2019 : année de tous les dangers pour la Banque Privée
2018 se termine, comme annoncé précédemment, sur un sentiment d’inachevé et une profonde frustration pour les clients investisseurs, en premier lieu ceux des banques privées. L’ensemble des classes d’actifs a marqué le pas, certaines se sont franchement effondrées au cours des derniers mois, d’autres sont tout juste parvenues à se maintenir. Peu ont crû de façon très satisfaisante. Et se mettre en cash fut certainement le meilleur placement de 2018 ! Merci #jeanfrançoisbay pour ce triste mais efficace rappel hier.
Pour la gestion privée, le bilan est au diapason de cette frustration : frustration d’avoir vu venir mais d’être globalement resté investi, frustration de savoir que décidément la gestion est de moins en moins une science exacte, surtout lorsqu’un tweet venant du Bureau Ovale peut inverser une tendance à tout moment, ou lorsque la géopolitique à l’heure de la mondialisation devient la principale boussole des marchés financiers. Frustration d’avoir trop cédé aux injonctions demandant toujours plus d’UC dans les contrats…
Sur cette (mauvaise) lancée, le début d’année 2019 promet des moments très compliqués pour la banque privée et son écosystème, banquiers privés, clients, management… :
- La performance des portefeuilles aura été négative sur 2018, ou très faiblement positive pour les meilleurs gérants. Il va donc falloir savoir expliquer aux clients ce mauvais rendement sans pour autant être capable de dessiner de nouvelles tendances car il y en a peu en ce début d’année ! Quelles classes d’actifs seront à privilégier ? La réponse n’a jamais autant ressemblé à un pari risqué qu’en cette période, et aucun banquier n’osera annoncer avec certitude à ses clients désemparés les actifs désormais à privilégier sur 2019. Piloter dans le brouillard est un exercice difficile, et tenter de faire croire aux passagers que la route est claire, bien davantage !
- La gestion de la négociation tarifaire avec les clients : outre ces mauvaises performances, les banques privées vont dévoiler leur tarification réelle, c’est à dire les montants exacts prélevés sur les comptes de leurs clients pour assurer l’ensemble des services, du plus quotidien à la gestion la plus élaborée. Ces frais qui vont apparaître dès janvier en toutes lettres et tous chiffres vont très certainement affecter certains clients dans leur relation avec leur établissement ... Non seulement ils vont se rendre compte du montant réel pris depuis des années par leur banque (et se dire qu’ils auraient sans doute mieux fait de s’acheter un studio ou une résidence secondaire à la place !), mais ils vont aussi comparer ces frais avec la valeur ajoutée ressentie. C’est là que les banquiers vont devoir chèrement défendre leurs interventions, leurs pratiques et leurs conseils ... et souvent la rétrocession, l’exonération ou l’abaissement des conditions tarifaires seront leur argument ultime pour que le client demeure dans l’établissement.
- Pour le Management, outre la gestion d’un exercice 2019 compliqué de ces points de vue après un atterrissage 2018 fatalement décevant, il s’agira de maintenir l‘engagement et la motivation des collaborateurs, rincés par les expressions légitimes de frustration des clients et par l’agacement profond lié aux mesures réglementaires de conformité. Il s’agit donc, ni plus ni moins, que de préparer la ré-invention et le ré-enchantement de la banque privée... un vrai défi !
Des idées existent, des méthodes peuvent être adoptées, des investissements devront être consentis, des introspections ou des remises en cause parfois douloureuses seront nécessaires ! Fort de ces choix nouveaux, ce monde continuera d’exister pour celles et ceux qui sauront proposer autre chose qu’une simple allocation d’actifs trop souvent défaillante ! Nous pouvons en discuter bien entendu …
Co-fondateur & Conseil en Gestion de Patrimoine chez Head Patrimoine
5 ansJe ne partage pas votre point de vue. Certes, l’année 2018 a été compliquée sur les marchés et il sera difficile de faire entendre raison aux clients des différentes Banques Privées; pour autant, charge aux Banquiers Privée de faire réaliser aux clients que c’est peut-être le moment opportun pour (ré)investir. Vous connaissez sans doute l’adage : « tant qu’on a pas vendu, on a pas perdu. » Par ailleurs, les zones sombres actuellement sur les marchés concernent l’Italie (qui a revu sa position face à la commission européenne et qui fera une proposition bien plus décente que la précédente à cette dernière), la relation sino américaine qui tend à s’améliorer pour plusieurs raisons ainsi que le Brexit qui inquiète en cas de « No deal » mais Theresa May fera tout ce qu’elle peut afin de convaincre ses concitoyens d’accepter le deal négocié avec l’UE. Je reste persuadé que l’année 2019 ne sera pas autant cataclysmique que certains le prétendent. En attendant, wait & see. A bon entendeur, Raphaël.
Chargé de clientéle Particuliers chez Caisse Régionale du Crédit Mutuel du Centre
5 ansMalheureusement cet article ne concerne pas que les banques privées, nous serons aussi concerné dans la banque de détail... L'investissement immobilier peut être effectivement une bonne orientation, néanmoins nous ne sommes pas non plus dans une démarche sans risque avec la bulle immobilière ... Il faudra bien choisir les villes d'investissement ou des appartements a fonction comme les concepts pour retraités.
Gestion privée
5 ansTrès bonne synthèse. Toutefois, n'est ce pas dans ce type de configurations qu'un interlocuteur physique a l'écoute des besoins de ses clients et de leur aversion au risque leur aura fait prendre les bonnes dispositions aussi bien patrimoniales que financières ? Il ne fallait pas être grand clerc fin 2017 alors que le consensus était euphorique pour anticiper un retournement des marchés en prévision notamment de la fin de récréation sifflée par les banques centrales. Je persiste à penser qu'aucun robot n'est a ce jour capable d'intégrer la psychologie des clients face a la complexité des marchés. Le rôle du banquier privé prend d'autant plus de sens dans des marchés/conjonctures anxiogènes. Si son conseil n'a pas été limité a de l'allocation d'actifs mais a une vraie approche holistique, il gardera autant de sujets d'échange de long terme avec ses clients sans que les perturbations financières de court terme, en partie semble t-il, liées justement à l inflation de robots et autres algorithmes ne deviennent le sujet central des préoccupations. Quant aux frais, quelles autres sociétés privées détaillent a leurs clients l'ensemble de leurs marges? L'exercice pourrait intéressant dans un grand nombre de domaines extra bancaires..
Responsable du développement RH
5 ansbel article. Merci Vincent !
Je conçois des solutions technologiques et méthodologiques pour optimiser la performance des investissements financiers en maîtrise continue de leurs risques. Activités de conseils en B2B et B2B2C.
5 ansPour la Banque Privée aussi, des solutions existent pour vous aider à maîtriser le risque des marchés au bénéfice de vos clients ! Allez voir nos expertises : www.frn.fr, opérationnelle depuis fin 2005, a confirmé sa pertinence en 2007-2008, 2011, 2015 et 2018 en équipant les pros d'outils ; www.winoom.com, lancée en septembre dernier, installe un détecteur de risque et une alerte sur l'épargne financière des épargnants exposée aux marchés. A votre disposition pour 2019 !