de différentes communautés abordent l'héritage.
C'est la raison pour laquelle, à mes yeux, l'utilisation ou non de la solution proposée doit rester un choix que chaque citoyen doit faire à titre personnel.
Enfin...
La succession, bien que souvent perçue comme un simple transfert de biens, est en réalité un processus complexe qui englobe de nombreuses dimensions de la société. Elle est le reflet de valeurs, de traditions et de codes qui sont propres à chaque culture. En comprenant toutes ses facettes, on peut mieux appréhender son rôle crucial au sein d'une société.
Bien qu'elle soit encadrée par des lois et des règlements, elle reste profondément influencée par des éléments intangibles qui impactent la manière dont les biens sont transmis et reçus ainsi que dans la manière dont les héritiers perçoivent et valorisent leur héritage.
Lorsqu'une personne rédige un testament ou décide de la manière dont ses biens seront distribués après son décès, ses sentiments envers ses proches influencent souvent ses décisions. L'amour, la gratitude, la culpabilité, le ressentiment ou même la fierté peuvent tous jouer un rôle dans la détermination de qui reçoit quoi.
D'autre part, les objets hérités ne sont pas seulement des biens matériels, ils portent souvent avec eux des souvenirs et des histoires. Une bague, par exemple, peut rappeler à un héritier des moments passés avec le défunt, ou une maison peut évoquer des souvenirs d'enfance. Ces objets deviennent des reliques de la mémoire, connectant les générations passées et présentes.
Ainsi, en léguant des biens, le défunt peut également transmettre des souvenirs, des traditions et des valeurs familiales. Cela peut être une manière pour eux de s'assurer que certaines histoires ou leçons de vie continuent à être partagées et valorisées par les générations futures.
En traitant de l'optimisation du processus de succession grâce à la blockchain, on ne touche pas qu'à une innovation technique, on se frotte en réalité à une complexité légale, à la question de la confiance dans le gouvernement mais aussi et surtout à la mémoire, aux sentiments, aux traditions.
Je ne sais pas si cette solution sera appliquée, néanmoins, j'espère avoir pu apporter une brique de réflexion pour faciliter cette étape incontournable pour chaque citoyen, si lourde de sentiments