(16) Encore un jour à Noël !
Morceau choisi - No 16 – 24.12.2023
Après le départ de Tanguy, Jordana se rend bien compte que cette première rencontre, les oublis, leur discussion, sa propre attitude envers lui ainsi que ses pensées ont été très étranges.
Elle se tient le ventre.
— Il a réveillé une sacrée émotion en moi.
Elle secoue la tête.
— Et c’était quoi cette volonté qu’il a eue de tout effacer de sa mémoire ?
Elle soupire.
— Heureusement, il a décidé de continuer de venir me voir.
Elle sourit mélancoliquement.
— Je me sens vidée, il me manque déjà, c’est dingue.
Elle ferme les yeux.
— Mais pourquoi cette sensation ?
Elle a beau y penser et y repenser encore, sa propre mémoire est bien mitée aussi, pas autant que celle de son ami toutefois. Si, de son côté, Tanguy n’a pas envie de faire appel à des trucs, astuces ou psy pour provoquer des ressouvenirs, elle en revanche est bien plus curieuse. Elle éprouve profondément ce désir de comprendre, de découvrir pourquoi elle est aussi attachée à cet homme. Son impression première est qu’une très grande amitié les liait, mais les petites secousses qu’elle ressent dans son bas-ventre réveillent des sentiments témoins d’une connexion plus profonde, plus intime.
Elle rouvre les yeux.
— C’est vachement fort ce que je ressens là-dedans. Pourtant, si aujourd’hui je le rencontrais pour la première fois, je ne dirais pas que c’est un homme pour moi. Il ne me correspond pas vraiment.
Elle lève les yeux.
— Mais quand je parle avec lui, il m’enveloppe avec une sorte d’aura, il me fait du bien. Il a un certain charme, tout de même.
Elle hoche la tête.
— Son regard et surtout ses mots sont comme des caresses. C’est ça ! Ses expressions, sa façon de penser, de voir à l’intérieur de moi, ça me remue !
Une idée, une pensée, une envie croît dans son esprit.
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— Je dois en savoir plus, je dois comprendre. Ces sensations, je les avais avant de le revoir, ça doit venir de notre passé. Tanguy a raison, quelque chose de notre histoire a débuté dans le passé.
Elle sait déjà à qui elle peut s’adresser, mais elle aimerait se la jouer finaude.
Après de longs instants de réflexion mêlés d’hésitations, elle s’installe sur la table de massage, prend son portable et compose le numéro de son amie Flore.
Son amie de toujours, qui a bien connu Tanguy et vice-versa, pourra peut-être lui donner des indications sur leur jeunesse.
Elle appelle.
Flore décroche avec un air stressé, comme à son habitude.
— Allô ?!
— Salut Flore !
— Y a un problème pour que tu m’appelles un mardi à 11h40 ? Je dois m’inquiéter ? Il y a le feu chez toi ? Et je te préviens, j’suis encore au boulot, donc, quoi ?
— Il faudrait qu’on se voie. Ce soir, absolument ! Je t’expliquerai ce qui se passe.
— Tu as l’chic toi ! Et là j’m’inquiète encore plus ! Lâche-moi au moins un p’tit truc pour que j’puisse manger sans trop me faire d’soucis.
— Rien de grave ! Une vieille histoire d’il y a plus de 20 ans ! J’ai besoin de ta mémoire ! Alors, pendant que tu manges, commence déjà à réfléchir à ce que nous faisions quand nous avions 25 ans et aussi aux personnes que nous avons connues à cette époque-là.
— Hein ? Quoi !? C’est tout c’que tu es capable de m’donner ! C’est maigre ! C’est pas ça qui va m’nourrir l’esprit et atténuer mes inquiétudes, alors …
— Ce soir ! coupe court Jordana.
— Bon, bon ! OK ! Restaurant habituel à 19h ! Et pour la peine, c’est toi qui réserves !
— Ça joue ! Parfait ! À plus !
— Ouais, c’est ça. À plus !
Jordana passe son repas de midi et son après-midi à préparer cette rencontre au restaurant en espérant que la mémoire de Flore soit un peu plus intacte et remplie que la sienne.
Elle réserve une table.