(11) C'est le Week-End!
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(11) C'est le Week-End!

Morceau choisi - No 11 – 15.07.2023

Les portes du CHU s’ouvrent devant Tanguy.

De son sac-banane, il sort le billet avec sa convocation :

Service de chirurgie bariatrique, Mardi, 4 février 2020, 10h, Suivre l’indication CB-4.1

Arrivé à la réception du bon département, Tanguy s’annonce. L’infirmière confirme son opération, puis lui indique le numéro de sa chambre.

— Chambre 4.13, monsieur Martin.

— Merci madame ! Et comment je m’y rends ?

— Vous prenez l’ascenseur jusqu’au 4ème étage, puis vous suivez les indications pour trouver la chambre 13.

— Parfait ! Encore une fois merci.

— Bonne journée, monsieur.

— À vous aussi, madame.

Une fois dans l’ascenseur, il se persuade qu’il n’est pas superstitieux et que le numéro 13 ne veut absolument rien dire. Au contraire, c’est peut-être même un nombre porte-bonheur.

Il a un quart d’heure d’avance sur le planning, donc inutile de se presser. Il se rend en chambre d’un pas léger.

Une fois dans la piaule, il trouve du matériel et des indications sur son lit. Attentivement, il prend connaissance des informations reçues et se prépare en enfilant sa blouse de patient, sa culotte jetable, sa charlotte et ses bas de contention.

Ses habits et autres affaires sont soigneusement posés ou suspendus dans l’armoire.

Il s’allonge sur le lit.

Malgré l’importance de l’opération, il ne montre aucun signe d’anxiété. Tout son être dégage un calme olympien. Après avoir envoyé un dernier message à Sara, il enferme son portable dans un petit coffre-fort prévu à cet effet, là, juste dans la table de nuit. Il a le regard serein, comme lorsque les choses se sont bien déroulées. Il a vu des spécialistes de très haut niveau, ils ont su le mettre en confiance. « Je pratique cette intervention une dizaine de fois par semaine et depuis près de dix ans », lui avait avoué le chirurgien. Aucune opération ratée dans son cursus impressionnant. Suffisant, pour que Tanguy nourrisse l’espoir d’une prolongation de son espérance de vie.

À onze heures pile, la porte s’ouvre.

Deux infirmiers, spécialisés dans le transport des patients, indiquent à Tanguy qu’ils vont l’amener dans la salle préopératoire. Il les salue et se laisse transporter durant près de cinq minutes au travers de couloirs, de portes coulissantes, d’ascenseurs et encore d’autres couloirs.

Au-dessus de lui, les néons défilent, créant presque un effet stroboscopique. Il cligne des yeux afin de savourer pleinement cet effet enivrant.

Son lit s’arrête et les infirmiers le saluent et lui souhaitent une bonne opération.

Il les remercie.

Un homme, tout de bleu vêtu, un drôle de bandana coloré sur la tête, s’adresse à lui.

— Bonjour, monsieur Martin, je suis l’anesthésiste pour votre opération.

— Bonjour, monsieur l’anesthésiste.

— Je vais poser ce masque sur votre visage et vous allez compter, dans votre tête, jusqu’à dix. D’accord ?

— Deux secondes ! C’est le gaz anesthésiant ? s’enquiert Tanguy.

— Oui ! C’est ça.

— Et ça sent mauvais ?

— Non, c’est plutôt neutre.

— Jusqu’à 10 ?

— Oui, jusqu’à 10. On y va ?

— C’est parti ! À plus !

L’anesthésiste pose le masque sur le visage de Tanguy qui ferme les yeux et commence à compter.

« Un ! »

Une nouvelle vie va bientôt s’offrir à lui.

« Deux ! »

Il remercie Sara d’être restée auprès de lui toutes ces années pendant lesquelles son poids n’a cessé de grimper.

« Trois ! »

C’était la meilleure décision à prendre.

« Quatre ! »

C’est quoi ce pays où il fait nuit à midi ?

« Cinq ! »

En décembre 2020, le pèse-personne de Tanguy affichait une perte de poids de 40 kilos. Il fêta cela avec 50 grammes de dinde en plus à Noël.

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