8 mars 2020 - Situation de la femme dans son environnement professionnel au Maroc

En cette belle journée ensoleillée, j’ai reçu différentes marques d’attention, « Bonne fête Madame », « Bravo Madame », ou encore la fameuse rose rouge ! Merci pour toutes ces attentions mais le 8 mars n’est pas une seconde Saint Valentin. Nous ne fêtons pas l’amour. Le 8 mars n’est ni l’occasion de célébrer la parfaite ménagère, parfaite épouse, mère, en lui offrant notamment des robots ménagers, lui rappelant ainsi toute la charge mentale qui pèse sur la femme, etc.

Sans parler des campagnes publicitaires qui cultivent les rôles stéréotypés de genres ne sont pas valorisantes. Ces actions ne contribuent nullement à encourager l’élévation sociale de la femme dans notre société.

Quelle image de la femme souhaitons nous donner en 2020 à ces futures générations, notamment à nos enfants ?

Si la journée internationale des droits de la femme existe encore en 2020, c’est malheureusement pour nous rappeler à travers le monde que les droits des femmes ne sont pas acquis et qu’il y a encore du chemin à parcourir.

Il nous appartient à tous en tant qu’ambassadeurs et ambassadrices d’œuvrer pour le changement de la condition de la femme et de poursuivre le travail initié par des militant.e.s engagé.e.s qui ont fait avancer les droits des femmes depuis des années.

Soyons tous acteurs et actrices du changement et agissons pour l’égalité tous ensemble #Eachforequal.

La Journée internationale des droits de la femme reste aujourd’hui une actualité brûlante car tant que l’égalité entre les hommes et les femmes ne sera pas atteinte, nous aurons besoin de la célébrer.

Et cette égalité est loin d’être acquise. En effet, selon le rapport 2016 du Forum économique mondial sur la parité homme-femme dans le monde, l'égalité salariale notamment, pourrait devenir une réalité dans 170 ans. Qu’attendons-nous pour agir ?

Être une femme en 2020 au Maroc, qu’est-ce que cela signifie du moins dans l’environnement professionnel ? Je n’aborderai pas le statut personnel de la femme au regard notamment du Code de la Famille, car ce sujet mériterait plus de temps pour être traité. Les inégalités liées au statut personnel de la femme au Maroc persistent et ce sujet constitue un vaste chantier.

Si le principe d’égalité entre hommes et femmes au Maroc a été institué dans la constitution de 2011 dans son article 19, le principe de l’égalité reste un mythe aujourd’hui et ce à bien des égards. Malgré les différentes avancées de faire évoluer les droits de la femme par l’élaboration de lois, la réalité est tout autre.

Quelques chiffres illustrant la situation de la femme dans le monde professionnel au Maroc qui parlent d’eux-mêmes :

-         Accès à l’emploi : Selon les derniers chiffres du Haut-Commissariat au Plan, seules 19% des femmes marocaines travaillent. Et près de 80% des femmes en âge de travailler ne cherchent même pas d'emploi. Le taux d’activité des femmes est en constante régression depuis ces dix dernières années.

-Femmes PDG : 2% selon l’étude Women Matter Africa 2016 Mckinsey & Company.

-         Femmes au CODIR : 13% selon l’étude Women Matter Africa 2016 Mckinsey & Company.

-         Femmes administrateurs : Moins de 10 %.

-         Egalité salariale : Le Maroc est classé 137e à l'échelle mondiale en termes d'écart salarial entre les hommes et les femmes, selon le Global Gender Gap Report établi par le Forum économique de la Banque Mondiale (2017). Le royaume se situe vers le bas du classement, derrière d’autres pays du monde arabe comme le Qatar, le Koweït et la Tunisie. Depuis le 1er janvier 2018, l'égalité salariale entre les femmes et les hommes est devenue obligatoire en Islande, premier pays au monde à faire entrer en vigueur une loi entérinant la parité parfaite.

-         Femmes dans l'entrepreneuriat : Moins de 10 % de femmes sont entrepreneures. Ces dernières rencontrent de nombreuses embûches dans le projet entrepreneuriat (absence ou manque de financement, peu d’accompagnement, etc.).

Le potentiel de la femme reste une ressource trop peu exploitée créant ainsi des disparités importantes avec les hommes. Cette situation coûte chère au Maroc, en l’absence de politique encourageant l’accès au travail ou encore de programme de sensibilisation pour faire prendre conscience de l’enjeu économique d’une telle disparité.

La mixité professionnelle représente un enjeu économique conséquent de 30 milliards de dollars de PIB additionnel pour le Maroc à horizon 2025 (Women Matter Africa 2016 Mckinsey & Company).

La femme est ainsi un acteur clé à l’amélioration de l’environnement économique et social au Maroc. 

Devons-nous aussi forcer l’égalité en ayant une loi imposant un quota de femmes siégeant notamment dans les CODIR ou au sein des conseils d’administration comme en France avec la loi Copé-Zimmermann no 2011-103 du 27 janvier 2011 relative à la représentation équilibrée des femmes et des hommes au sein des conseils d'administration et de surveillance et à l'égalité professionnelle ?

La mixité et l’égalité professionnelle constituent des leviers de performance pour les entreprises et l’économie d’une manière générale.

La féminisation du monde du travail ne profite pas qu’aux femmes mais au pays, par la création de main d’œuvre, de richesses et d’augmentation du PIB.

Vous l’aurez compris … encore un long chemin à parcourir pour parvenir à une situation d’égalité au Maroc et dans le monde de manière générale. Et je n’ai pas abordé le statut personnel de la femme …

Soyons tous conscients de ces inégalités qui touchent les femmes au quotidien. Ces femmes, ce sont notamment vos mères, vos épouses, vos sœurs, vos filles, vos amies.

Et moi … Seulement, j’ai décidé d’agir et je refuse toute fatalité par rapport à la situation de la femme aujourd’hui. Je continuerai donc d’agir par la poursuite des différentes actions que j’ai entreprises au profit des femmes, des jeunes filles et de mes filles pour les encourager à prendre conscience de leur potentiel et de réaliser leurs rêves.

Il est temps d’agir ! Agissons tous ensemble par des actions simples en commençant par lutter contre les stéréotypes fondés sur le genre et œuvrons pour un monde plus égalitaire qui représente aujourd’hui une nécessité sociale et économique à l'échelle nationale et à l'échelle internationale.

#Eachforequal

#IWD2020